Les immunothérapies utilisant des anticorps monoclonaux antagonistes de récepteurs de co-inhibition des lymphocytes T (checkpoint blockers) révolutionnent depuis 10 ans la cancérologie. Ils ont permis des gains significatifs en survie globale dans de nombreux cancers et font parler de guérison pour certains patients atteints de cancers métastatiques jusqu’alors incurables. De plus, ils changent de manière radicale notre compréhension de la maladie cancéreuse en démontrant qu’elle peut être considérée comme une maladie dysimmunitaire. Cependant, ces premières générations d’immunothérapies ne sont pas efficaces chez tous les patients. Un enjeu de taille est donc de mieux comprendre le mécanisme d’action de ces traitements afin de lever les résistances à leur efficacité. Plusieurs approches thérapeutiques sont en cours pour tenter de rendre ces traitements plus efficaces. L’une d’entre elles consiste à essayer de rendre les tumeurs plus visibles pour le système immunitaire ou « immunogènes ». L’immunothérapie intratumorale est une de ces stratégies émergentes qui vise à utiliser la tumeur comme son propre vaccin en injectant directement dans la tumeur des thérapies immunostimulantes. Analyser plus finement les sous-populations immunitaires des cancers, leur phénotype et leur évolution dans le temps permettra de mieux comprendre les voies de tolérance immunologique en jeu et d’imaginer des combinaisons thérapeutiques rationnelles, voire personnalisées. Le développement de telles approches soulève de nouveaux défis en recherche clinique et translationnelle.

Aurélien Marabelle, laboratoire de recherche translationnelle en immunothérapie, institut Gustave-Roussy, Villejuif

12 janvier 2021