La pose de vernis semi-permanents – qui implique l’utilisation de lampes à UV pour la fixation – est de plus en plus répandue depuis quelques années. L’Académie nationale de médecine met en garde contre les risques de cette pratique, cancérogènes mais pas seulement. Que dire aux patientes ?

Le marché de l’onglerie est en plein essor et devrait atteindre une valeur de 13 milliards d’euros en 2024, au niveau mondial. Parmi ses différents services, la manucure avec vernis semi-permanent est très populaire, car elle a l’avantage de durer longtemps (2 à 3 semaines). Or pour sécher et fixer les différentes couches de ce vernis, une lampe combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) est utilisée : ces lampes émettent donc des rayons UVA, qui pénètrent profondément dans la peau et favorisent son vieillissement, et dont le rôle cancérogène est connu (classés comme cancérogène du groupe 1 par le Centre international de recherche sur le cancer).

Quelles sont les données ?

Récemment, une revue de la littérature sur les effets secondaires induits par les vernis semi-permanents a été publiée. Elle en recensait trois types (tous les cas concernaient des femmes) :

  • réactions cutanées allergiques (62 cas) ;
  • atteintes mécaniques des ongles (23 cas) ;
  • cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit (3 cas).

Le rôle favorisant de ces lampes UV « à ongles » dans l’induction de ces cancers cutanés est évoqué depuis 2009. En effet, la particularité des UVA est d’induire toujours le même type de mutations ; ainsi, leur identification dans les cellules des cancers de la peau constitue une sorte de signature. Dans une étude expérimentale récente publiée dans Nature, trois types de cellules de la peau (fibroblastes embryonnaires de souris, fibroblastes et kératinocytes humains) ont été exposées aux radiations UVA émises par ces lampes « à ongles », résultant dans des mutations typiques des UVA. Ces résultats ont apporté des preuves sur le risque cancérogène de l’usage de ces lampes.

Que dire aux patientes ?

Selon l’Académie de médecine, le risque lié à l’usage des vernis à ongle semi-permanents semble avant tout lié à trois facteurs :

  • l’âge jeune de début d’utilisation (en moyenne 20 ans) ;
  • la fréquence rapprochée des expositions (moyenne de 5 à 6 fois par an, voire plus avec le développement des lampes utilisables à domicile) ;
  • l’exposition prolongée, durant plusieurs années.

L’effet cumulatif des expositions aux UVA représente le risque majeur. Il peut être aggravé par le terrain (peau claire, immunodépression).

L’Académie recommande l’application d’une crème solaire avec une protection UVA indiquée, environ 20 minutes avant l’exposition des mains aux lampes UV/LED.

Par ailleurs, elle préconise aux autorités :

  • d’établir un recensement du nombre d’appareils UV/LED vendus chaque année, afin de pouvoir estimer l’évolution du marché, et de joindre obligatoirement à chaque lampe achetée un message écrit d’alerte et de recommandations ;
  • de développer des campagnes d’information pour le grand public et les professionnels concernés, soulignant le risque lié à une application continue des vernis semi-permanents dans l’année, en particulier chez les personnes de phototype clair ;

Elle appelle enfin à la réalisation d’études épidémiologiques permettant d’évaluer le risque de carcinome cutané induit par l’exposition répétée à ce type d’irradiations sur une longue durée.

Pour en savoir plus
Académie nationale de médecine. Des ongles « brillants », mais pas sans risque !  28 avril 2023.

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