Épidémiologie des accidents de la main

Les accidents de la main sont extrêmement courants et encore sous-estimés malgré leur fréquence et leurs conséquences potentielles, tandis que des mesures de ­prévention et de prise en charge spécialisées ont montré une bonne efficacité pour la réduction de leur nombre et de leurs séquelles, ainsi que du coût social de leur prise en charge.¹

En 1997, puis 2018, la Fédération des services d’urgence de la main (FESUM) a commandité un livre blanc.^2,3 Ce travail a évalué à au moins 2 142 393 le nombre de blessés de la main et du membre supérieur par an (2016) en France.

La grande Enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC)⁴ dénombre 30 % des passages aux urgences pour un accident de la vie courante (AcVC), dont 30,33 % pour le membre supérieur, soit 9,1 % (fig. 1). Par extrapolation, sur les 21 millions de passages aux urgences en 2016,⁵ environ 2 millions concernent des lésions de la main.
Une étude,⁶ menée pour la FESSH (Federation of European Societies for Surgery of the Hand), a précisé les sites lésés, avec 31,03 % pour la triade épaule-bras-coude et 53,65 % pour le poignet et la main.

En compilant les données du régime général (626 227 accidents du travail [AT] dont 33,17 % de la main et 87 454 accidents de trajet dont 16,13 % impliquant la main) et du régime agricole (55 714 AT dont 41 % concernent la main), on obtient 129 000 lésions de la main et du poignet en France en 2016.

Accidents de la voie publique
En 2016, on recense 133 422 accidents sur la voie publique, avec 3 655 morts et 75 127 blessés. Les motards et les cyclistes sont plus touchés aux mains (48 et 52 %) que les automobilistes (21 %), avec un total de 14 000 cas.

Les causes d’accident sont bien répertoriées dans la grande étude européenne EUROSAFE :⁷ 65 % d’accidents domestiques, 9 % d’accidents de la voie publique, 8 % d’accidents du travail, 1 % d’automutilations et suicides, 3 % d’agressions et 14 % de causes inconnues (fig. 2).
Ces accidents sont maintenant plus fréquemment pris en charge en centre de la main spécialisé : plus de 50 % en  2018 contre 10 % en 1997,³ ce qui permet de diminuer leurs conséquences ainsi que leur coût social.¹
L’évolution du nombre de ces blessures est évidemment influencée par de multiples paramètres, dont les principaux sont :
– la démographie de la population française : en croissance lente et régulière de 0,5 % par an, établie à 67 186 638 habitants en 2018, son évolution s’est stabilisée depuis à 0,3 % en 2022 et 2023. La population française est constituée de 68,4 millions d’habitants en France au 1^er janvier 2024 ;
– les accidents du travail et de trajet : en forte diminution entre les années 1975 et 1985 grâce à l’amélioration des systèmes et consignes de sécurité, des formations et de la robotisation, avec un plateau estimé autour de 129 000 cas en 2016, en France ;
– les accidents de la voie publique : ils sont en légère diminution en nombre, sinistralité et gravité grâce aux mesures de prévention (campagnes de sensibilisation, radars, permis à points, etc.) et à l’amélioration des sécurités passives et actives ;
– le recours aux urgences : en augmentation (il a doublé en dix ans) en raison de la facilité d’accès, de la diminution du nombre de médecins généralistes et des gestes réalisés au cabinet. Toutefois, les accidents de la main sont plus souvent dirigés vers les centres urgences mains qu’auparavant ;
– les accidents de la vie courante : ils sont en augmentation (accès aux sports, bricolage, etc.).

Les accidents de la main sont évalués à 2,1 millions par an en France, majoritairement constitués des accidents de la vie courante (deux tiers des cas). Mais ils sont de mieux en mieux pris en charge grâce aux services SOS mains.