Alexandrie, 1855
Des sœurs de la Charité au chevet du malade
Du malade, François Barral, au nom qui fleure bon le Midi méditerranéen, je n’ai pas trouvé de traces, mais il semble être un personnage d’une certaine importance vu les égards et les soins qu’on a pour lui. Ce nom de famille est aujourd’hui encore fréquent dans le Sud/Sud-Est de la France, ce qui va bien avec la langue italienne de l’inscription et le choix du sanctuaire marial. La scène se passe dans une vaste pièce d’architecture grandiose, avec deux fenêtres, aux voûtes en anse de panier, reposant sur des colonnes dont n’apparaissent qu’un chapiteau à l’extrême gauche et un tambour cannelé à l’extrême droite. L’ambiance religieuse est accentuée (mais non assurée) par l’énorme crucifix sur pied posé sur une petite table au pied du lit, entre deux chandeliers ; et la peinture de la vision en haut à droite d’une Vierge à l’Enfant, tous deux vêtus de bleu et couronnés, dans des nuages ressemblant à des boules de neige disposées en cercle, selon l’iconographie traditionnelle de Laghet ; il en sort vers le malade des rayons bienfaisants d’un rouge doré.
Une chaise percée ?
Les engagements de la Compagnie de Suez
Les ex-voto de Notre-Dame-de-Laghet
Ce sanctuaire de Laghet (fig. A) reste aujourd’hui bien vivant et présente sur son site internet1 « l’ex-voto du mois » : voici celui qui a été choisi pour décembre 2020, présentant une catastrophe naturelle (fig. B). Sur ce fixé sous verre une famille de trois personnes, père, mère et enfant (un garçonnet aux cheveux courts et encore en robe ?) en prières de remerciement (V.P.G.A), pour avoir échappé au terrible tremblement de terre du 23 février 1887 à 5h43 du matin, qui ravagea la Ligurie et frappa plus légèrement la région de Menton, la principauté de Monaco, Nice et son territoire, faisant plus de 600 morts et de très nombreux blessés, et causant d’importantes dégâts matériels, notamment sur la voûte de l’église de Laghet2. Au-dessus de la Vierge à la riche robe solennelle, veille saint François d’Assise dans son austère robe de bure brune.
2. Laurenti A. Les tremblements de terre des Alpes-Maritimes. Nice : Serre, 2003.
2. Figure de la lutte contre les épidémies qui ravageaient l’Égypte (en 1831, une épidémie de choléra avait fait 35 000 morts au Caire), il avait lutté contre une épidémie de peste en 1835, puis avait dû revenir en France à la mort de Méhémet Ali. Revenu en Égypte, il y restera jusqu’en 1858.
3. Sur l’habillement des Filles de la Charité et ses transformations avec l’apparition de la cornette à ailes rigides vers 1750, puis le déploiement de celles-ci, voir les illustrations de Daniel-Rops, Monsieur Vincent, Paris, 1959.
4. Bréjon de Lavergnée M. Histoire des Filles de la Charité, XIIe-XVIIIe siècles. La rue pour cloître. Paris, 2011.
5. Henneau ME. Se vêtir au couvent, quand on est femme ! In : Quand l’habit faisait le moine. Une histoire du vêtement civil et religieux en Luxembourg. Bastogne : Musée de Piconrue, 2004 :139-61.
6. Jagailloux S. La médicalisation de l’Égypte au XIXe siècle (1798-1918). Paris, 1986.
7. Frémaux C. Santé et hygiénisme dans les villes du canal de Suez. Fin XIXe siècle-1re moitié du XXe siècle ». Égypte, Monde arabe, 2007:75-101 (Dossier « Figures de la santé en Égypte »).
8. Monteil N. Un chantier médicalement surveillé. In : Le Chantier du canal de Suez (1859-1869). Une histoire des pratiques techniques. Paris, 1998.
9. Vaultier R. Le canal de Suez et la médecine. Presse Med 1956;64:1960-1.
Une question, un commentaire ?