Cet homme de 42 ans, alcoolo-tabagique et vivant seul, était hospitalisé pour une asthénie, des arthralgies et des douleurs des membres inférieurs, associées à un purpura extensif, évoluant depuis 2 mois, sans fièvre. L’examen clinique notait des lésions purpuriques, non infiltrées, sur les membres inférieurs et les fesses, des lésions d’hyperkératose folliculaire, et des hématomes aux jambes (fig. 1) , ainsi qu’une gingivite hypertrophique et hémorragique avec une chute spontanée des dents (fig. 2) . L’hémogramme, l’hémostase, les tests hépatiques et la fonction rénale étaient normaux. Le taux de vitamine C sérique était très bas, inférieur à 3 µmol/L, confirmant le diagnostic clinique de scorbut. Le taux sérique de folates était effondré, inférieur à 2 ng/mL, et la ferritinémie était normale, à 212 ng/mL. Le patient était supplémenté en vitamine C (1 g/j) par voie intraveineuse puis orale pendant 14 jours, permettant une régression complète de l’asthénie, des douleurs, des gingivorragies, des hématomes et du purpura.
Le scorbut est dû à une carence profonde en vitamine C. Cette vitamine n’étant pas synthétisée par l’homme, son apport quotidien par l’alimentation (fruits et légumes frais) est nécessaire. Son absorption intestinale est réduite par l’alcool et le tabac qui augmente également son catabolisme. Son rôle est important dans le métabolisme du fer et de l’acide folique, dans la synthèse du collagène, d’hormones et de neurotransmetteurs, et dans les mécanismes de défense immunitaire. Le diagnostic de scorbut est essentiellement clinique et doit être évoqué chez les malades vivant dans des conditions sociales précaires. Le tableau se constitue en 1 à 3 mois de carence absolue en acide ascorbique (pool total de l’organisme < 300 mg et ascorbémie <11 µmol/L [2 mg/L]). L’évolution peut être fatale par hémorragie, infection, ou lésions cardiopulmonaires.1, 2 Le diagnostic est confirmé par le dosage sérique de la vitamine C (interprétation difficile) ; la Haute Autorité de santé le limite aux patients ayant des signes cliniques évocateurs de scorbut (hémorragies diffuses, atteintes gingivales, arthralgies, troubles de la cicatrisation).3 La supplémentation en vitamine C (1 g/j pendant 2 semaines) permet une réponse habituellement rapide et spectaculaire.
Références
1. Fain O. Vitamine C. Rev Prat 2013;63:1091-6.
2. Safa G, Pieto-Le Corvaisier CH, Cadiou C, Pasquiou A, Rivoallan N. Scorbut en l’an 2000 : 3 cas. Ann Dermatol Venereol 2001;128:1225-8.
3. Haute Autorité de santé. Dosage de la vitamine C dans le sang. Fiche de bon usage et argumentaire, HAS 2018. www.has-sante.fr ou https://bit.ly/2STCLsa
2. Safa G, Pieto-Le Corvaisier CH, Cadiou C, Pasquiou A, Rivoallan N. Scorbut en l’an 2000 : 3 cas. Ann Dermatol Venereol 2001;128:1225-8.
3. Haute Autorité de santé. Dosage de la vitamine C dans le sang. Fiche de bon usage et argumentaire, HAS 2018. www.has-sante.fr ou https://bit.ly/2STCLsa
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