Un homme de 60 ans consulte pour un œdème douloureux des lèvres apparu 3 jours plus tôt, dans un contexte de stress. Un traitement par antihistaminique a été prescrit initialement, mais n’a pas été efficace. Face à la crainte d’un œdème de Quincke, une corticothérapie orale est débutée. Lors de l’examen clinique quarante-huit heures plus tard, le patient a un œdème asymétrique des deux lèvres associé à des lésions vésiculeuses, fibrineuses, sangui­nolentes et noirâtres.

L’herpès orofacial est dû à une infection par le virus Herpes simplex 1 (HSV-1), plus rarement HSV-2. La transmission se fait par contact direct cutanéomuqueux. La primo-infection (gingivostomatite) est fréquente avant l’âge adulte. Le virus reste ensuite à l’état latent au niveau des ganglions nerveux sensitifs. Les récurrences sont favorisées par de multiples facteurs : stress, rayons ultraviolets, fatigue, immunodépression…
Cliniquement, l’éruption est souvent précédée de prodromes (douleurs, brûlures, prurit…), puis apparaissent des vésicules groupées en bouquet, uni­latérales, avec un œdème, évoluant vers des érosions et la formation de croûtes.
Aucun examen complémentaire n’est nécessaire au diagnostic. Si l’expression clinique est atypique, une PCR du contenu d’une vésicule peut cependant être réalisée. La sérologie n’a pas d’intérêt dans ce contexte.
Le traitement est principalement symptomatique, avec des antalgiques et des émollients. La guérison spontanée se fait en une à deux semaines. Un traitement antiviral oral peut être prescrit. Il est à débuter au plus tard quarante-huit heures après le début des signes. Lors d’une primo-infection, il faut prescrire de l’aciclovir (200 mg, 5 fois/j) pendant cinq à dix jours. Si besoin, ce traitement peut être accompagné de mesures de réhydratation.
Lors des récidives, l’aciclovir, à renouveler douze heures plus tard, est indiqué. Les antiviraux topiques n’ont pas montré d’efficacité significative et sont, de plus, associés à la contrainte d’application toutes les deux heures pendant quatre jours.
Un traitement préventif suspensif par aciclovir (400 mg, 2 fois/j) au long cours est recommandé s’il existe plus de six récurrences par an.

Cette fiche est le 4e diagnostic différentiel d’une série de 4 à retrouver dans les prochains numéros et sur https://www.larevuedupraticien.fr/articles/cas-cliniques

Pour en savoir plus

Dauendorffer JN, Saiag P. Herpès cutanéo-muqueux. Rev Prat Med Gen 2010;24(835):99-100.

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