Bob Marley, figure emblématique du reggae, est décédé le 11 mai 1981 à l’âge de 36 ans, d’un mélanome acrolentigineux. Ce cancer localisé sous l’ongle d’un orteil est passé inaperçu pendant des années.
Robert Nesta Marley (6 février 1945-11 mai 1981), plus connu sous le nom de Bob Marley, aurait eu 78 ans en 2023 si sa vie n’avait pas été brutalement interrompue par un cancer de la peau particulièrement agressif. Le roi du reggae, chanteur et musicien de légende aux 250 millions d’albums vendus, joueur de football professionnel et père de famille, est décédé tragiquement le 11 mai 1981, à l’âge de 36 ans, d’un mélanome acrolentigineux.
Il laisse derrière lui un immense héritage tant musical que culturel et reste une figure de la culture rastafari, du mouvement panafricaniste et de la légalisation du cannabis.
Voici son histoire... médicale.
Il laisse derrière lui un immense héritage tant musical que culturel et reste une figure de la culture rastafari, du mouvement panafricaniste et de la légalisation du cannabis.
Voici son histoire... médicale.
Mélanome acrolentigineux diagnostiqué à la suite d’un match de football
Durant l’été 1977, alors au sommet de sa gloire et en tournée en Europe (fig. 1 ), Bob Marley dispute un match de football à Paris avec des journalistes et des membres de son groupe The Wailers. Lorsqu’un adversaire lui marche sur le pied, l’ongle de son gros orteil se met à saigner fortement. C’est alors qu’il repense à cette tache sombre qui s’est développée depuis plusieurs années et qu’il a négligée ; elle avait pourtant entraîné des « blessures spontanées » de l’ongle qui ne guérissaient jamais complètement.
Après cet épisode, il consulte un médecin, qui lui retire l’ongle, sans pour autant l’envoyer en analyse anatomopathologique. Malheureusement, ce geste clinique n’entraîne pas d’amélioration, et l’état de Bob Marley se dégrade progressivement.
À la fin de l’été, et à la faveur d’une nouvelle consultation, un médecin procède à une biopsie du lit de l’ongle, le diagnostic tombe enfin : il s’agit d’un mélanome acrolentigineux.
Les croyances mystiques et la religion rastafari du musicien le poussent à refuser une amputation, qui aurait été le seul moyen de potentiellement stopper l’évolution de la maladie. Il accepte finalement une chirurgie conservatrice minimale associée à une greffe de peau, qui est réalisée à l’hôpital universitaire de Miami par un chirurgien orthopédiste célèbre, le Dr Bacon.
Mais le dimanche 21 septembre 1980, juste après deux concerts historiques donnés au Madison Square Garden de New York, Bob Marley s’effondre au cours d’un footing dans Central Park. Un bilan complémentaire au Sloan Kettering Cancer Center de New York révèle des métastases cérébrales, hépatiques et pulmonaires du mélanome. Les médecins lui donnent un mois à vivre…
Après cet épisode, il consulte un médecin, qui lui retire l’ongle, sans pour autant l’envoyer en analyse anatomopathologique. Malheureusement, ce geste clinique n’entraîne pas d’amélioration, et l’état de Bob Marley se dégrade progressivement.
À la fin de l’été, et à la faveur d’une nouvelle consultation, un médecin procède à une biopsie du lit de l’ongle, le diagnostic tombe enfin : il s’agit d’un mélanome acrolentigineux.
Les croyances mystiques et la religion rastafari du musicien le poussent à refuser une amputation, qui aurait été le seul moyen de potentiellement stopper l’évolution de la maladie. Il accepte finalement une chirurgie conservatrice minimale associée à une greffe de peau, qui est réalisée à l’hôpital universitaire de Miami par un chirurgien orthopédiste célèbre, le Dr Bacon.
