Dans cet ouvrage récemment édité par Les Belles Lettres, Véronique Boudon-Millot, professeure à l’université Paris-Sorbonne et directrice du laboratoire Médecine grecque au CNRS, propose un éclairage sur la vision antique du vieillissement.

L’analyse croisée des regards des philosophes et des médecins grecs et romains se décline ainsi en dix chapitres : grands mythes, analyse du champ lexical pour parler du vieillir, apparence (où l’on apprend que la calvitie était attribuée à une tête trop sèche et trop chaude, selon Galien), conceptions physiologiques (modèle antique universel du refroidissement, rôles de la sécheresse et de l’humidité en opposition), influence de l’environnement (Aristote notait  : « Les êtres trop gras vieillissent vite »), art de la gérocomie qui « traite du régime le plus apte à conserver au vieillard la santé la meilleure possible », portraits de vieillards… L’auteure conclut par la première traduction du livre V du traité Sur la santé de Galien de Pergame, datant du IIe siècle de notre ère.

Nos ancêtres médecins ne considéraient pas la vieillesse comme une maladie. Ils cherchaient davantage à comprendre leurs « vieux »  – sans les opposer aux plus jeunes – qu’à maîtriser cette ultime étape de l’existence. Galien distingue ainsi « d’un côté un marasme sec et froid qui peut être soit naturel et physiologique dans le cas de la vieillesse, soit pathologique dans le cas de l’affection appelée vieillesse par maladie ; et de l’autre un marasme sec et chaud qui, lui, est toujours pathologique, causé par la fièvre, et plus ou moins curable selon le type de fièvres qui l’a entraîné ».

La modernité de la pensée antique subjugue et, terminant ce formidable livre, le lecteur prendra certainement du recul sur les injonctions actuelles et culpabilisantes du « bien vieillir ».

K. D.