Les personnes atteintes de troubles psychiatriques sont plus fréquemment sujettes aux comorbidités que la population générale, en raison non seulement de leur pathologie et de ses traitements mais aussi de leur mode de vie. Les solutions reposent sur une meilleure intégration de la santé mentale dans les soins généraux, avec une sensibilisation accrue des soignants.
La question des soins somatiques en psychiatrie est essentielle, car elle renvoie à un constat édifiant : les personnes avec des troubles psychiques sévères ont une espérance de vie raccourcie de treize à seize ans comparativement à la population générale.1 Cette mortalité prématurée est principalement attribuable à des affections cardiovasculaires et cancéreuses. Ces personnes sont donc soumises à une triple peine : le trouble psychique, l’espérance de vie réduite et un moins bon accès aux soins, altérant ainsi leur qualité de vie.
Les nombreuses comorbidités auxquelles sont exposées les personnes souffrant de troubles psychiatriques sont influencées par les médications prescrites (psychotropes mais également correcteurs) et notamment par leur propriété anticholinergique qui interagit avec l’ensemble de l’organisme (fig. 1 ).2 Tous les psychotropes ne présentent pas le même potentiel anticholinergique, mais leur effet cumulatif doit être pris en compte lors des prescriptions (tableau 1 ).3 Ne sont abordées ici que les comorbidités les plus fréquentes, notamment celles associées à l’utilisation des antipsychotiques de seconde génération (ASG) ; les comorbidités neurologiques (syndromes extrapyramidaux, dyskinésies) principalement liées à l’utilisation des antipsychotiques de première génération (APG) ne sont pas décrites.
Les nombreuses comorbidités auxquelles sont exposées les personnes souffrant de troubles psychiatriques sont influencées par les médications prescrites (psychotropes mais également correcteurs) et notamment par leur propriété anticholinergique qui interagit avec l’ensemble de l’organisme (
Comorbidités métaboliques fréquentes
L’obésité a une prévalence mondiale estimée à 18 % des adultes. Chez les patients présentant un trouble de l’humeur, le risque d’obésité est multiplié par 1,2 à 1,5. En outre, il semble exister une relation bidirectionnelle entre obésité et dépression. Chez les patients schizophrènes, le risque d’obésité est multiplié par 2,8 à 3,5.4
Le syndrome métabolique correspond à l’association de modifications métaboliques prédisposant aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2. L’International Diabetes Federation le définit par la présence d’une obésité abdominale, et d’au moins deux des facteurs suivants : hypertension artérielle, hypertriglycéridémie, diminution du cholestérol HDL et hyperglycémie. Sa prévalence varie selon les pays, le sexe et l’âge. En France, elle est comprise entre 15 et 21 % et, chez les patients souffrant de maladie psychiatrique sévère, le syndrome métabolique serait deux à trois fois plus fréquent.5
Certains troubles métaboliques sont observés dès le début de la maladie mentale et pourraient avoir été présents avant son apparition. La maladie psychiatrique sévère et les anomalies métaboliques pourraient ainsi partager un socle physiopathologique commun.6
Enfin, certains thymorégulateurs et une majorité des antipsychotiques entraînent une augmentation de poids et interfèrent avec le métabolisme glucido-lipidique. C’est pourquoi la Fédération française de psychiatrie (FFP) et le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP) recommandent, depuis 2015, un suivi cardiométabolique minimum des patients traités par antipsychotiques (tableau 2 ).7
Le syndrome métabolique correspond à l’association de modifications métaboliques prédisposant aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2. L’International Diabetes Federation le définit par la présence d’une obésité abdominale, et d’au moins deux des facteurs suivants : hypertension artérielle, hypertriglycéridémie, diminution du cholestérol HDL et hyperglycémie. Sa prévalence varie selon les pays, le sexe et l’âge. En France, elle est comprise entre 15 et 21 % et, chez les patients souffrant de maladie psychiatrique sévère, le syndrome métabolique serait deux à trois fois plus fréquent.5
Certains troubles métaboliques sont observés dès le début de la maladie mentale et pourraient avoir été présents avant son apparition. La maladie psychiatrique sévère et les anomalies métaboliques pourraient ainsi partager un socle physiopathologique commun.6
Enfin, certains thymorégulateurs et une majorité des antipsychotiques entraînent une augmentation de poids et interfèrent avec le métabolisme glucido-lipidique. C’est pourquoi la Fédération française de psychiatrie (FFP) et le Conseil national professionnel de psychiatrie (CNPP) recommandent, depuis 2015, un suivi cardiométabolique minimum des patients traités par antipsychotiques (
Comorbidités cardiovasculaires accrues
Risque thrombotique
Le risque thrombotique est beaucoup plus élevé chez le patient suivi en psychiatrie.
