Quels sont les régimes inadaptés ?
Les jus végétaux sources de graves complications
Ces boissons sont souvent vendues dans des magasins « bio » ou sur Internet, dans des contenants rappelant ceux des préparations infantiles, laissant penser qu’ils sont adaptés aux nourrissons. Ils séduisent certains parents par leur caractère « naturel » référant à une bonne santé. De plus, les allégations « bio » ou « sans huile de palme », souvent associées, influencent positivement certaines familles.
La consommation de ces boissons par un nourrisson peut être responsable de complications graves, mettant parfois en jeu son pronostic vital.1 Dans la littérature, indépendamment des ralentissements staturo-pondéraux secondaires à la prise de ces boissons, hypocaloriques pour un nourrisson, de véritables cas de rachitisme carentiel, de convulsions sur hypocalcémie ou encore d’anémies sévères sont décrits. Quelques décès sont rapportés chez des nourrissons dont la consommation a été précoce, exclusive et prolongée.
Il est souvent difficile de persuader les parents de renoncer à ces jus végétaux. Quoi qu’il en soit il faut proposer des alternatives végétales adaptées, sous forme de « préparation infantile » à base de riz.
Régimes végétariens : diverses carences notamment en fer
Un régime végétarien expose à plusieurs carences (
De plus, les enfants végétariens sont exposés à une carence en acides gras polyinsaturés à longues chaînes de type EPA (acide eicosapentaénoïque) et DHA (acide docosahexaénoïque) dont la source principale sont les produits de la mer. Les seules sources alimentaires possibles chez les végétariens sont les algues. Chez les nourrissons qui ne consomment pas de préparation infantile (désormais systématiquement supplémentées en DHA), les repas salés doivent être enrichis avec des huiles végétales riches en oméga 3 (colza, noix, soja), l’acide α-linolénique (ALA) permettant la synthèse d’une petite quantité de DHA. À partir de l’âge d’un an, une supplémentation de 100 mg/j d’algues est préconisée.
Les taux de vitamine D dépendent quant à eux de l’exposition solaire et des supplémentations. Les apports alimentaires proviennent quasi exclusivement des poissons gras et des produits supplémentés. Les enfants végétariens font donc partie des populations à risque de déficit et doivent être supplémentés tout au long de l’année.
Régime végétalien : dans quels cas supplémenter en vitamine B12 et en calcium ?
La vitamine B12 est quasi exclusivement présente dans les produits d’origine animale. Elle est absente des végétaux, sauf de certaines algues ou champignons, mais sa biodisponibilité est souvent faible et varie selon les espèces. Les femmes végétaliennes depuis plusieurs années, non ou peu supplémentées, exposent leurs nourrissons à une carence en vitamine B12 en cas d’allaitement maternel exclusif. Plusieurs cas d’anémie et de retard du développement ont été décrits chez le nourrisson.4 Supplémenter la femme végétalienne allaitante est donc indispensable.
Une revue systématique a mis en évidence qu’une carence en vitamine B12 pouvait atteindre jusqu’à 45 % des nourrissons végétaliens non allaités.5 Ceux-ci doivent donc recevoir une supplémentation en vitamine B12 s’ils ne consomment pas une formule infantile à base de riz. Le contenu en vitamine B12 de ces préparations infantiles est en effet suffisant pour assurer les besoins de ces enfants.
Concernant la carence en calcium, l’enfant allaité par une mère végétalienne consommant différents végétaux n’y est pas exposé car elle puise le calcium dans ses os pour enrichir son lait. Chez le nourrisson non allaité, les apports en calcium reposent principalement sur la consommation de formules infantiles à base de riz, car, à l’inverse, la consommation de jus végétaux peut entraîner des hypocalcémies majeures. Après la diversification, dès que les volumes de préparations infantiles bus deviennent insuffisants pour assurer les besoins en calcium, une supplémentation est nécessaire.
Fausses allergies : intérêt du diagnostic différentiel
Le syndrome de Lucie Frey disparaît en général avant 2 ans
L’intolérance à l’histamine atteint surtout les adultes
L’intolérance à la tyramine, cliniquement proche de l’intolérance à l’histamine
La scombroïdose cliniquement plus sévère
Qu’en est-il des tests de dépistage des intolérances alimentaires ?
Les évictions alimentaires peuvent améliorer le confort digestif par plusieurs mécanismes. Le lactose, le gluten et plus généralement les FODMAPs (Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides And Polyols) peuvent provoquer des douleurs abdominales, ballonnements et gaz par fermentation colique. On peut également supposer que l’éviction de certains aliments riches en histamine ou en tyramine améliore les symptômes, qui sont variés. Enfin, un changement de régime peut influencer la composition du microbiote intestinal et améliorer le ressenti. Mais dans tous les cas les IgG anti-aliments ne seraient pas en cause. Après avoir expliqué ces différents éléments aux familles, il convient de veiller à ce que le régime alimentaire de l’enfant soit le moins restreint possible et qu’aucune carence nutritionnelle ne survienne.
Impliquer les professionnels de santé
Distinguer allergies et sensibilisation
On observe de plus en plus de régimes restrictifs motivés par de supposées allergies alimentaires.
Pour mémoire, on distingue deux types d’allergies alimentaires, dont le diagnostic est clinique :
– les allergies IgE-médiées (urticaire, angiœdème, rhinoconjonctivite, bronchospasme, vomissements, douleur abdominale, voire anaphylaxie dans les 2 heures qui suivent l’ingestion d’un aliment) ;
– les allergies non IgE-médiées (réaction retardée de quelques heures ou jours à type d’eczéma, diarrhée, régurgitations, retard de croissance).
Dans l’allergie IgE médiée, des prick-tests et/ou un dosage des IgE spécifiques peuvent contribuer au diagnostic car il s’agit d’une réaction immunitaire spécifique. Dans l’allergie non IgE-médiée, les tests allergologiques ne sont pas contributifs et sont donc inutiles ; le diagnostic repose sur l’épreuve d’éviction-réintroduction au cours d’une période de 2 à 4 semaines. Elle permet de vérifier la réduction des symptômes puis leur récidive.
La sensibilisation est définie par la présence d’IgE spécifiques sériques, sans réaction allergique associée. Le dosage des IgE (spécifiques ou Trophatop) n’a pas d’intérêt en l’absence de symptôme d’allergie immédiate.
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