Alors que la convention citoyenne sur la fin de vie a rendu ses conclusions, en avril 2023, en faveur d’une légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, et tandis que nous sommes en attente des décisions du pouvoir exécutif, François Blot propose un ouvrage passionnant posant les bases du débat.
Après des précisions lexicales bienvenues, le médecin-réanimateur et président du comité d’éthique de l’institut Gustave-Roussy décrit, dans une première partie, les arguments pour et contre la légalisation de l’aide active à mourir. Les partisans de l’un (75,6 % des participants à la convention citoyenne souhaitaient la légalisation) ou de l’autre camp (une majorité de soignants se prononce contre) mettent ainsi de côté leurs certitudes et s’intéressent aux arguments opposés.
La deuxième partie de l’essai, plus analytique, s’interroge sur la sémantique, les principes éthiques mis en jeu, la place des soins palliatifs, le risque de la tentation du paternalisme et celui du progrès, le rôle que joueraient les soignants si l’aide active à mourir était actée, la différence prégnante pour le patient entre refus de la mort et refus de l’agonie, et les renoncements qu’implique le choix du pour ou du contre.
Il est juste de se poser la question de savoir si le cadre actuel prend en compte toutes les situations de fin de vie. Mais la réponse à donner est-elle vraiment binaire ? Une fois établie la nécessité de renforcer les ressources en soins palliatifs, le parti des pour ou des contre la légalisation de l’aide médicale à mourir peut-il être rallié sans équivoque ? Est-ce qu’il ne s’agit pas surtout, comme les soignants ont pour habitude de le faire, d’écouter l’angoisse exprimée par leurs patients ou futurs patients ?
François Blot conclut que « ne rien décider, c’est aussi décider ». Il suggère ainsi que la solution se dessine sur « un chemin de crête qui gardera à la France son visage à la fois humaniste, solidaire et lucidement moderne. Ni maintien en l’état d’une situation devenue insoutenable ; ni libéralisation mécanique suivie de pseudo-contrôles tardifs et a posteriori »… K. D.
Une question, un commentaire ?