Madeleine, 82 ans, diabétique et hypertendue, a eu quelques jours auparavant une tuméfaction douloureuse à l’angle interne de l’œil gauche, qui a été percée la veille par son infirmière en ambulatoire. L’examen montre une érosion cutanée avec au fond un orifice circulaire, par lequel s’écoule une humeur aqueuse, évoquant une fistule lacrymale.
Après traitement par amoxicilline 3 g/j, la patiente cicatrise en une dizaine de jours.

Dacryocystite aiguë

C’est une inflammation du sac lacrymal, liée à une stase liquidienne due à une sténose du canal lacrymo-nasal. Elle se manifeste par une tuméfaction érythémateuse et douloureuse développée sous le tendon canthal interne. La conjonctive est hyperémiée. Les douleurs sont très vives, dues à l’infection et à la rapidité de la distension du sac lacrymal. Elles peuvent irradier vers les dents, l’oreille ou la tempe. L’infection aiguë est généralement due à Staphylococcus aureus ; des streptocoques ou des pneumocoques ont aussi été isolés.1
L’œdème peut diffuser à la paupière inférieure, à la joue et au nez ; les tissus de l’angle interne sont durs et tendus. Une adénopathie sous-maxillaire est parfois décrite. Autres signes possibles : fièvre, polynucléose et VS augmentée. La pression digitale du sac, très douloureuse, ne produit pas de reflux mucopurulent car l’abcès est bloqué au niveau du canal d’union. En l’absence de traitement, la peau s’amincit en regard du point le plus saillant, qui blanchit et finit par fistuliser en laissant sourdre le pus. L’abcès peut aussi fistuliser vers les cellules ethmoïdales antérieures ou spontanément vers le nez.2
Le processus infectieux reste généralement limité à la partie antérieure de l’orbite, mais le risque de cellulite n’est pas négligeable, notamment chez les personnes très âgées et/ou immunodéprimées. Il faut la redouter devant une baisse d’acuité visuelle, une exophtalmie avec chémosis, une limitation de mobilité oculaire. Rarement, les complications peuvent provoquer : perte visuelle, atrophie optique, thrombo- phlébite du sinus caverneux, méningite.
Les fistules chroniques, rares de nos jours, persistent parfois à titre de séquelles. Elles sont situées en regard du sac dans le sillon palpébral inférieur (possible production d’une sécrétion mucopurulente). La peau est remaniée à ce niveau : le trajet fistuleux est tapissé d’un épiderme fibreux et inflammatoire.2
La prise en charge repose sur une antibiothérapie par voie générale (amoxicilline 1 g en 3 prises par jour pendant 7 jours), associée à des antalgiques.
Le traitement chirurgical définitif, la dacryocystorhinostomie, est pratiqué après un délai de stabilisation.1, 2 Il consiste à relier le sac lacrymal aux fosses nasales après avoir réalisé un orifice osseux au niveau de la branche montante du maxillaire supérieur.
Références
1. Garrity J, MacMillan W, MacMillan B. Dacryocystitis. MSD Manual; 2019.
2. George JL. Pathologie de la portion verticale des voies lacrymales excrétrices chez l’adulte. EMC (Elsevier SAS, Paris), ophtalmologie, 1994, article [21-170-A-10].

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