Il est augmenté d’un facteur 20 par rapport à celui d’une population de même âge hospitalisée et d’un facteur 50 par rapport à la population générale. La maladie thromboembolique est ainsi la troisième cause de pathologie vasculaire, après la cardiopathie ischémique (angoreuse) et les infarctus du myocarde.8
La clinophilie fait partie du cortège des symptômes psychiatriques et majore ce risque, d’autant plus s’il s’agit d’une catatonie mélancolique.
Le syndrome métabolique et les psychotropes sont également incriminés.
Il convient de souligner la présentation clinique très peu spécifique de l’embolie pulmonaire dans cette population (se limitant très souvent à une tachycardie, elle-même fréquente dans un contexte de neuroleptisation). De fait, les scores cliniques prédictifs usuels paraissent peu adaptés, on s’appuie donc plus souvent sur le dosage des D-dimères, voire sur l’angioscanner thoracique en cas de doute.
Il est augmenté d’un facteur 20 par rapport à celui d’une population de même âge hospitalisée et d’un facteur 50 par rapport à la population générale. La maladie thromboembolique est ainsi la troisième cause de pathologie vasculaire, après la cardiopathie ischémique (angoreuse) et les infarctus du myocarde.8
La clinophilie fait partie du cortège des symptômes psychiatriques et majore ce risque, d’autant plus s’il s’agit d’une catatonie mélancolique.
Le syndrome métabolique et les psychotropes sont également incriminés.
Il convient de souligner la présentation clinique très peu spécifique de l’embolie pulmonaire dans cette population (se limitant très souvent à une tachycardie, elle-même fréquente dans un contexte de neuroleptisation). De fait, les scores cliniques prédictifs usuels paraissent peu adaptés, on s’appuie donc plus souvent sur le dosage des D-dimères, voire sur l’angioscanner thoracique en cas de doute.
Risque arythmogène
Détecter l’allongement de l’intervalle QT est primordial en psychiatrie du fait du risque de torsades de pointes et de mort subite. Ce risque est favorisé, à des niveaux divers, par un grand nombre de médicaments utilisés en psychiatrie (tableau 3 ) mais aussi par d’autres médications et situations à risque. Il convient donc d’être particulièrement attentif aux associations médicamenteuses et aux situations propices. Le QTc est considéré comme allongé au-delà de 450 ms pour les hommes et de 460 ms pour les femmes. Le risque de torsades de pointes est majeur au-delà de 500 ms. Des applications permettent un calcul automatique du QTc et la recherche du potentiel arythmogène des médicaments (site de référence : www.crediblemeds.org).
Troubles tensionnels
Les patients avec des troubles psychiques ont un risque d’hypertension artérielle (HTA) majoré de 10 % par rapport à la population générale.9 Ce qui participe à une surmortalité prématurée dans cette population déjà exposée à de nombreux facteurs de risque cardiovasculaire.
L’apparition ou l’aggravation d’une HTA peut être liée à l’utilisation de psychotropes (antidépresseurs : inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, mais aussi tricycliques, inhibiteurs de monoamine oxydase [IMAO], catécholaminergiques, antipsychotiques atypiques).
Le traitement consiste à agir sur les facteurs de risque cardiovasculaire modifiables, à évaluer le rapport bénéfice-risque des psychotropes responsables et à utiliser les antihypertenseurs habituels.10,11
L’hypotension orthostatique, fréquente, est quant à elle le plus souvent favorisée par les psychotropes, avec des effets dose-dépendants.
L’apparition ou l’aggravation d’une HTA peut être liée à l’utilisation de psychotropes (antidépresseurs : inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, mais aussi tricycliques, inhibiteurs de monoamine oxydase [IMAO], catécholaminergiques, antipsychotiques atypiques).
