Sergio del Molino, écrivain et journaliste espagnol, est atteint de psoriasis chronique, pathologie qui le conduit à se gratter jusqu’au sang, à cacher ses lésions, à en avoir honte et à se sentir « monstrueux », même aux yeux de ses propres enfants.

 

Dans ce premier ouvrage traduit en français, sans aucun pathos mais avec beaucoup d’humour, de justesse et de sensibilité, l’auteur entrelace son propre vécu de la maladie avec celui de célébrités également atteintes. On croise ainsi les destins de Staline, Cindi Lauper, John Updike, Vladimir Nabokov ou Pablo Escobar.

Mais Sergio del Molino va plus loin dans l’analyse de cet organe le plus exposé à la vue et à l’intransigeance de la société, frontière avec le monde, qu’est la peau : « Il se peut qu’il y ait sur terre davantage de formes de racisme que de races ou que de nuances entre les carreaux de von Luschan [inventeur, au début du XXe siècle, d’une méthode constituée de 36 carreaux de verre ordonnés selon une échelle chromatique représentant l’ensemble des carnations cutanées humaines existantes], mais (…) celui des Blancs envers les Noirs, à commencer par sa simplification chromatique même, contient tous les autres et les surpasse dans le temps et l’espace. » « J’ai compris (…) que la peau n’a pas besoin d’être malade pour se muer en stigmate. »

Ce récit constitue une réflexion profonde mêlant histoires intime et collective, et permet de mieux appréhender l’impact que peut avoir la maladie, dans toutes ses dimensions ! K.D.

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