Une patiente de 86 ans consulte pour une lésion érosive douloureuse de la lèvre inférieure saignant au contact et présente depuis plusieurs mois (figure). Dans ses antécédents, on note un asthme et une allergie au pollen pour laquelle elle est traitée quotidiennement par antihistaminiques. Elle ne fume pas.
Une biopsie-exérèse de la lésion labiale est réalisée. Elle permet de poser le diagnostic de lichen plan érosif.
L’exérèse de cette lésion à visée diagnostique a été totale et a permis une cicatrisation ad integrum sans autre traitement nécessaire.
Le lichen plan est une maladie dermatologique inflammatoire chronique bénigne d’origine immunitaire à médiation cellulaire. Elle touche essentiellement les femmes d’âge moyen. La muqueuse buccale est le plus souvent concernée, mais toutes les muqueuses peuvent être atteintes (région génitale, anus, larynx ; plus rarement conduit auditif externe, membrane tympanique et œsophage), de même que la peau et les phanères.
La cause est inconnue. Dans les zones atteintes, on constate une accumulation de lymphocytes T et une augmentation du rythme de différenciation épithéliale. Il en résulte une hyperkératose et un érythème avec ou sans érosions. Il est admis que le stress joue un rôle dans le développement et l’aggravation des lésions existantes.1
Cliniquement, les lésions peuvent se manifester sous forme réticulée : asymptomatiques, bilatérales et symétriques. Mais la forme érosive est la plus fréquente : association de zones érosives douloureuses nettement limitées à un fond érythémateux. La localisation gingivale est la plus décrite dans la littérature scientifique.1 Pour cette patiente, la lésion était labiale inférieure, avec une zone érosive, une desquamation et une ébauche de réticulations à la périphérie de la lésion.
Une confirmation histologique par biopsie est indispensable pour éliminer les diagnostics différentiels (leucoplasies, lésions lichenoïdes…).
La prise en charge thérapeutique consiste à utiliser des corti­costéroïdes locaux. D’autres agents topiques peuvent être proposés (inhibiteurs de la calcineurine, rétinoïdes).1 Une corticothérapie systémique est envisagée en cas de forme diffuse ou résistante.
Une surveillance clinique, voire histologique, est recommandée pour détecter au plus tôt la moindre modification des lésions (ou leur réapparition en cas d’exérèse).1 Le risque de transformation maligne est plus élevé pour les localisations linguales, labiales (et plus globalement de la cavité orale), œsophagiennes, laryngées, et vulvaire.2
Références
1. Alrashdan MS, Cirillo N, McCullough M. Oral lichen planus: a literature review and update. Arch Dermatol Res 2016;308(8):539-51.
2. Halonen P, Jakobsson M, Heikinheimo O, et al. Cancer risk of lichen planus: A cohort study of 13,100 women in Finland. Int J Cancer 2018;142(1):18-22.

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