La diabétologie a connu ces 15 dernières années de véritables bouleversements. Bouleversements liés au meilleurs pronostic coronariens des patients dus en partie à l’approche multicible de la stratégie thérapeutique : améliorer le contrôle glycémique, améliorer le contrôle tensionnel par des bloqueurs du système rénine-angiotensine, améliorer le profil lipidique par des statines avec un seuil de LDL-cholestérol recommandé de plus en plus bas, antiagrégants plaquettaires… Bouleversements liés à l’avènement de nouveaux médicaments hypoglycémiants qui ont démontré des effets bénéfiques inattendus sur le plan cardiovasculaire et rénal dont certains peuvent être désormais prescrits en dehors du diabète ! Bouleversements liés aux nouvelles technologies avec la mesure continue du glucose, la perfusion sous-cutanée d’insuline par pompe connectée à la mesure continue du glucose par un algorithme permettant l’administration d’insuline automatisée, et les stylos injecteurs d’insuline connectés. Ces nouvelles technologies sont connectées et ont généré un bouleversement de la diabétologie en ouvrant le champ du « numérique » dans la prise en charge du contrôle glycémique.
Parallèlement, d’autres comorbidités du diabète ont émergé telles que l’insuffisance cardiaque non ischémique, l’hépatite métabolique qui fait le lit de la cirrhose et du cancer du foie, les troubles cognitifs et la démence… alors que nous devons toujours faire face aux troubles trophiques des pieds et à l’insuffisance rénale sévère. Bref, le paysage du diabète a changé. Il s’est complexifié et il nécessite plus que jamais une approche multidisciplinaire avec des liens rapprochés entre médecins de famille, cardiologues, néphrologues, hépatologues, diabétologues… et une stratégie thérapeutique personnalisée, tenant compte des comorbidités et dont la décision doit être partagée avec le patient.
Ce supplément de La Revue du Praticien est orienté sur les nouvelles technologies. Le Dr Bruno Vermesse nous rappelle que le médecin de famille reste au centre de la prise en charge du diabète. D’ailleurs, la majorité des personnes vivant avec un diabète sont pris en charge pour cette maladie par leur médecin généraliste. L’extension du remboursement de la mesure continue du glucose aux patients diabétiques de type 2 à partir d'une piqûre d’insuline basale nécessite que les critères d’évaluation du bon contrôle glycémique soient maîtrisés en médecine générale. Le Pr Bruno Guerci nous fait voyager autour de l’autosurveillance glycémique depuis ses débuts jusqu’à l’avènement de la mesure du glucose interstitiel en continu avec les nouveaux critères du bon contrôle glycémique qui en découlent. Dans l’article du Pr Gaëtan Prévost, nous verrons comment interpréter en pratique les résultats de la mesure continue du glucose. Pour terminer, le Pr Michael Joubert nous montre comment ces nouvelles technologies ont permis la mutation digitale de la diabétologie et vont bouleverser la pratique de la diabétologie.
Très bonne lecture !