Martin, 21 ans, consulte pour une douleur de l’épaule droite. Joueur de rugby, il a chuté sur le moignon de l’épaule quelques jours plus tôt lors d’un match, de façon assez violente. Il a ressenti une douleur brutale et diffuse au niveau du cou.
Lors de la consultation, il montre précisément que la douleur siège en avant, pointant l’extrémité proximale de la clavicule. L’examen de l’épaule ne retrouve aucune limitation passive ou active ni de douleur locale. La palpation de l’articulation acromioclaviculaire est non contributive. En revanche, on remarque une voussure en regard de l’articulation sternoclaviculaire (fig. 1) avec une douleur élective et intense.
Les radiographies ne retrouvent aucune anomalie ; le scanner ne montre pas de signe de luxation. Le diagnostic retenu est donc celui d’une entorse sternoclaviculaire. La prise en charge consiste en une immobilisation coude au corps pendant dix jours, puis en une rééducation.
Les atteintes de l’articulation sternoclaviculaire sont rares (environ 3 % des blessures de la ceinture scapulaire), mais leurs conséquences peuvent être majeures. Dans plus de 50 % des cas, le diagnostic n’est fait qu’à distance du traumatisme.
Classiquement, il existe trois stades dans l’atteinte de l’articulation sternoclaviculaire :- l’entorse simple ;
- la rupture capsulo-ligamentaire avec subluxation articulaire ;
- la luxation articulaire.
L’interrogatoire est primordial ; il permet d’identifier l’importance du traumatisme, et surtout son mécanisme : un traumatisme direct sur la clavicule conduit classiquement à une disjonction postérieure, alors qu’une chute avec traumatisme indirect sur le moignon de l’épaule entraîne plutôt une disjonction antérieure.
Cliniquement, le patient se présente parfois avec une attitude de traumatisé du membre supérieur ; l’inspection met en évidence une voussure, un empâtement œdémateux en regard de l’articulation sternoclaviculaire. La palpation révèle une douleur élective, avec une voussure en cas de disjonction antérieure, ou une vacuité en cas de disjonction postérieure. Dans ce dernier cas, il faut obligatoirement rechercher des signes associés, témoignant de la gravité de l’atteinte : dysphagie, dysphonie, dyspnée, paresthésie et atteinte vasculaire du membre supérieur homolatéral.
Concernant les examens complémentaires, la radiographie standard est d’interprétation difficile mais permet de ne pas méconnaître une fracture associée. L’examen de référence est le scanner (
Le traitement consiste en une immobilisation coude au corps (durant 10 à 15 jours pour les stades 1, et environ 3 semaines pour les stades 2) suivie d’une phase de rééducation. Pour les luxations, la réduction s’effectue généralement sous anesthésie générale au bloc opératoire, soit par voie fermée, soit par voie ouverte, notamment s’il s’agit d’une récidive.
Figure 1.
Figure 2.
De Jong KP, Sukul DM. Anterior sternoclavicular dislocation: A long-term follow-up study. J Orthop Trauma 1990;4(4):420-3.
Glass ER, Thompson JD, Cole, PA et al. Treatment of sternoclavicular joint dislocations: A systematic review of 251 dislocations in 24 case series. J Trauma 2011;70(5):1294-98.
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