La migration de ce tissu endométrial par les trompes et sa persistance en dehors de la cavité utérine résultent de l’action combinée de facteurs liés aux menstruations, de facteurs génétiques et environnementaux.
Responsable de douleurs chroniques et/ou d’infertilité, l’endométriose a un retentissement important sur la qualité de vie.
Cette pathologie concerne 10 % des femmes, soit près de 2 millions de personnes en France, c’est un enjeu majeur de santé publique.
Différentes formes d’endométriose selon la localisation
– l’endométriose superficielle dite péritonéale ;
– l’endométriose profonde (les lésions peuvent concerner les ligaments utéro-sacrés, les organes comme la vessie, l’uretère, le tube digestif, le diaphragme) ;
– l’endométriose ovarienne (présence d’un ou plusieurs kystes ovariens appelés endométriomes, mesurant de quelques millimètres à plusieurs centimètres).
L’endométriose est différente de l’adénomyose, présence de muqueuse utérine ayant migré dans le myomètre, entraînant une inflammation utérine. Aussi appelée « endométriose interne », elle peut être associée aux différentes formes d’endométriose.
L’endométriose est une maladie de la femme jeune : chez 63 % des femmes, les premiers symptômes apparaissent avant l’âge de 30 ans, et parfois dès l’adolescence.
Des facteurs de risque peuvent être retrouvés :
– premières règles précoces, avant l’âge de 11 ans ;
– règles abondantes et/ou longues de plus de six jours ;
– cycles courts de moins de vingt-cinq jours ;
– indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 22 kg/m2 ;
– antécédent familial direct, qui multiplie par cinq le risque d’endométriose.
Symptômes variables et non spécifiques
Dysménorrhée intense
Dyspareunie profonde
Dyschésie pendant les menstruations
Dysurie pendant les menstruations
Douleurs pelviennes chroniques, douleurs neuropathiques
Elles peuvent être associées à des troubles digestifs : ballonnement abdominal important et maximal en période de règles, rectorragies, symptômes d’hypersensibilisation douloureuse comme un syndrome de la vessie douloureuse, un syndrome urétral, une vulvodynie, un syndrome de l’intestin irritable.
Ces douleurs provoquent une fatigue chronique et des répercussions sur la santé psychique et la vie socioprofessionnelle.
Troubles psychologiques
L’absentéisme scolaire à l’adolescence, puis l’absence au travail dans la vie professionnelle, induisent une perte de motivation et une perturbation progressive des relations sociales.
Hypofertilité ou infertilité très fréquente
La préservation de la fertilité par cryoconservation ovocytaire doit être proposée et est prise en charge en cas d’atteinte ovarienne avec risque d’altération quantitative du stock folliculaire en cas d’endométriomes récidivants, d’endométriomes bilatéraux quel que soit leur volume, ou d’endométriomes unilatéraux volumineux (≥ 5 cm).1
Diagnostic d’endométriose
Examen gynécologique
Échographie pelvienne
L’absence de lésion visible n’élimine pas le diagnostic.
Imagerie par résonance magnétique du pelvis
Tests salivaires
Prise en charge pluridisciplinaire et intégrative
Traitements médicaux prescrits dès le diagnostic
La prescription d’un contraceptif hormonal, estroprogestatif ou microprogestatif, a pour but de diminuer les douleurs, de limiter la prolifération des lésions d’endométriose en diminuant les sécrétions d’estrogènes et en bloquant l’ovulation. Il est administré en continu pour rechercher le bénéfice d’une absence d’hémorragies de privation.
Le diénogest, un progestatif remboursé depuis 2020, est indiqué en cas de douleurs d’endométriose ; il diminue le volume des lésions.
Le dispositif intra-utérin progestatif au lévonorgestrel 52 mg fait partie également des traitements recommandés en première intention, permettant une diminution des douleurs et, pour certaines femmes, induisant une aménorrhée.
Le choix du traitement est fait en concertation avec la patiente et tient compte des traitements antérieurs éventuels et de l’impact global de l’endométriose sur la qualité de vie au quotidien. Parmi les questionnaires de qualité de vie chez la femme souffrant d’endométriose, le questionnaire Endometriosis Health Profile 5 (EHP5) a été validé dans sa traduction française et aide à la prise en charge globale de la patiente (
Une indication chirurgicale peut être discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) d’endométriose en cas d’infertilité et/ou d’inefficacité des traitements médicaux.
Traitements non médicamenteux
Pratique du yoga
Un essai randomisé sur la pratique du yoga pendant deux mois à raison de deux séances de quatre-vingt-dix minutes par semaine a montré une amélioration significative de la qualité de vie renseignée par un questionnaire validé : un meilleur bien-être psychique, une amélioration de l’estime de soi, une diminution de la sensation d’impuissance et, sur l’échelle numérique, une diminution de la douleur pelvienne chronique par rapport à un groupe de femmes sans programme de yoga.6Neurostimulation transcutanée
La neurostimulation transcutanée ou TENS (transcutaneous electrical nerve stimulator) a été étudiée en cas de dysménorrhée primaire mais pas spécifiquement chez les femmes souffrant d’endométriose. Elle est proposée pour son effet antalgique, sa mobilisation du système musculo-ligamentaire et son action anti-inflammatoire.1,2Rôle bénéfique de l’activité physique et sportive
Une méta-analyse sur la pratique d’APS et son effet sur la dysménorrhée essentielle, regroupant les données de dix études concernant 754 femmes ayant une pratique de quarante-cinq à soixante minutes par jour, trois fois par semaine, conclut que l’APS permet une réduction significative de la dysménorrhée sur l’échelle visuelle analogique de la douleur.10
Bases biologiques connues
Elles ont été mises en évidence dans les pathologies chroniques telles que les maladies inflammatoires du tube digestif, le diabète de type 2, les cancers du côlon, du sein et de la prostate.La présence des implants ectopiques d’endométriose entraîne une inflammation locorégionale du pelvis, un stress oxydatif majoré, s’accompagnant d’une augmentation locale des médiateurs de l’inflammation comme les prostaglandines PGE2 dont la concentration est dix fois plus importante dans le liquide péritonéal des femmes souffrant d’endométriose. Les terminaisons nerveuses sensorielles stimulées entretiennent elles-mêmes l’inflammation par la libération de peptides comme la substance P, le TNF α, l’interleukine 6 et des facteurs de croissance comme le VGEF (vascular endothelial growth factor), le NGF (nerve growth factor) ; ces modifications ont une répercussion sur le pelvis avec une perte de mobilité des ligaments et d’élasticité des tissus, source de douleurs chroniques.
