On peut être un enfant dyspra­xique et un élève compétent. Si les difficultés rencontrées à l’école sont réelles, rien n’empêche ces enfants d’intelligence normale de conduire un projet scolaire. À condition que tous les adultes qui mettent en jeu ce projet aient bien compris ce qu’impliquent l’absence d’automatisation du geste et les troubles d’organisation du regard et de la perception de l’espace de ces enfants. Leur donner la possibilité d’atteindre le niveau scolaire qui correspond à leurs capacités intellectuelles est essentiel. Tous les efforts doivent être déployés pour que les aménagements indispensables de la scolarité soient mis en place. Pour autant, les enseignants, qui voient ­arriver dans leur classe ces enfants sans avoir pu bénéficier d’une formation leur permettant de comprendre leurs difficultés et les moyens de les contourner, sont souvent très démunis. Trouver des solutions pour faciliter la scolarité des enfants dyspraxiques est la mission que s’est donnée l’association Le Cartable Fantastique. Sa méthodologie consiste à partir du repérage du besoin de ces élèves en classe et à croiser les regards de chercheurs et d’enseignants. Ce ­croisement de regards permet de ­développer des solutions qui, tout en prenant en compte le fonctionnement cognitif et moteur spécifique des élèves dyspraxiques, restent pertinentes au niveau pédagogique et sont compatibles avec un fonction­nement dans une classe. Toutes les ressources ainsi créées sont mises à disposition gratuitement en ligne sur le site de l’association www.cartablefantastique.fr.

«Les Fantastiques Exercices »

Comment faire alors à l’école, où la majeure partie des apprentissages ou des évaluations passent par l’écriture manuscrite quand on ne peut pas l’automatiser, est une question à laquelle Le Cartable Fantastique a cherché à répondre. Ainsi le projet « Les Fantastiques Exercices » a été conçu, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, pour permettre aux élèves dyspraxiques de faire des exercices d’étude de la langue (grammaire, orthographe, vocabulaire, conjugaison) ou de mathématiques sans passer par l’écriture manuscrite et en tenant compte de leur trouble d’organisation du regard. Par exemple, lorsque le but de l’exercice est l’identification de verbes dans des phrases, on propose à l’élève dyspraxique de lire les phrases présentées sur l’écran de l’ordinateur et de cliquer sur les verbes (fig. 1). Dans le même temps, les autres élèves de la classe doivent recopier les phrases et souligner le verbe. Une banque de 3 500 exercices numériques adaptés aux élèves dyspraxiques du CE1 au CM2 a ainsi été conçue. Elle est ­associée à des cahiers d’exercices à imprimer pour les autres élèves de la classe afin que l’enseignant puisse utiliser deux supports différents qui comportent des contenus pédagogiques identiques mais dont la forme s’adapte en fonction des besoins spécifiques de l’enfant.

Des plug-in pour le traitement de texte

Les enfants dyspraxiques ont aussi, pour beaucoup, des difficultés avec les mouvements de leurs yeux et des troubles de l’organisation du regard. Lorsqu’ils lisent une phrase, leurs yeux peuvent tomber sur la phrase d’en dessous en cours de lecture. Le texte devient alors incompréhensible. Une solution est d’espacer les lignes et de les colorier ou de les surligner dans des couleurs différentes. Pour faciliter la préparation de tels textes, l’association a développé des plug-ins à ajouter à des logiciels de traitement de texte (Word ou LibreOffice) [fig. 2]. Ils permettent en quelques clics de modifier la forme du texte pour le rendre accessible à l’enfant dyspraxique, qui peut alors le lire plus confortablement.
Ces plug-ins comportent aussi des fonctionnalités qui permettent aux élèves de réaliser des tâches scolaires très fréquemment utilisées en classe mais particulièrement peu adaptées à l’utilisation standard d’un ordinateur. Ainsi, poser des opérations en colon­nes, encadrer ou souligner dans des couleurs différentes les mots d’un texte, faire une frise historique sont des actions qu’il devient possible de faire facilement.

Des gabarits pour la pose des opérations

Les difficultés de perception de l’espace peuvent poser un certain nombre de problèmes aux enfants dyspraxiques quand ils font des mathématiques. ­Ainsi, la pose d’opérations en colonnes dépend de la résolution d’un algorithme spatial. Les unités doivent être sous les unités, les dizaines sous les dizaines, les centaines sous les centaines. Un élève dyspraxique peut ­placer le chiffre des dizaines du second nombre sous le chiffre des centaines non pas parce qu’il n’a pas compris le concept mathématique sous-jacent mais parce qu’il se repère mal dans l’espace et confond les colonnes. Une solution est de proposer des gabarits utilisant des normes de couleur (les unités en bleu, les dizaines en rouge, les centaines en vert) qui vont permettre à l’enfant de placer correctement les chiffres les uns sous les autres et lui éviteront les confusions de colonnes (fig. 3). On peut aussi lui proposer des logiciels de pose d’opérations dans lesquels il tape les nombres, et l’opération posée s’affiche direc­tement. Il lui reste alors à la résoudre.
L’ensemble de ces ressources rend plus facile l’inclusion scolaire des enfants dyspraxiques. Néanmoins, cette inclusion est encore très souvent un combat épuisant pour les familles pour qui l’accompagnement par le médecin de l’enfant est essentiel. 

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