Le traitement consiste à agir sur les facteurs de risque cardiovasculaire modifiables, à évaluer le rapport bénéfice-risque des psychotropes responsables et à utiliser les antihypertenseurs habituels.10,11
L’hypotension orthostatique, fréquente, est quant à elle le plus souvent favorisée par les psychotropes, avec des effets dose-dépendants.
Comorbidité diabétique difficile à équilibrer
La gestion du diabète chez les patients suivis en psychiatrie est plus complexe que dans la population générale du fait des épisodes répétés de décompensation psychiatrique et de la mauvaise observance thérapeutique, qui sont des freins majeurs à un contrôle optimal.
Les facteurs de risque classiques du diabète de type 2 comme l’obésité, le syndrome métabolique et les antécédents familiaux de diabète sont plus fréquents chez ces patients. D’autres facteurs paraissent plus spécifiques aux terrains psychiatriques (mode de vie, négligence de la santé physique, faible niveau socioéconomique et traitement antipsychotique).
Le mécanisme physiopathologique principal est une insulinorésistance en rapport avec une obésité. Un hyperinsulinisme basal a été observé chez ces patients au stade de prédiabète.
Des cas de pancréatite aiguë et d’acidocétose avec coma ont été observés avec les antipsychotiques de seconde génération (ASG). Ces complications inhabituelles pour un diabète de type 2 plaident pour une implication directe de ces thérapeutiques dans la diminution de la sécrétion d’insuline.
Les ASG ont un profil métabolique moins favorable sur le métabolisme glucidique : nette augmentation de l’incidence de diabète en comparaison avec les antipsychotiques de première génération (APG).
Dans une cohorte américaine de 22 648 patients traités par ASG, 18 % ont un diabète de type 2. La prévalence varie fortement en fonction de l’âge, allant de 8 % pour les patients âgés de moins de 40 ans à 25 % chez les patients âgés de plus de 60 ans.12
Les facteurs de risque classiques du diabète de type 2 comme l’obésité, le syndrome métabolique et les antécédents familiaux de diabète sont plus fréquents chez ces patients. D’autres facteurs paraissent plus spécifiques aux terrains psychiatriques (mode de vie, négligence de la santé physique, faible niveau socioéconomique et traitement antipsychotique).
Le mécanisme physiopathologique principal est une insulinorésistance en rapport avec une obésité. Un hyperinsulinisme basal a été observé chez ces patients au stade de prédiabète.
Des cas de pancréatite aiguë et d’acidocétose avec coma ont été observés avec les antipsychotiques de seconde génération (ASG). Ces complications inhabituelles pour un diabète de type 2 plaident pour une implication directe de ces thérapeutiques dans la diminution de la sécrétion d’insuline.
Les ASG ont un profil métabolique moins favorable sur le métabolisme glucidique : nette augmentation de l’incidence de diabète en comparaison avec les antipsychotiques de première génération (APG).
Dans une cohorte américaine de 22 648 patients traités par ASG, 18 % ont un diabète de type 2. La prévalence varie fortement en fonction de l’âge, allant de 8 % pour les patients âgés de moins de 40 ans à 25 % chez les patients âgés de plus de 60 ans.12
Comorbidités digestives à prévenir
Constipation très courante
La constipation est une problématique très courante en psychiatrie. Plusieurs facteurs sont en cause :
Il est donc essentiel de prévenir ces troubles en étant particulièrement vigilant vis-à-vis des thérapeutiques à haut effet anticholinergique, de bien hydrater les patients, de promouvoir l’activité physique, d’enrichir les repas en fibres, de surveiller et tracer le transit à l’aide de l’échelle de Bristol (fig. 2 ), de surveiller l’apparition d’une distension abdominale et, si besoin, de prescrire systématiquement des laxatifs à l’admission. Si, malgré cela, la constipation s’installe, la prise en charge repose sur la prescription :
- la sédentarité, l’alimentation pauvre en fibres, la déshydratation parfois associée ;
- la difficulté du dépistage, puisque l’expression clinique est rendue complexe par une communication parfois altérée, notamment par rapport à la douleur qui peut être sous-évaluée ;
- l’activité anticholinergique des traitements utilisés mais également antisérotoninergique, antihistaminique et antidopaminergique dans une moindre mesure.13
Il est donc essentiel de prévenir ces troubles en étant particulièrement vigilant vis-à-vis des thérapeutiques à haut effet anticholinergique, de bien hydrater les patients, de promouvoir l’activité physique, d’enrichir les repas en fibres, de surveiller et tracer le transit à l’aide de l’échelle de Bristol (
- de laxatifs osmotiques ou de lest en première ligne ;
- de laxatifs stimulants, lubrifiants ou colokinétiques en deuxième intention ;
- de laxatifs de contact, en dernier recours, en cas de constipation distale, de sensation d’obstruction anale ou d’évacuation incomplète.
