Pour Agnès Buzyn,1 le vieillissement et la perte d’autonomie qu’il engendre parfois sont des préoccupations universelles et intimes. Universelles car ce défi démographique et sociétal s’impose à nous – de façon de plus en plus prégnante – avec, d’ici 2050, un triplement du nombre de personnes de plus de 85 ans (soit près de 5 millions) et le doublement de celles en perte d’autonomie (plus de 2 millions). Intimes car nous risquons tous d‘y être confrontés un jour, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un proche.
Afin de porter un nouveau regard sur le grand âge, le gouvernement souhaite une grande loi consacrée à la dépendance. Elle s’appuierait sur les 175 propositions issues de la vaste concertation nationale2 qui a recueilli 415 000 contributions, pour « passer de la gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie » avec 3 priorités : la revalorisation des métiers du grand âge dont l’attractivité doit être accrue ; le renforcement de la qualité des prises en charge et de la prévention aussi bien en institution qu’en ambulatoire ; enfin, la baisse du reste à charge.
Face à la perte d’autonomie, la réponse prioritaire est très certainement la bientraitance. Cela nécessite pour les métiers du grand âge, temps, compétences et reconnaissance. Le rapport suggère une hausse de 25 % du taux d’encadrement des personnels en EHPAD, soit 80 000 agents supplémentaires d’ici 2024, une amélioration de leurs formations et des perspectives de carrière attrayantes.
Une autre priorité est de rompre l’isolement des personnes âgées mais aussi de leurs familles et bien sûr de leurs aidants naturels. Décloisonner les structures, faire mieux collaborer ambulatoire et institutions amélioreraient certainement le service rendu et fluidifieraient les parcours. La création d’un guichet unique dans chaque département sous la forme de Maisons des aînés et des aidants simplifierait les démarches et permettrait de mieux se connaître, partager les expériences, trouver plus facilement du soutien et proposer des actions de prévention de la perte d’autonomie.
Le rapport suggère aussi de diminuer le reste à charge pour les plus modestes car, malgré les aides financières actuelles, les prix de pension des EHPAD (1 800 euros par mois en moyenne) restent encore un frein important pour de nombreuses familles.
Mais mieux rémunérer les personnels, restructurer et améliorer les structures d’accueil, diminuer le reste à charge ont un coût non négligeable. Ainsi, les dépenses publiques consacrées au grand âge pourraient atteindre 6,2 milliards d’euros en 2024 et 9,2 milliards en 2030, soit 1,6 % du PIB, une hausse de 35 % par rapport à 2018 ! Comment les financer ? À partir de 2024, date d’extinction de la dette sociale, ne pas supprimer la CRDS mais la rediriger sur l’aide à l’indépendance ; avant 2024, utiliser les excédents de la sécu (l’Assurance maladie reste déficitaire, mais pas les autres branches).
Vieillir n’est pas permis à tous, c’est une chance à la condition de garder sa dignité ! La question n’est pas nouvelle. Il y a une quarantaine d’années, un des tout premiers séminaires nationaux proposé aux généralistes avait pour thème « Vivre vieux, vivre mieux ! » Depuis, nos décideurs ont proposé des solutions mais pas de réponse globale alors qu’une réforme profonde semble nécessaire. La loi souhaitée par notre ministre en a l’ambition, le rapport Libault lui en fournit les arguments… Présentation en Conseil des ministres cet automne.
Afin de porter un nouveau regard sur le grand âge, le gouvernement souhaite une grande loi consacrée à la dépendance. Elle s’appuierait sur les 175 propositions issues de la vaste concertation nationale2 qui a recueilli 415 000 contributions, pour « passer de la gestion de la dépendance au soutien à l’autonomie » avec 3 priorités : la revalorisation des métiers du grand âge dont l’attractivité doit être accrue ; le renforcement de la qualité des prises en charge et de la prévention aussi bien en institution qu’en ambulatoire ; enfin, la baisse du reste à charge.
Face à la perte d’autonomie, la réponse prioritaire est très certainement la bientraitance. Cela nécessite pour les métiers du grand âge, temps, compétences et reconnaissance. Le rapport suggère une hausse de 25 % du taux d’encadrement des personnels en EHPAD, soit 80 000 agents supplémentaires d’ici 2024, une amélioration de leurs formations et des perspectives de carrière attrayantes.
Une autre priorité est de rompre l’isolement des personnes âgées mais aussi de leurs familles et bien sûr de leurs aidants naturels. Décloisonner les structures, faire mieux collaborer ambulatoire et institutions amélioreraient certainement le service rendu et fluidifieraient les parcours. La création d’un guichet unique dans chaque département sous la forme de Maisons des aînés et des aidants simplifierait les démarches et permettrait de mieux se connaître, partager les expériences, trouver plus facilement du soutien et proposer des actions de prévention de la perte d’autonomie.
Le rapport suggère aussi de diminuer le reste à charge pour les plus modestes car, malgré les aides financières actuelles, les prix de pension des EHPAD (1 800 euros par mois en moyenne) restent encore un frein important pour de nombreuses familles.
Mais mieux rémunérer les personnels, restructurer et améliorer les structures d’accueil, diminuer le reste à charge ont un coût non négligeable. Ainsi, les dépenses publiques consacrées au grand âge pourraient atteindre 6,2 milliards d’euros en 2024 et 9,2 milliards en 2030, soit 1,6 % du PIB, une hausse de 35 % par rapport à 2018 ! Comment les financer ? À partir de 2024, date d’extinction de la dette sociale, ne pas supprimer la CRDS mais la rediriger sur l’aide à l’indépendance ; avant 2024, utiliser les excédents de la sécu (l’Assurance maladie reste déficitaire, mais pas les autres branches).
Vieillir n’est pas permis à tous, c’est une chance à la condition de garder sa dignité ! La question n’est pas nouvelle. Il y a une quarantaine d’années, un des tout premiers séminaires nationaux proposé aux généralistes avait pour thème « Vivre vieux, vivre mieux ! » Depuis, nos décideurs ont proposé des solutions mais pas de réponse globale alors qu’une réforme profonde semble nécessaire. La loi souhaitée par notre ministre en a l’ambition, le rapport Libault lui en fournit les arguments… Présentation en Conseil des ministres cet automne.
1. Discours du 28 mars 2019. https://bit.ly/2I6RVHx
2. Rapport Libault. Grand âge, le temps d’agir. Mars 2019. https://bit.ly/2WA4qiR
2. Rapport Libault. Grand âge, le temps d’agir. Mars 2019. https://bit.ly/2WA4qiR