Mais le dimanche 21 septembre 1980, juste après deux concerts historiques donnés au Madison Square Garden de New York, Bob Marley s’effondre au cours d’un footing dans Central Park. Un bilan complémentaire au Sloan Kettering Cancer Center de New York révèle des métastases cérébrales, hépatiques et pulmonaires du mélanome. Les médecins lui donnent un mois à vivre…
Traitements conventionnels ou non… tous inefficaces
Bob Marley assure malgré tout un dernier concert à Pittsburgh le 23 septembre 1980, avant que la tournée Uprising Tour ne soit définitivement annulée.
Il est traité par des séances de radiothérapie et de chimiothérapie qui lui font perdre ses mythiques dreadlocks. Malheureusement, le traitement reste inefficace.
Sa femme, Rita, insiste pour qu’il soit baptisé le 4 novembre 1980 à l’église orthodoxe éthiopienne de Miami dont la plus haute autorité était alors feu l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier, considéré par les rastas comme étant la réincarnation de Jésus. Bob Marley prend pour nom de baptême Berhane Sélassié (« Lumière de la Sainte-Trinité » en amharique).
En désespoir de cause, quelques jours plus tard, il s’envole pour l’Allemagne, vers la clinique bavaroise du controversé Dr Josef Issels, médecin, ancien nazi repenti, connu à l’époque pour proposer des prises en charge de médecine parallèle (fig. 2 ). Bob Marley y subit des transfusions sanguines, des séances d’hyperthermie et des injections de THX – un supposé agent anticancéreux. Son état clinique continue de se dégrader.
En mai 1981, comprenant que la fin de sa vie est proche, il exprime le souhait de terminer ses jours en Jamaïque, sa terre natale. Hélas ! son état de santé se dégrade dans l’avion, l’obligeant à atterrir en urgence à Miami où il est admis à l’hôpital et décède le 11 mai 1981 : c’est la fin d’un combat de quatre ans contre le cancer.
Il se dit que ses derniers mots, adressés à son fils Ziggy, ont été « L’argent ne peut pas acheter la vie. »
Bob Marley a reçu un hommage national en Jamaïque et est enterré avec une guitare, un ballon de football, une fleur de cannabis, une bague et une Bible.
Il est traité par des séances de radiothérapie et de chimiothérapie qui lui font perdre ses mythiques dreadlocks. Malheureusement, le traitement reste inefficace.
Sa femme, Rita, insiste pour qu’il soit baptisé le 4 novembre 1980 à l’église orthodoxe éthiopienne de Miami dont la plus haute autorité était alors feu l’empereur d’Éthiopie Haïlé Sélassié Ier, considéré par les rastas comme étant la réincarnation de Jésus. Bob Marley prend pour nom de baptême Berhane Sélassié (« Lumière de la Sainte-Trinité » en amharique).
En désespoir de cause, quelques jours plus tard, il s’envole pour l’Allemagne, vers la clinique bavaroise du controversé Dr Josef Issels, médecin, ancien nazi repenti, connu à l’époque pour proposer des prises en charge de médecine parallèle (
En mai 1981, comprenant que la fin de sa vie est proche, il exprime le souhait de terminer ses jours en Jamaïque, sa terre natale. Hélas ! son état de santé se dégrade dans l’avion, l’obligeant à atterrir en urgence à Miami où il est admis à l’hôpital et décède le 11 mai 1981 : c’est la fin d’un combat de quatre ans contre le cancer.
Il se dit que ses derniers mots, adressés à son fils Ziggy, ont été « L’argent ne peut pas acheter la vie. »
Bob Marley a reçu un hommage national en Jamaïque et est enterré avec une guitare, un ballon de football, une fleur de cannabis, une bague et une Bible.
Un mélanome des peaux noires
Le mélanome acrolentigineux ou « mélanome des extrémités » est une forme anatomoclinique particulière de mélanome représentant moins de 10 % de ces cancers mais particulièrement représentée chez les personnes ayant la peau foncée ou noire. Contrairement aux formes habituelles de mélanome, il n’est pas lié à l’exposition aux ultraviolets (UV) mais plutôt à des facteurs génétiques et survient sur des zones qui le rendent difficile à diagnostiquer : ongles, orteils, paumes des mains et plantes des pieds.