Troubles de la déglutition
Les troubles de la déglutition sont également fréquents et peuvent entraîner des conséquences telles qu’étouffement, décès, pneumopathie d’inhalation, amaigrissement, dénutrition, déshydratation ou des troubles psychiques : dépression, isolement social, baisse de la qualité de vie.
Ils peuvent être en lien avec les psychotropes, provoquant sédation, dyskinésies, xérostomie et dysarthrie, mais également avec un mauvais état bucco-dentaire.
Il est important de savoir repérer des troubles de la déglutition pour mieux les prévenir (toux, modification de la voix, dysarthrie, tachyphagie…) et ainsi adapter au mieux l’environnement du patient (position à table, textures adaptées, eau gazeuse…).
Ils peuvent être en lien avec les psychotropes, provoquant sédation, dyskinésies, xérostomie et dysarthrie, mais également avec un mauvais état bucco-dentaire.
Il est important de savoir repérer des troubles de la déglutition pour mieux les prévenir (toux, modification de la voix, dysarthrie, tachyphagie…) et ainsi adapter au mieux l’environnement du patient (position à table, textures adaptées, eau gazeuse…).
Comorbidités pulmonaires à dépister
Bronchopneumopathie chronique obstructive
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) fait partie des comorbidités les plus fréquentes en milieu psychiatrique en raison de l’exposition accrue des patients aux nombreux facteurs favorisants : conduites addictives, obésité, sédentarité, tabagisme…
La BPCO est attribuable dans 80 % des cas au tabagisme et présente des risques de majoration, entre autres, de troubles psychiatriques (anxiété, syndrome dépressif) et de maladies cardiovasculaires.
Cette population sous-diagnostiquée et sous-traitée nécessite un repérage systématique, qui doit se faire chez tout patient symptomatique ou non, âgé de plus de 40 ans et ayant des antécédents de substances fumées.
La spirométrie permet de poser le diagnostic, et un scanner thoracique est recommandé, à la recherche d’une pathologie potentiellement associée.
La prise en charge se calque sur le traitement habituel et notamment le sevrage tabagique avec substitution nicotinique - qu’il faut toujours tenter d’obtenir -, l’amélioration de l’hygiène de vie, la réhabilitation respiratoire, la gestion du stress, les traitements médicaux de fond et ceux des exacerbations, sans oublier la mise à jour des vaccinations antigrippale et antipneumococcique.
Une stratégie de dépistage systématique de la BPCO en psychiatrie et de prise en charge holistique permet d’améliorer la qualité de vie et de réduire la majoration des comorbidités.
La BPCO est attribuable dans 80 % des cas au tabagisme et présente des risques de majoration, entre autres, de troubles psychiatriques (anxiété, syndrome dépressif) et de maladies cardiovasculaires.
Cette population sous-diagnostiquée et sous-traitée nécessite un repérage systématique, qui doit se faire chez tout patient symptomatique ou non, âgé de plus de 40 ans et ayant des antécédents de substances fumées.
La spirométrie permet de poser le diagnostic, et un scanner thoracique est recommandé, à la recherche d’une pathologie potentiellement associée.
La prise en charge se calque sur le traitement habituel et notamment le sevrage tabagique avec substitution nicotinique - qu’il faut toujours tenter d’obtenir -, l’amélioration de l’hygiène de vie, la réhabilitation respiratoire, la gestion du stress, les traitements médicaux de fond et ceux des exacerbations, sans oublier la mise à jour des vaccinations antigrippale et antipneumococcique.
Une stratégie de dépistage systématique de la BPCO en psychiatrie et de prise en charge holistique permet d’améliorer la qualité de vie et de réduire la majoration des comorbidités.
