Une patiente de 78 ans consulte pour des lombalgies subfébriles associées à des frissons. Elle est sous immunothérapie (rituximab) pour une maladie de Waldenström.
À l’examen clinique, elle a une fébricule à 37,9 °C et une douleur élective à la percussion du rachis lombaire.
La patiente est hospitalisée. Le bilan biologique retrouve un syndrome inflammatoire (CRP à 82 mg/L), les hémocultures une bactériémie à Campylobacter jejuni et l’IRM panrachidienne confirme l’aspect évocateur de spondylodiscite en L3 -L4 (figure).
Un avis spécialisé en infectiologie préconise un traitement par amoxicilline-acide clavulanique à raison de 1 g trois fois par jour et ciprofloxacine 500 mg deux fois par jour durant six semaines. Aucune indication chirurgicale n’est retenue.  

La spondylodiscite est une infection des corps vertébraux et de l’espace intervertébral. Son incidence croît ces dernières années, notamment à cause de l’augmentation du nombre de patients immunodéprimés.1

Le plus souvent, la contamination se fait par voie hématogène et l’agent infectieux responsable identifié est Staphylococcus aureus.1 Le rachis lombaire est l’étage vertébral le plus fréquemment touché (50 %). 

Le diagnostic repose sur :

  • l’examen clinique, avec un syndrome rachidien, pas toujours fébrile ;
  • des examens complémentaires, avec un syndrome inflammatoire biologique ;
  • des hémocultures, donnant le diagnostic microbiologique dans 70 % des cas ;
  • une IRM, montrant une atteinte inflammatoire du disque avec érosions en miroir des plateaux vertébraux sus- et sous-jacents (hyposignal T1, hypersignal T2).
 

Il est primordial de rechercher systématiquement des signes de complications neurologiques (syndrome lésionnel ou sous-lésionnel) ou d’endocardite infectieuse amenant à réaliser une nouvelle IRM ou une échocardiographie transthoracique (ETT) et/ou une échocardiographie transœsophagienne (ETO) en urgence.2

Par ailleurs, la complication locale la plus fréquente est l’abcès paravertébral.1

Le traitement repose sur une antibiothérapie ciblée pendant six semaines ainsi qu’une immobilisation antalgique et de la kinésithérapie adaptée à l’évolution.

La chirurgie reste exceptionnelle. Elle se justifie en cas de compression médullaire ou radiculaire, ou à distance, à visée stabilisatrice dans les formes très destructrices.2 

Références
1.  Gentile L, Benazzo F, Rosa FD, et al. A systematic review: Characteristics, complications and treatment of spondylodiscitis. Eur Rev Med Pharmacol Sci 2019;23 (2 Suppl):117-128.
2. Item n° 156. Infections ostéo-articulaires (IOA) de l’adulte et de l’enfant. ECN Pilly 2021.

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