Un marin-pompier de 23 ans consulte car il y a 2 semaines sont apparues des vésicules prurigineuses de la face palmaire des 2 mains et des avant-bras. Antécédents : une dermatite atopique dans l’enfance et une xérose cutanée avec dermographisme. Un bilan réalisé 6 ans auparavant ne retrouvait pas d’allergie. Il n’a pas modifié ses habitudes de vie (lessive, produits d’hygiène corporelle). Il décrit des troubles anxieux transitoires liés à une situation conflictuelle au travail.
Cliniquement, on note une éruption vésiculeuse de la face latérale des doigts, avec une lésion suintante et érythémato-suintante de la face palmaire de la main gauche (fig. 1). Au niveau des avant-bras siègent des plaques érythémato-prurigineuses. Sur les doigts, on remarque de petites vésicules tendues enchâssées dans l’épiderme associées à une sensation de cuisson intense. Le patient a bénéficié dans un premier temps de soins locaux avec désinfection et applications quotidiennes de bétaméthasone 0,05 % crème sur les zones touchées.
Au bout d’une semaine, les vésicules ont conflué en bulles sur les paumes des mains et les plantes des pieds. Il décrit un prurit palmoplantaire important avec des douleurs intenses qui le handicapent à la marche. Les lésions traitées par bétaméthasone 0,05 % crème au niveau de la face dorsale des mains se sont améliorées.
Après avis dermatologique, on prescrit clobétasol 0,05 % crème pour cette poussée d’eczéma avec dyshidrose palmoplantaire majeure probablement déclenchée par un stress professionnel. L’évolution est marquée par l’apparition de plaques érythémato-squameuses aux limites floues sur les mains et les pieds. Après 6 semaines de traitement local et 1 mois d’arrêt de travail, on observe une résorption progressive des lésions cutanées (fig. 2).

Discussion

Le diagnostic d’eczéma palmoplantaire dyshidrosique est clinique, fondé sur l’aspect macroscopique des lésions et leur topographie. L’éruption est typiquement symétrique, formée de vésicules enchâssées dans l’épiderme, siégeant sur les faces latérales des doigts et des orteils, en bordure des paumes et des plantes. Lors de l’apparition des vésicules, un prurit ou une sensation de cuisson intense est parfois décrit. Ces vésicules peuvent confluer et donner naissance à des bulles multiloculaires pouvant devenir hémorragiques ou suintantes.1 La dyshidrose évolue par poussées, en particulier en période estivale. Elle est le plus souvent idiopathique, et peut survenir sur un terrain atopique ou être déclenchée par une sensibilisation de contact (cosmétiques). Intertrigo et tabagisme seraient favorisants.
Le traitement est symptomatique : dermocorticoïdes biquotidiens (1 à 2 semaines) suivis d’une décroissance progressive.2 En cas de lésions suintantes ou érosives, un antiseptique local doit être appliqué. Une antibiothérapie générale n’est justifiée qu’en cas d’infection avérée. Un intertrigo associé est traité par antifongiques locaux. Lorsque les topiques sont inefficaces et que les lésions sont très handicapantes, une cure courte de corticothérapie générale peut être envisagée (exceptionnellement). Les récidives sont fréquentes.

Références
1. Devillers C, Pierard C, Hermanns-Lê T, Pierard G. Dysidrose palmo-plantaire sous sous le kaléidoscope. Rev Med Liège 2010;65:18-22.
2. Collège des enseignants en dermatologie de France. Item 183–UE 7. Hypersensibilités et allergies cutanéo-muqueuses chez l’enfant et l’adulte. Ann Dermatol Vénéréol 2015;142S:S145-S166.

Une question, un commentaire ?