Durant la première année post-greffe d’organe solide peuvent survenir des complications propres à l’organe transplanté ; en revanche, à l’état stable, c’est-à-dire après la première année de greffe, le suivi du transplanté est assez similaire quel que soit l’organe, car, alors, les complications sont liées à l’immunosuppression chronique. Autant durant la première année post-greffe, le patient doit, au moindre signe clinique préoccupant, appeler le centre de greffe car il peut s’agir d’un rejet aigu ou d’une complication infectieuse, autant pour la phase de maintenance le médecin généraliste (MG) a toute sa place, car les problèmes sont moins aigus et plus généraux.
Suivi durant la première année post-greffe
Ainsi, une fois le patient sorti de l’hôpital après la greffe d’organe, il doit effectuer de façon bi-hebdomadaire puis bimensuelle et mensuelle des examens biologiques dont les résultats sont transmis directement et rapidement au centre de greffe : c’est d’importance majeure après greffe rénale, hépatique ou pancréatique car l’augmentation de certains marqueurs biologiques (créatininémie, transaminases, γGT ou glycémie) est prémonitoire de la survenue d’un rejet aigu. A contrario, après greffe cardiaque ou pulmonaire, en l’absence de biomarqueurs disponibles en routine, le patient doit avoir de façon régulière des biopsies endomyocardiques ou endobronchiques afin de dépister des rejets infracliniques. De plus, le taux résiduel de certains immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus, évérolimus) doit être très régulièrement suivi afin d’éviter une toxicité ou une sous-efficacité.
Ces résultats sont analysés en temps réel, soit par un infirmier en pratique avancée (IPA), soit par un médecin de l’équipe de greffe, pour une réactivité optimale. Il existe, par ailleurs, des applications qui permettent au patient de partager les résultats de ses examens biologiques avec l’équipe de greffe (exemple de Predigraft, solution de télésurveillance prédictive de la survie du greffon rénal chez les patients transplantés rénaux).
Durant cette première année post-greffe, le patient greffé d’organe est exposé à de nombreuses complications infectieuses dont certaines peuvent être rapidement létales.6 Les dépister de façon précoce est donc essentiel ! (voir l’article « Risques infectieux après transplantation d’organes solides »,
Le bilan effectué par le centre de greffe au terme de la première année permet de faire le point sur les diverses complications liées au traitement immunosuppresseur et définit la « feuille de route » pour la suite. En effet, à ce stade, le patient peut ou va présenter des complications qui relèvent d’une prise en charge multidisciplinaire dans laquelle le MG tient une place essentielle.
Le bilan effectué douze mois après une greffe peut comporter, en fonction de l’organe greffé, une biopsie de surveillance mais également un examen morphologique et la recherche d’anticorps anti-HLA dirigés spécifiquement contre le greffon. La présence de ces derniers impose de modifier l’immunosuppression de maintenance.
Au-delà de la première année : dépister les complications du traitement antirejet
Après greffe rénale, au-delà de la première année, les taux résiduels cibles de tacrolimus sont de 4 à 6 ng/mL. La mesure du taux résiduel est effectuée tous les deux à trois mois.9,10,11
Néphrotoxicité des anticalcineurines
En cas de néphrotoxicité avérée des anticalcineurines démontrée par une biopsie rénale, une alternative thérapeutique doit être proposée au patient : outre l’arrêt ou de la réduction de l’anticalcineurine, elle repose sur le bélatacept ou un inhibiteur de la mTOR.13-18 Cette démarche est protocolisée mais parfois difficile à réaliser chez des patients ayant une greffe vitale (cardiaque ou pulmonaire).
Traiter l’hypertension artérielle induite
En l’absence d’une telle sténose, le traitement de choix repose sur les anticalciques.19-21 L’objectif est l’obtention d’une pression artérielle inférieure à 140/90 mmHg, voire de l’ordre de 130/80 mmHg.22 Si ce traitement ne suffit pas, il faut y adjoindre un inhibiteur de l’enzyme de conversion ou un sartan. Les diurétiques peuvent être associés, particulièrement si la natriurèse est élevée. Certains anticalciques inhibent le cytochrome P450, cytochrome intervenant dans le métabolisme des anticalcineurines :23,24 essentiellement le diltiazem, le vérapamil et la nicardipine. L’utilisation de ces derniers est fort utile car elle permet de réduire de façon drastique la dose quotidienne d’anticalcineurine et donc de réduire le coût.
Effet diabétogène, en particulier lié au tacrolimus
Risque accru de cancers viro-induits
Suivi en ville de la toxicité de l’immunosuppression chronique
Traitement antirejet à vie après une greffe rénale
Après greffe rénale, il n’y a pas de tolérance immunologique : de fait, un traitement immunosuppresseur à vie est nécessaire. Si ce traitement est mal pris (défaut d’observance) ou mal dosé (baisse à tort de l’immunosuppression par le médecin), le patient peut développer un rejet humoral chronique médié par des anticorps anti-HLA dirigés contre le greffon, pour lequel aucun traitement efficace n’existe et dont l’évolution conduit à la première cause de perte de greffon rénal.
Il y a deux types d’immunosuppression : le traitement d’induction et le traitement de maintenance. Le traitement d’induction est administré à la phase initiale en périopératoire (sérum antithymocytaire ou basiliximab) : il cible les lymphocytes T et prévient le rejet aigu précoce. Le traitement de maintenance repose toujours sur plusieurs médicaments immunosuppresseurs dont la marge thérapeutique est étroite. Il est commencé lors de la greffe ou est différé de quelques jours. Il cible les lymphocytes T et pour certains également les lymphocytes B. La pierre angulaire repose sur les inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine ou tacrolimus) : ils sont très efficaces mais à marge thérapeutique très étroite. La dose quotidienne est guidée par le taux résiduel. Les effets indésirables principaux sont la néphrotoxicité et l’induction d’un diabète de type 2 de novo. Ils peuvent, le cas échéant, être aisément remplacés par le bélatacept, protéine de fusion ciblant une des voies de costimulation des lymphocytes T. Le bélatacept s’administre par voie intraveineuse, tous les mois. Il n’est pas néphrotoxique ni diabétogène. Les antimétabolites (acide mycophénolique ou azathioprine) sont habituellement associés à une anticalcineurine ou au bélatacept. Ils ciblent les lymphocytes T et B et ne nécessitent pas d’adaptation posologique. Leur principal effet indésirable est hématologique : leucopénie, anémie. Ils peuvent, le cas échéant, être remplacés par un inhibiteur de la mTOR (sirolimus ou évérolimus) ciblant également les lymphocytes T et B ; leur posologie est guidée par le taux résiduel. Enfin, les corticoïdes sont largement utilisés, particulièrement durant les premiers mois post-greffe ; chez la majorité des patients, ils sont stoppés après trois à quatre mois de greffe sous couvert de la normalité d’une biopsie du greffon.
Chaque centre de transplantation rénale propose un programme d’éducation thérapeutique (pré- et/ou post-greffe) : les séances d’éducation thérapeutique ne sont pas obligatoires mais elles permettent d’augmenter l’observance thérapeutique (prise des immunosuppresseurs à heures fixes, contrôle régulier des taux résiduels). Pour les patients peu observants, le traitement par bélatacept est l’idéal.
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