Ce livre retrace l’incroyable destin d’une jeune psychiatre d’origine alsacienne, exerçant dans le sud de la France en 1943. Assistant à l’arrestation brutale d’une jeune femme juive par des SS, elle en a pris la défense. Arrêtée comme amie des juifs et refusant de se déjuger, elle a été internée d’abord dans différents camps français avant d’être déportée à Auschwitz et Ravensbrück jusqu’à la fin de la guerre. 

Sa formation médicale, sa condition de non-juive et sa connaissance de l’allemand l’ont conduite à être affectée à l’infirmerie des camps. Cette position lui a permis de constater l’horreur des expérimentations humaines réalisées par les médecins nazis et d’affirmer, au risque de sa vie, ses valeurs morales en refusant toutes les injonctions de participer à ces traitements absurdes. Elle a aussi contribué à l’organisation d’une résistance humaine en protégeant et en cachant au mieux les malades qui lui étaient adressés. Libérée, elle est devenue médecin scolaire et a poursuivi son action humanitaire lors de la guerre d’Algérie, avant de mettre fin à ses jours en 1988 en raison d’une maladie incurable. 

En dehors de mettre en lumière l’histoire méconnue d’Adélaïde Hautval, Juste parmi les nations, et sa force de caractère exceptionnelle, et de rappeler la monstruosité du nazisme (notamment de la part de certains médecins), cet ouvrage souligne surtout que, même dans des conditions extrêmes, une résistance est toujours possible quel qu’en soit le prix. Sa lecture rappelle aussi qu’il est difficile de juger, sans pour autant les défendre, certains comportements plus ou moins collaborationnistes lorsque l’émotion ou le chantage (comme la menace sur les proches familiaux) est en cause. 

Un livre bien écrit et documenté, profondément humain et qui remonte le moral en ces périodes de doute. A. T.