Syndrome d’apnées obstructives du sommeil
Les personnes avec des troubles psychiques sont fréquemment atteintes du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS). Il est important de souligner que le SAOS peut aggraver ou précipiter un déséquilibre psychique et qu’il est lui-même aggravé par les psychotropes (notamment les benzodiazépines).
Un SAOS doit être évoqué devant un tableau neuropsychiatrique comportant un déficit de la vigilance, des troubles de l’attention et une altération des fonctions mnésiques et cognitives.
Un SAOS doit être évoqué devant un tableau neuropsychiatrique comportant un déficit de la vigilance, des troubles de l’attention et une altération des fonctions mnésiques et cognitives.
Comorbidités sexuelles et uro-génitales
Aborder de façon systématique la santé sexuelle est primordial pour réduire la stigmatisation et favoriser l’estime de soi. La libido est influencée par divers facteurs, comme l’anxiété, la dépression, certains médicaments et l’abus de substances (alcool, tabac, drogues…). Le diabète et les médicaments augmentant la prolactinémie sont susceptibles de causer une dysfonction érectile. Un traitement tel que le sildénafil peut alors être proposé, sous surveillance de l’intervalle QT et d’une possible hypotension artérielle. La baisse de la libido affecte la qualité de vie, conduisant souvent à un arrêt des traitements par le patient. À l’inverse, certaines affections psychiatriques stimulent l’activité sexuelle, accroissant le risque d’infection sexuellement transmissible (IST) ou de grossesse non désirée. Les neuroleptiques peuvent occasionner un priapisme. Bien que rare, cette complication doit être considérée comme une urgence urologique, nécessitant une intervention rapide pour prévenir l’impuissance définitive.
Dysurie et rétention urinaire aiguë sont fréquentes en raison de l’effet anticholinergique de nombreux traitements psychotropes. La constipation est un facteur aggravant classique, surtout en cas de fécalome. L’évaluation du score anticholinergique du traitement est donc essentielle pour ajuster celui-ci. Quand le patient refuse la sonde urinaire à demeure, les sondages évacuateurs aller-retour constituent une alternative possible pour éviter tout traumatisme urétral, en attendant de traiter la cause sous-jacente.
Dysurie et rétention urinaire aiguë sont fréquentes en raison de l’effet anticholinergique de nombreux traitements psychotropes. La constipation est un facteur aggravant classique, surtout en cas de fécalome. L’évaluation du score anticholinergique du traitement est donc essentielle pour ajuster celui-ci. Quand le patient refuse la sonde urinaire à demeure, les sondages évacuateurs aller-retour constituent une alternative possible pour éviter tout traumatisme urétral, en attendant de traiter la cause sous-jacente.
Comorbidités bucco-dentaires
La santé orale des personnes avec des troubles psychiques est souvent dégradée. Plusieurs facteurs sont en cause : la pathologie psychiatrique elle-même et les troubles du comportement associés, les conduites addictives fréquentes, l’hygiène dentaire souvent délaissée, les difficultés d’accéder à un dentiste (stigmatisation, coût des soins). De plus, les psychotropes modifient l’équilibre buccal (hyposialie le plus souvent, mais parfois aussi hypersialorrhée).
L’altération de la santé orale a des conséquences infectieuses (caries, abcès, cellulites, migrations bactériennes avec risque de sepsis) mais aussi sociales (isolement social, difficultés d’accès à l’emploi).
La prévention, l’éducation, la sensibilisation et le suivi jouent donc un rôle déterminant.
La prise en charge repose sur les traitements sialogogues, les gommes sans sucre, les antalgiques, l’antibiothérapie si besoin et l’intégration dans un circuit de soins dentaires avec des professionnels sensibilisés à la santé mentale.
L’altération de la santé orale a des conséquences infectieuses (caries, abcès, cellulites, migrations bactériennes avec risque de sepsis) mais aussi sociales (isolement social, difficultés d’accès à l’emploi).
La prévention, l’éducation, la sensibilisation et le suivi jouent donc un rôle déterminant.
La prise en charge repose sur les traitements sialogogues, les gommes sans sucre, les antalgiques, l’antibiothérapie si besoin et l’intégration dans un circuit de soins dentaires avec des professionnels sensibilisés à la santé mentale.
