Quels sont ces jeux ?
Jeux de non-oxygénation
Jeux d’agression
Jeux de défi
Quel est le profil des enfants qui y participent ?
Dans les jeux de non-oxygénation ou d’évanouissement, il apparaît là aussi certains traits de comportement tels qu’un intérêt pour la prise de risque, l’hyperactivité, voire certaines tendances dépressives. Un certain nombre de ces enfants s’adonne à ces jeux par curiosité, obéissant à la règle non écrite du « t’es cap’ ou pas cap’ ? » D’autres au contraire vont répéter cette pratique jusqu’à en devenir progressivement addicts et à y jouer seul, en dehors du temps scolaire.2
Quelles conséquences à moyen et long terme ?
Quelle prévalence ?
Comment les prévenir ?
Prévention primaire
Les enfants, quant à eux, sont clairement inconscients du danger. Ce qui découragerait le plus les enfants à participer au jeu serait le fait de savoir que cette pratique pourrait provoquer la mort mais surtout des séquelles cérébrales irréversibles. Lorsque les enfants et adolescents sont interrogés pour savoir qui devrait leur assurer l’information et contribuer ainsi à la prévention de cette pratique, ils répondent différemment selon leur âge : les enfants de 9 à 13 ans indiquent majoritairement les parents, les plus âgés (13-17 ans) d’entre eux plébiscitent les associations de familles et surtout leurs pairs, souvent un peu plus âgés, ayant pratiqué ces jeux. Un rapport remis au ministre de la Santé et de la Cohésion sociale en mai 2010 fait état de préconisations qui, si elles étaient retenues, pourraient permettre de mieux comprendre ces pratiques, et de mettre en place des actions de sensibilisation pour les enfants eux-mêmes, pour leurs parents et les professionnels de la santé et de l’éducation (disponible sur www.sante.gouv.fr). Elles se résument à des actions d’information auprès des familles et des élèves, des actions vers les professionnels de la santé et de l’éducation en leur fournissant les outils de communication. Les messages associent, outre une information sur les risques pour la santé, une éducation à la citoyenneté (écoute, cohésion, solidarité, confiance en l’autre), le développement de compétences psychologiques et sociales de l’enfant (estime de soi, mise en situation, gestion de conflit, dynamique de groupe), une implication active et suscitée du jeune dans la vie scolaire et la prise de responsabilités concrètes : organisation de l’espace, des activités et jeux, rédaction du règlement intérieur…).
Prévention secondaire
Lorsque le médecin suspecte cette pratique, la recherche d’autres conduites à risque s’impose car cela peut le conduire à proposer à l’enfant/adolescent une aide psychothérapique afin de mieux canaliser son envie incontrôlée de sensations fortes vers des activités moins dangereuses. Une pratique isolée de jeux d’évanouissement incite à explorer le contexte familial et parfois, en cas de doute, à adresser le patient à un pédopsychiatre afin de rechercher certains facteurs de risque (syndrome anxiodépressif, syndrome d’hyperactivité, prise de risques excessifs, toxiques…) sous-tendant ces pratiques et de mettre en place l’aide nécessaire.6
La prévention secondaire passe aussi par la définition d’une conduite à tenir cohérente devant un cas survenu dans un établissement scolaire ou dans un cadre institutionnel.6, 7 La Direction générale de l’enseignement scolaire sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale a réalisé un guide d’intervention en milieu scolaire destiné à servir de support pour les formations concernant les jeux dangereux qui seront mises en place dans les académies : ce guide est disponible sur le site du ministère de l’Éducation nationale : www.education.gouv.fr/ ou eduscoleducation.fr.
Un enfant sur 8 !
Cette prise de risque peut être induite par une vulnérabilité individuelle (liée à la personnalité ou à la fragilité psychologique), ou par des facteurs d’entraînement liés à l’appartenance à un groupe, facteur très influent à cet âge. Pour une très grande majorité de jeunes, cette pratique ne répond pas à une fragilité psychique. Elle concerne surtout des enfants et des adolescents sains, sans difficultés psychologiques, sans troubles scolaires ou d’insertion sociale.
