Une tendance claire à réduire le temps de sommeil nocturne, notamment pendant la semaine de travail, se profile, conduisant à l’émergence d’une « épidémie » de dette de sommeil. Pendant longtemps, la somnolence consécutive à cette restriction de sommeil a été l’aspect le plus étudié, avec ses répercussions négatives en matière de performance cognitive, de vigilance et d’accidentologie. Néanmoins, en plus de cette hypovigilance, un nombre croissant de données montre que cette privation de sommeil entraîne des déséquilibres dans l’homéostasie des systèmes neuroendocrinien, métabolique et immunitaire, avec des conséquences cliniques et de santé publique.1-3
Qu’est-ce qu’une dette de sommeil ?
La dette de sommeil quotidienne en semaine se mesure classiquement en calculant la différence entre temps de sommeil idéal et temps de sommeil moyen par nuit en semaine (lorsqu’elle est supérieure à 90 minutes par jour, on parle de « dette de sommeil sévère »).4 Une utilisation plus fine de cet indicateur, cette fois par période de vingt-quatre heures (en intégrant le sommeil diurne) paraît plus pertinente à l’avenir afin de mieux apprécier le sur-risque pour tout un éventail de pathologies associées aux temps de sommeil inférieurs à six heures par vingt-quatre heures.
Déficit chronique de sommeil en augmentation
Le temps de sommeil varie avec l’âge et est également influencé par les rythmes professionnels, l’état de santé ou l’environnement socioculturel. C’est un déterminant de santé nécessitant d’être pris en compte et davantage exploré.
Plusieurs études prospectives de grande envergure ont montré, mais parfois avec des outils peu précis, une diminution globale du temps de sommeil, notamment chez les actifs, dans de nombreux pays industrialisés.5 Néanmoins, la proportion importante d’adultes dormant moins de six heures par nuit en semaine indique la présence de plus en plus répandue d’un déficit chronique de sommeil pendant les jours travaillés.5 Les données les plus récentes obtenues en population générale en France montrent cette même tendance, avec plus de 30 % des adultes dormant moins de six heures par nuit en semaine (rappelons que la proportion des vrais petits dormeurs de moins de 6 heures de sommeil est faible puisqu’elle n’est que de l’ordre de 7 à 8 %).4,6 Enfin, cette même étude indique que 25 % des adultes souffrent d’une dette sévère de sommeil.4
Plusieurs études prospectives de grande envergure ont montré, mais parfois avec des outils peu précis, une diminution globale du temps de sommeil, notamment chez les actifs, dans de nombreux pays industrialisés.5 Néanmoins, la proportion importante d’adultes dormant moins de six heures par nuit en semaine indique la présence de plus en plus répandue d’un déficit chronique de sommeil pendant les jours travaillés.5 Les données les plus récentes obtenues en population générale en France montrent cette même tendance, avec plus de 30 % des adultes dormant moins de six heures par nuit en semaine (rappelons que la proportion des vrais petits dormeurs de moins de 6 heures de sommeil est faible puisqu’elle n’est que de l’ordre de 7 à 8 %).4,6 Enfin, cette même étude indique que 25 % des adultes souffrent d’une dette sévère de sommeil.4
Comorbidités associées à la dette de sommeil et à l’insomnie
Les principaux domaines explorés par les études épidémiologiques, en lien avec le temps de sommeil, concernent la santé mentale, les risques d’obésité, métaboliques et cardiovasculaires. Ainsi, une association significative a été retrouvée entre un temps de sommeil de courte durée (inférieur à 6 heures) et la présence d’un « bruit de fond » inflammatoire, d’obésité, de diabète, d’hypertension artérielle, d’athérogenèse, et d’événements cardiovasculaires.3,7
L’insomnie avec des temps de sommeil objectifs inférieurs à six heures par nuit est pareillement associée à un surrisque d’hypertension artérielle et de diabète en comparaison avec les patients insomniaques avec des temps de sommeil objectifs plus longs (supérieur à 6 heures par nuit).8,9
Pour finir, les expériences de privation de sommeil en laboratoire indiquent une réponse diminuée à la vaccination évaluée par le titrage des anticorps et le niveau de protection conféré par différents types de vaccins.10
L’insomnie avec des temps de sommeil objectifs inférieurs à six heures par nuit est pareillement associée à un surrisque d’hypertension artérielle et de diabète en comparaison avec les patients insomniaques avec des temps de sommeil objectifs plus longs (supérieur à 6 heures par nuit).8,9
Pour finir, les expériences de privation de sommeil en laboratoire indiquent une réponse diminuée à la vaccination évaluée par le titrage des anticorps et le niveau de protection conféré par différents types de vaccins.10
Des études à poursuivre
Les connaissances doivent encore progresser sur l’évolution du temps de sommeil (en fonction de l’âge, de l’environnement, de l’activité professionnelle, des comorbidités), concernant les conséquences du manque de sommeil sur la santé (immunitaires, cardiovasculaires, métaboliques et psychiques) et à propos de l’efficacité et de la mise en place de contre-mesures adaptées à la dette de sommeil dans la vie réelle en situation écologique.
Références
1. Besedovsky L, Lange T, Haack M. The sleep-immune crosstalk in health and disease. Physiol Rev 2019;99(3):1325-80.
2. Copinschi G, Leproult R, Spiegel K. The important role of sleep in metabolism. Front Horm Res 2014;42:59-72.
3. Faraut B, Boudjeltia KZ, Vanhamme L, Kerkhofs M. Immune, inflammatory and cardiovascular consequences of sleep restriction and recovery. Sleep Med Rev 2012;16:137-49.
4. Leger D, Richard JB, Collin O, Sauvet F, Faraut B. Napping and weekend catchup sleep do not fully compensate for high rates of sleep debt and short sleep at a population level (in a representative nationwide sample of 12,637 adults). Sleep Med 2020;74:278-88.
5. Knutson KL, Van Cauter E, Rathouz PJ, DeLeire T, Lauderdale DS. Trends in the prevalence of short sleepers in the USA: 1975-2006. Sleep, 2010;33(1):37-45.
6. Léger D, du Roscoat E, Bayon V, Guignard J, Paquereau J, Beck F. Short sleep in young adults: Is it insomnia or sleep debt? Prevalence and clinical description of short sleep in a representative sample of 1004 young adults from France. Sleep Med 2011;12(5):454-62.
7. Cappuccio FP, Miller MA. Sleep and cardio-metabolic disease. Curr Cardiol Rep 2017;19(11):110.
8. Vgontzas AN, Liao D, Bixler EO, Chrousos GP, Vela-Bueno A. Insomnia with objective short sleep duration is associated with a high risk for hypertension. Sleep 2009;32(4):491-7.
9. Vgontzas AN, Liao D, Pejovic S, Calhoun S, Karataraki M, Bixler EO. Insomnia with objective short sleep duration is associated with type 2 diabetes: A population-based study. Diabetes Care 2009;32(11):1980-5.
10. Spiegel K, Rey AE, Cheylus A, Ayling K, Benedict C, Lange T, et al. A meta-analysis of the associations between insufficient sleep duration and antibody response to vaccination. Curr Biol 2023;33(5):998-1005.
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