L’histoire de Bob Marley illustre bien le fait que les personnes ayant la peau foncée ou noire peuvent développer des cancers de la peau alors qu’elles sont souvent moins suivies, moins ciblées par les campagnes de dépistage, et peut-être moins enclines à se protéger des UV. Pourtant, le mélanome acrolentigineux est particulièrement agressif, et son risque métastatique est élevé.
La prise en charge du mélanome a considérablement évolué. S’il avait été diagnostiqué aujourd’hui, Bob Marley aurait probablement bénéficié d’un TEP-scanner pour le bilan d’extension et, en l’absence de métastases, une excision large de la tumeur (conservatrice si possible) aurait été décidée, avec l’application de la technique du ganglion sentinelle. Au stade métastatique, une double immunothérapie (anti-CTLA et anti-PD-1) aurait été privilégiée puisqu’elle donne souvent de meilleurs résultats que l’immunothérapie anti-PD-1 seule. Une recherche de statut mutationnel BRAF (peu retrouvé dans ce type de mélanome), NRAS et C-KIT (plus fréquent) aurait été réalisée.
L’histoire personnelle de Bob Marley rappelle que le mélanome est le cancer de la peau le plus grave et qu’il peut survenir sur tous les phototypes et dans toutes les localisations.
Le mélanome est devenu, récemment, la première cause de mortalité en France chez les adultes de moins de 30 ans alors même que la peau est le seul organe complètement visible du corps. Il est donc indispensable d’éduquer tous les patients sur ce risque et sur la nécessité de l’autodépistage.
L’histoire de Bob Marley illustre bien le fait que les personnes ayant la peau foncée ou noire peuvent développer des cancers de la peau alors qu’elles sont souvent moins suivies, moins ciblées par les campagnes de dépistage, et peut-être moins enclines à se protéger des UV. Pourtant, le mélanome acrolentigineux est particulièrement agressif, et son risque métastatique est élevé.
La prise en charge du mélanome a considérablement évolué. S’il avait été diagnostiqué aujourd’hui, Bob Marley aurait probablement bénéficié d’un TEP-scanner pour le bilan d’extension et, en l’absence de métastases, une excision large de la tumeur (conservatrice si possible) aurait été décidée, avec l’application de la technique du ganglion sentinelle. Au stade métastatique, une double immunothérapie (anti-CTLA et anti-PD-1) aurait été privilégiée puisqu’elle donne souvent de meilleurs résultats que l’immunothérapie anti-PD-1 seule. Une recherche de statut mutationnel BRAF (peu retrouvé dans ce type de mélanome), NRAS et C-KIT (plus fréquent) aurait été réalisée.
L’histoire personnelle de Bob Marley rappelle que le mélanome est le cancer de la peau le plus grave et qu’il peut survenir sur tous les phototypes et dans toutes les localisations.
Le mélanome est devenu, récemment, la première cause de mortalité en France chez les adultes de moins de 30 ans alors même que la peau est le seul organe complètement visible du corps. Il est donc indispensable d’éduquer tous les patients sur ce risque et sur la nécessité de l’autodépistage.
Références
1. Phan A, Touzet S, Dalle S, Ronger-Savlé S, Balme B, Thomas L. Acral lentiginous melanoma: A clinicoprognostic study of 126 cases. British Journal of Dermatology 2006;155(3):561‑9.
2. Kyriakou G, Kyriakou A, Papanikolaou S, Glentis A. Don’t worry about a thing… every little thing gonna be all right (except for acral lentiginous melanoma). Clinics in Dermatology 2022;40(5):613‑6.
3. Albreski D, Sloan SB. Melanoma of the feet: Misdiagnosed and misunderstood. Clinics in Dermatology 2009;27(6):556‑63.
2. Kyriakou G, Kyriakou A, Papanikolaou S, Glentis A. Don’t worry about a thing… every little thing gonna be all right (except for acral lentiginous melanoma). Clinics in Dermatology 2022;40(5):613‑6.
3. Albreski D, Sloan SB. Melanoma of the feet: Misdiagnosed and misunderstood. Clinics in Dermatology 2009;27(6):556‑63.
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