Comorbidités infectieuses
Les maladies infectieuses ne sont pas rares en milieu psychiatrique ; les explications sont multiples : prises de risque (conduites addictives et sexuelles à risque), niveau d’hygiène dégradé, précarité et comorbidités somatiques multiples pouvant interférer sur l’immunité. On peut citer les pneumopathies infectieuses (dont le Covid-19) ou d’inhalation – souvent secondaires à une sédation importante liée aux neuroleptiques –, la pyélonéphrite, l’érysipèle, l’infection au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et l’hépatite C (VHC). Concernant le VHC, la prévalence au sein de la population psychiatrique est en moyenne décuplée par rapport à celle de la population générale.14 Les actes de prévention et de dépistage sont donc indispensables en psychiatrie ; ainsi, la réalisation systématique des sérologies VHB, VHC, VIH et syphilis permet d’optimiser la prise en charge et d’améliorer l’espérance de vie des patients.
Prendre en compte la vulnérabilité des personnes atteintes de troubles psychiques
Les facteurs de vulnérabilité des personnes atteintes de troubles psychiatriques sont nombreux et liés :
– au trouble psychique lui-même et en particulier au mode de vie qu’il implique souvent (addictions, sédentarité, conduites à risque) mais aussi aux effets indésirables des psychotropes utilisés (iatrogénie) ;
Le constat de précarité sanitaire impose de faire face à un vrai défi de santé publique qui consiste à faire bouger les lignes pour que les personnes vivant avec un trouble psychique aient un accès aux soins comparable à celui de la population générale. En forgeant cette alliance collaborative, les professionnels de santé, les autorités sanitaires et la société dans son ensemble pourront œuvrer à améliorer la qualité et l’espérance de vie de ces personnes.
– au trouble psychique lui-même et en particulier au mode de vie qu’il implique souvent (addictions, sédentarité, conduites à risque) mais aussi aux effets indésirables des psychotropes utilisés (iatrogénie) ;
- à la personne concernée qui rencontre des difficultés à aller vers le soin et à prendre soin d’elle ;
- aux personnes soignantes, en manque de formation sur la santé mentale, aboutissant à une stigmatisation délétère ;
- au système de soins, qui ne permet pas d’envisager une politique de santé axée sur une vision holistique, centrée sur la prévention.
Le constat de précarité sanitaire impose de faire face à un vrai défi de santé publique qui consiste à faire bouger les lignes pour que les personnes vivant avec un trouble psychique aient un accès aux soins comparable à celui de la population générale. En forgeant cette alliance collaborative, les professionnels de santé, les autorités sanitaires et la société dans son ensemble pourront œuvrer à améliorer la qualité et l’espérance de vie de ces personnes.
Références
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2. Csajka C, Bremond C, Lang PO. Détecter et évaluer l’impact des médicaments anticholinergiques. Rev Med Suisse 2017;13:1931-7.
3. Briet J, Javelot H, Heitzmann E, Weiner L, Lameira C, D’Athis P, et al. The anticholinergic impregnation scale: Towards the elaboration of a scale adapted to prescriptions in French psychiatric settings. Therapie 2017;72:427-37.
4. De Hert M, Correll CU, Bobes J, Cetkovitch-Bakmas M, Cohen D, Asai I, et al. Physical illness in patients with severe mental disorders. I. Prevalence, impact of medications and disparities in health care. World Psychiatry 2011;10:52-77.
5. Ohaeri JU, Akanji AO. Metabolic syndrome in severe mental disorders. Metab Syndr Relat Disord 2011;9:91-8.
6. Duval F. Affections métaboliques et psychiatrie. EMC-Psychiatrie 2013;10(2).
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14. Rolland B, Bailly F, Cutarella C, Drevon O, Carrieri P, Darque A, et al. Hépatite C en milieu psychiatrique : un réservoir oublié ? L’Encéphale 2021;47(2):181-4.
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Dans cet article
- Comorbidités métaboliques fréquentes
- Comorbidités cardiovasculaires accrues
- Comorbidité diabétique difficile à équilibrer
- Comorbidités digestives à prévenir
- Comorbidités pulmonaires à dépister
- Comorbidités sexuelles et uro-génitales
- Comorbidités bucco-dentaires
- Comorbidités infectieuses
- Prendre en compte la vulnérabilité des personnes atteintes de troubles psychiques
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