L’activité physique, définie par tout mouvement produit par le muscle squelettique et occasionnant une dépense d’énergie supérieure à celle au repos, provoque une sécrétion de myokines libérées lors de la contraction musculaire, dont la cinétique a été bien étudiée. En particulier, la cinétique de sécrétion de l’interleukine 6 peut avoir deux rôles : pro-inflammatoire et anti-inflammatoire. Sécrétée par le muscle en réponse à l’exercice, elle induit un relais par l’interleukine 10 qui joue un rôle anti-inflammatoire par diminution du TNF α, de l’interleukine 1 et des peptides inflammatoires. Cette cascade de réactions explique le rôle anti-inflammatoire de l’activité physique.11
L’activité physique peut également agir en diminuant l’œstrogène biodisponible. Elle augmente le taux de transporteur de la globuline liant les hormones sexuelles (SHBP, pour sex hormon-binding protein) et diminue l’insulinorésistance. De plus, l’activité physique régulière s’accompagne d’une diminution du taux des adipokines qui jouent un rôle dans la prolifération cellulaire et l’inflammation.
Éviter le déconditionnement physique
Cependant, Fourquet et Sachs ont montré une diminution des activités physiques et sportives pour plus de la moitié des femmes souffrant d’endométriose, avec un impact sur leur vie quotidienne.12,13 C’est souligner l’importance d’éviter le déconditionnement physique chez ces patientes en instaurant pour les moins actives un programme d’activité physique adapté.Quelle pratique de l’activité physique et sportive ?
Après une évaluation médicale de la condition physique, du niveau de sédentarité, de la motivation et des freins à la pratique, un programme d’activités physiques et sportives peut être proposé.14Chez la patiente devenue asymptomatique, toute activité physique et sportive est possible en limitant, lors des menstruations, les activités à fort impact au sol si elles déclenchent des douleurs pelviennes.
Chez la patiente sous thérapeutique médicamenteuse, l’importance d’une pratique régulière en endurance, comme la marche rapide pendant douze mois, a été rapportée pour diminuer la douleur et limiter les effets délétères sur la densité osseuse des traitements suppresseurs de l’ovulation (inducteurs d’hypo-estrogénie).15
Les recommandations d’activité physique sont les mêmes qu’en population générale pour les bénéfices sur la santé (
L’intensité et la fréquence des séances sont adaptées en fonction des douleurs ressenties et des périodes de menstruation, en évitant les sports à impact au sol, responsables d’une augmentation de la pression intra-abdominale et pouvant majorer les douleurs pelviennes.16
La pratique d’activité physique et sportive régulière, d’intensité modérée, adaptée au ressenti de la patiente et prolongée dans le temps, améliore la qualité de vie dans ses trois composantes :
– physique : reconditionnement physique, maintien de la souplesse, de la masse musculaire et de la densité minérale osseuse, diminution des douleurs pelviennes ;
– psychique : amélioration des symptômes dépressifs, diminution de l’anxiété, amélioration des troubles du sommeil, amélioration de l’estime de soi ;
– sociale : diminution de l’isolement par les échanges entre pratiquantes.
Poursuivre l’activité physique et sportive en cas d’endométriose
Test EHP-5
Le test EHP (endometriosis health profiles) le plus simple, dit « EHP-5 », comprend onze questions auxquelles les patientes doivent répondre par « toujours », « souvent », « parfois », « rarement » ou « jamais ».
Au cours des quatre dernières semaines, combien de fois, du fait de votre endométriose :
1. Avez-vous éprouvé des difficultés à marcher à cause de vos douleurs ?
2. Avez-vous eu l’impression que vos symptômes réglaient votre vie ?
3. Avez-vous eu des changements d’humeur ?
4. Avez-vous eu l’impression que les autres ne comprenaient pas ce que vous enduriez ?
5. Avez-vous eu l’impression que votre apparence avait changé ?
6. Avez-vous été incapable d’assurer des obligations professionnelles du fait des douleurs ?
7. Avez-vous trouvé difficile de vous occuper de votre (vos) enfant(s) ?
8. Vous êtes-vous sentie inquiète à l’idée d’avoir des rapports sexuels à cause de la douleur ?
9. Avez-vous eu le sentiment que les médecins pensaient que c’était dans votre tête ?
10. Avez-vous été déçue parce que le traitement ne marchait pas ?
11. Vous êtes-vous sentie déprimée face à l’éventualité de ne pas avoir d’enfant(s) ou d’autre(s) enfant(s) ?
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