Avec la propagation rapide du variant omicron, très contagieux, la question de la ventilation des cabinets médicaux en période hivernale est plus que d’actualité. Combien de fois ouvrir ses fenêtres ? Et s’il n’y a pas de fenêtre dans le bureau ou la salle d’attente ? Comment savoir si la ventilation de son cabinet est suffisante ? Un texte court et très pratique pour vous éclairer.

 

Imagineriez-vous vous laver avec l’eau sale de vos voisins ou dans une eau stagnante ? Probablement pas…

L’air sain ne se remarque pas, c’est son absence de renouvellement qui entraîne des risques pour la santé humaine avec stagnation des toxiques allergènes et polluants mais aussi le développement de contaminants dont les moisissures, les levures, les bactéries et virus (rougeole, grippe, Covid…).

Quelques notions utiles

Concernant la ventilation humaine :

Celle-ci est en sens alterné en 2 temps :

– une phase d’inspiration, le diaphragme se contracte et descend,

– suivie une phase d’expiration, le diaphragme se détend et remonte.

Figure 1

Dans un local, il y a un sens de circulation de l’air :

– une entrée (d’air neuf = air provenant de l’extérieur) d’un côté ;

– une extraction (de l’air vicié) de l’autre côté.

Un flux se crée, l’air transite entre ces 2 ouvertures. La VMC (ventilation mécanique contrôlée) peut créer ce mouvement, tel le diaphragme et les poumons.

Le plus souvent dans les habitations, la VMC est une VMC simple flux c’est à dire un seul ventilateur qui se charge d’extraire l’air vicié vers l’extérieur. Ce mouvement d’air entraîne indirectement de l’air neuf (provenant de l’extérieur) vers l’intérieur du local via les entrées d’air prévues à cet effet.

Figure 2

Afin de bien renouveler l’air et balayer l’ensemble de la pièce, il est préférable de placer l’entrée d’air et l’extraction à des points diamétralement opposés.

Figure 3

Le flux d’air règlementaire dans un cabinet médical est de 25 m3/h par personne (article R4222-6 du Code du travail). Si l’on suppose qu’un cabinet peut recevoir 2 personnes en plus du médecin, le renouvellement d’air neuf doit être de 75 m3/h (3 x 25 m3/h).

Dans la salle d’attente le débit règlementaire est de 18 m3/h/personne (Règlement sanitaire départemental [RSDT], p.61). Une salle d’attente pouvant par exemple recevoir 8 personnes nécessite une entrée d’air neuf de 144 m3/h (8 x 18 m3/h).

Que se passe-t-il s’il n’y a pas de fenêtre dans le bureau ou la salle d’attente ?

Il est impératif d’avoir une entrée d’air neuf. Dans certains cas, si le local n’a aucun mur donnant sur l’extérieur l’air neuf peut être acheminé via des gaines. Pour mieux contrôler et diriger le flux, utiliser un ventilateur d’insufflation peut être nécessaire.

Cette méthode, utilisée dans les blocs opératoires, permet non seulement de contrôler le renouvellement de l’air suffisant et à bonne température, mais aussi de filtrer les petites particules.

Dans mon cabinet, comment puis-je vérifier que la ventilation est suffisante ?

Un peu comme dans les poumons, lorsque nous ventilons mal, le taux de CO2 augmente.

Un bon indicateur du taux de renouvellement de l’air, c’est donc le taux de CO2. En extérieur, il est de 400 ppm. Le RSDT indique que dans les locaux il doit être inférieur à 1 000 ppm.

En cette période de pandémie de Covid, la recommandation du Haut Conseil de la santé publique du 28 avril 2021 est : « Une concentration en CO2 supérieure à un seuil de 800 ppm doit conduire dans tous les cas à ne pas occuper la salle et à agir en termes d’aération/renouvellement d’air et/ou de réduction du nombre de personnes admises dans les locaux d’un établissement recevant du public (ERP). »

Voir : HCSP. Covid-19 : aération, ventilation et mesure du CO2 dans les ERP. 3 mai 2021.

Il existe de petits appareils permettant de mesurer ces taux de CO2 à partir de 50 euros. La technologie recommandée est NDIR (capteur infra-rouge non dispersif). Voir : Décret n° 2012-14 du 5 janvier 2012 article 8.

Par Louise Delenclos, médecin généraliste, et Olivier Jung, docteur en thermique énergétique spécialisé en physique du bâtiment.

Pour aller plus loin :

Ministère des solidarités et de la santé. Maîtrise de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public (ERP), dans le contexte de l’épidémie de Covid-19. 21 mai 2021.