Samia, 46 ans, consulte en urgence pour une éruption du visage et d’une partie du corps, évoluant depuis quarante-huit heures, en plein été. Elle est suivie principalement pour un diabète. L’examen identifie des lésions mélicériques très suintantes, sans fièvre associée. Elle révèle avoir réalisé un soin avec des huiles essentielles quelques jours auparavant.
La photosensibilisation est une réaction exagérée ou anormale à un rayonnement ultraviolet (UV) naturel ou artificiel. La photoallergie se distingue de la phototoxicité par le délai d’apparition et le type de symptômes : la phototoxicité est liée aux propriétés chimiques du médicament ou se déclenche quelques heures après l’exposition au soleil ; la photoallergie survient sur un terrain prédisposant et nécessite plusieurs jours de sensibilisation au produit.
Cliniquement, la phototoxicité se manifeste par une réaction cutanée douloureuse, avec apparition de lésions bulleuses sur les zones photoexposées. Les lésions de la photoallergie sont similaires à celles de l’eczéma ou de l’urticaire ; elles peuvent s’étendre à distance des zones photoexposées, comme dans ce cas.
Afin de confirmer le diagnostic, des explorations allergologiques sont réalisées. Ici, une hypersensibilité multiple a été identifiée (nickel, chrome, cobalt, lanoline, baume du Pérou et surtout citronellol, présent dans l’huile essentielle employée).
La complication la plus fréquente est l’impétigo. Une surinfection par le virus de l’herpès (syndrome de Kaposi-Juliusberg) est également possible. Une modification des croûtes mélicériques fait suspecter un impétigo ; la présence de vésicules un Kaposi-Juliusberg.
Le traitement est symptomatique : antibiotiques topiques (mupirocine) ou per os si forme grave ou étendue d’impétigo ; dermocorticoïdes et émollients pour la photo- sensibilisation. Si un allergène en cause est découvert, son éviction à vie est indiquée.
Beani JC. Photodermatoses. EMC 2015;98(785):1-10.
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