Une enquête française
Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence du foyer, région et catégorie d’agglomération). Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 012 enfants âgés de 6 à 15 ans, interrogés du 29 novembre au 8 décembre 2011, le panel online d’Ipsos. Près de 2 enfants sur 3 (63 %) connaissent au moins un jeu d’apnée ou d’évanouissement : parmi les 14 « jeux » testés dans cette enquête, le « jeu du foulard » (51 %) et le « jeu de la tomate » (34 %) sont les plus connus. C’est à l’école primaire que la plupart des enfants entendent parler de ce jeu pour la première fois, essentiellement par l’intermédiaire de leurs copains (71 % de ceux qui connaissent ces jeux). Un enfant sur 4 (26 %) a déjà vu quelqu’un jouer à ce jeu, essentiellement au sein de l’école. Ils sont encore plus nombreux (32 %) à connaître quelqu’un qui y a déjà joué (qu’ils l’aient vu ou non). Un enfant sur 10 a déjà joué à un jeu d’apnée ou d’évanouissement : cette pratique est un peu plus le fait des garçons que des filles, mais concerne toutes les tranches d’âge et tous les milieux sociaux. Une pratique collective qui a lieu pour l’essentiel à l’école : la quasi-totalité des enfants qui ont joué à des jeux d’apnée ou d’évanouissement l’ont fait avec des copains (91 %), souvent plus âgés. C’est à l’école (86 %) qu’ils y ont joué, essentiellement dans la cour de récréation. Un jeu que l’on pratique pour faire comme les copains mais aussi parce qu’on le trouve drôle et attirant : les principales raisons évoquées par les enfants ayant joué à ce jeu font référence à un phénomène de mode (50 % voulaient faire « comme les copains »), mais pas seulement : 32 % trouvent que ce jeu est « rigolo » et 16 % y jouent car il « procure des effets particuliers, bizarres ». La majorité des enfants qui jouent à ces jeux n’ont pas conscience des risques qu’ils courent : ainsi, 51 % n’ont pas le sentiment qu’en jouant à ces jeux ils risquent de mourir, 63 % qu’ils risquent d’abîmer leur cerveau, 73 % qu’ils peuvent convulser et 75 % rester handicapés. Seule la conscience de pouvoir s’évanouir (60 %) ou de ne plus pouvoir reprendre leur souffle (59 %) leur vient à l’esprit, mais c’est peut-être aussi ce qu’ils recherchent. Les conséquences graves (mort, séquelles importantes) sont quant à elles assez largement méconnues. À l’inverse, les enfants qui n’ont jamais joué à ces jeux sont conscients des dangers : 82 % n’y ont jamais joué car ils trouvent ce jeu « très dangereux » (c’est la principale raison invoquée) et la très grande majorité d’entre eux sait que ceux qui s’adonnent à ces pratiques risquent de mourir (93 %), de faire arrêter leur cœur (84 %) ou encore d’abîmer leur cerveau (76 %).
2. Bernadet S, Purper-Ouakil D, Michel G. Typologie des jeux dangereux chez des collégiens : vers une étude des profils psychologiques. Ann Medico Psychol 2012;170:654-8.
3. Guilheri J, Fontan P, Andronikof A. Les jeux de non-oxygénation chez les jeunes collégiens français : résultats d'une étude pilote. Neuropsychiatr Enfance Adolesc 2015;63:495-503.
4. Ipsos. Connaissance et pratiques du « jeu du foulard » et autres jeux d’apnée ou d’évanouissement chez les enfants âgés de 6 à 15 ans. Étude Ipsos Public Affairs/APEAS (Powerpoint presentation). Paris, France, 2012. http://www.jeudufoulard.
5. Ministère de l’Éducation nationale. Jeux-dangereux-et-pratiques-violentes en milieu scolaire. Collection REPERES : Guide d’intervention, 2017. www.eduscol.education.fr ou http://bit.ly/3afHht2
6. Busse H, Harrop T, Gunnell D, et al. Prevalence and associated harm of engagement in self-asphyxial behaviours (‘choking game’) in young people: a systematic review. Arch Dis Child 2015;100:1106-14.
7. Bernacki JM, Davies WH. Prevention of the choking game: parent perspectives. J Inj Violence Res 2012;4:73-8.