Cette patiente de 52 ans, sans antécédents personnels ou familiaux de tuberculose et sans notion de contage tuberculeux, consultait pour de multiples lésions nodulaires érythémato-violines et hyperpigmentées des deux jambes, bien limitées et très douloureuses, certaines ulcérées à fond érythémateux et à surface fibrineuse, mesurant entre 0,5 et 1,5 cm de diamètre (fig. 1 ). Ce tableau évoluait depuis deux ans, sans autre signe d’imprégnation tuberculeuse. L’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine était phlycténulaire mais le bilan à la recherche d’un foyer tuberculeux profond s’est avéré négatif. Une biopsie cutanée a révélé de nombreux granulomes tuberculoïdes avec parfois une nécrose caséiforme centrale et des débris neutrophiliques. Il existait également des lésions de vascularite. La patiente a été traitée par antituberculeux pendant 6 mois, associés à la colchicine 1 mg/j. Une nette amélioration a été observée, avec disparition des lésions nodulaires, cicatrisation totale des ulcères mais persistance de cicatrices hyperpigmentées (fig. 2 ).
La tuberculose cutanée, encore courante au Maroc, est présente dans 1 à 2 % des cas de tuberculose. L’érythème induré de Bazin, affection rare et chronique, appartient au groupe des vascularites nodulaires et est considéré comme une réaction d’hypersensibilité de type IV à de multiples antigènes, essentiellement au Mycobacterium tuberculosis (il s’agit donc dans ce cas d’une forme réactionnelle rare de tuberculose cutanée). Son diagnostic est suspecté cliniquement et confirmé histologiquement.1, 2 Sa prise en charge thérapeutique reste mal codifiée mais le traitement symptomatique par la dapsone et la colchicine semble être une bonne option.3 Dans le cas rapporté, l’instauration d’un traitement antituberculeux était justifiée par la positivité de l’IDR et la présence d’un granulome tuberculoïde à la biopsie, d’autant que le Maroc demeure une zone d’endémie tuberculeuse. L’association à la colchicine permet d’obtenir une rémission prolongée et sans récidive.
Références
1. Ben Salem T, Khedher M, Lamloum M, Ben Ghorbel I, Houman MH. Aspects cliniques, anatomopathologiques et thérapeutiques de l’érythème induré de Bazin dans un pays d’endémie tuberculeuse. La Revue de Médecine Interne 2018;39:A144.
2. Nakouri I, Litaiem N, Jones M, Raboudi A, Hariz A, Jaziri F, et al. Erythème induré de Bazin dans un pays d’endémie tuberculeuse. La Revue de Médecine Interne 2017;38:A225.
3. Chabchoub I, Ben Tanfous A, Zaouak A, Fenniche S, Ghorbel HH. Particularités de l’érythème induré de Bazin dans un pays d’endémie tuberculeuse. La Revue de Médecine Interne 2020;41:A171.
2. Nakouri I, Litaiem N, Jones M, Raboudi A, Hariz A, Jaziri F, et al. Erythème induré de Bazin dans un pays d’endémie tuberculeuse. La Revue de Médecine Interne 2017;38:A225.
3. Chabchoub I, Ben Tanfous A, Zaouak A, Fenniche S, Ghorbel HH. Particularités de l’érythème induré de Bazin dans un pays d’endémie tuberculeuse. La Revue de Médecine Interne 2020;41:A171.
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