Principaux leviers
Réforme du régime des autorisations
Rôle des centres spécialisés de l’obésité (CSO)
– situations complexes (par exemple, les patients atteints d’obésité sévère et polycompliquée, transplantés ou dialysés, en situation de handicap, atteints d’obésité rare [notamment obésité monogénique], patient adolescent) ;
– prise en charge des complications chirurgicales graves.
Ils ont un rôle d’animation et de structuration de la filière « Obésité » sous l’égide des ARS. Ils pourront faciliter la formation continue des équipes chirurgicales et établir des partenariats reposant sur des conventions et des chartes de bonnes pratiques. Cette deuxième mission sera précisée et amplifiée dans le cahier des charges, en cours de révision (action 5, axe 1).
Parcours gradués, avant et après l’intervention chirurgicale
Les expérimentations en cours dans le cadre de l’article 51 permettent de tester en vie réelle de nouveaux protocoles et schémas d’organisation. En cas de succès, ils sont destinés à être généralisés. Sur les dix projets financés à ce jour, trois sont consacrés à la chirurgie bariatrique et un propose une offre médicale et chirurgicale (Espace médical nutrition et obésité [EMNO]).3 Leur budget est conséquent : BARIA-UP (4 470,7 k€ par le Fonds pour l’innovation du système de santé [FISS]), OBEPAR (11 M€ par le FISS), PACO (3 877,5 k€ par le FISS et 655 k€ par le Fonds d’intervention régional [FIR]), EMNO (771 k€ par le FISS et 337,5 k€ par le FIR). Sans entrer dans les détails, ces projets fourniront des éléments majeurs pour analyser les aspects suivants :
– problématique de la coordination (solutions connectées, digitalisation du parcours, plateforme de coordination) ;
– accès à l’éducation thérapeutique ;
– participation et information du patient via une plateforme ;
– gestion des alertes (perte de poids trop rapide, reprise de poids, risque de carences nutritionnelles, complications, perte de vue).
Chaque région choisira la solution la plus adaptée en fonction des moyens existants, de ses pratiques, des priorités de son ARS et des financements disponibles.
Travail en cours
Chirurgie métabolique : traitement chirurgical du diabète de type 2
Réinterventions
Actes innovants
Points de vigilance
Le partenariat patient-professionnels de santé est mentionné à différentes reprises dans la feuille de route. Il reste à lui donner une réalité.
Limites et perspectives
La France a un taux de recours à la chirurgie bariatrique élevé, mais elle n’a pas encore mis en place les moyens indispensables à une prise en charge optimale. La structuration de l’offre de soins est devenue primordiale.5 La réduction du nombre de centres autorisés, le financement des parcours à l’issue de l’article 51 et la définition claire des bonnes pratiques (HAS) permettront des progrès majeurs. Comme le faisait remarquer le Pr Laurent Brunaud, le risque de réintervention après un bypass gastrique est 1,37 fois moindre si les patients sont opérés dans un centre réalisant au moins 200 chirurgies bariatriques annuelles.5
Actions de l’axe 2 de la feuille de route « Obésité » : renforcer la régulation de la chirurgie bariatrique pour une meilleure pertinence
Action 8 : mieux informer le patient de la nécessité d’une période de préparation avant chirurgie et d’un suivi postopératoire à vie, en cas de chirurgie bariatrique.
Action 9 : intégrer la chirurgie bariatrique et la chirurgie reconstructrice après chirurgie bariatrique aux travaux engagés dans le cadre de la réforme des autorisations.
Action 10 : renforcer le rôle d’appui des centres spécialisés de l’obésité dans la chirurgie bariatrique, notamment pour l’organisation des réunions de concertation pluridisciplinaire de recours, afin de réguler les indications.
Action 11 : rendre effectif un suivi médical au long cours après chirurgie bariatrique.
Action 12 : évaluer et valider, avant qu’il n’entre dans le panier de soins, chaque acte innovant.
Action 13 : décrire et adapter un parcours spécifique des patients réopérés en cas d’échec après chirurgie bariatrique.
Action 14 : actualiser les recommandations et préciser celles portant sur des cas spécifiques, en particulier la chirurgie chez les seniors, la chirurgie métabolique, mais aussi l’adaptation du suivi aux différentes techniques chirurgicales.
2. Ministère des Solidarités et de la Santé. Prise en charge des personnes en situation d’obésité 2019-2022. Feuille de route. Paris : ministère des Solidarités et de la Santé, 2019. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/feuille_de_route_obesite_2019-2022.pdf
3. Atlas du 51. Les expérimentations par région. Actualisation juin 2021. https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/atlas_du_51-_juin_2021.pdf
4. Haute Autorité de santé. Parcours obésité. Note de cadrage. Saint-Denis La Plaine : HAS, 2020. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-03/note_de_cadrage_obesite.pdf
5. Brunaud L. Chirurgie bariatrique : les chirurgiens sont-ils responsables mais pas coupables ? Journal de chirurgie viscérale, 2017;154:234-5.