Une femme de 50 ans, sans antécédents médico-chirurgicaux particuliers, consulte pour ces lésions prurigineuses apparues il y a 4 mois.
Quel diagnostic évoquez-vous en 1er ?
La lésion élémentaire est une tache érythémato-squameuse, congestive, bien délimitée, recouverte d’une couche de squames sèches, pouvant se détacher spontanément ou après grattage à la curette. Cette lésion indolore est peu ou pas prurigineuse. Le siège est ubiquitaire, avec une prédilection pour les faces d’extension des membres et les surfaces exposées aux microtraumatismes.
Explications ci-dessous.
Les lésions provoquées par l’eczéma de contact apparaissent d’abord au niveau de la peau entrée en contact avec l’allergène (bracelet, bouton de pantalon, chaussures, vêtement, teinture...), puis diffusent, pouvant parfois s’étendre sur tout le corps. À la phase aiguë, il se manifeste par des lésions érythémateuses et prurigineuses, puis apparaissent les vésicules qui vont se rompre et suinter, pour laisser place à des croûtes.
Les verrues planes siègent surtout au niveau du visage et sur le dos des mains. Il s’agit de lésions papuleuses arrondies ou polygonales (formes géométriques à plusieurs angles) de petite taille, de couleur chair ou pigmentées, retrouvées par dizaines ou par centaines, sous forme de plaques ou de stries secondaires au grattage.
L’eczéma syphilitique est habituellement symétrique et plus marqué sur la plante des pieds. Les lésions sont arrondies, souvent squameuses et ont tendance à confluer, mais elles ne sont pas prurigineuses, ni douloureuses. Après leur régression, les régions touchées peuvent être plus claires ou plus foncées que la normale.

Il s’agit d’un lichen plan.
C’est une maladie inflammatoire touchant la peau, la muqueuse de la bouche, ou parfois les deux. Plus rarement, l’œsophage et les conjonctives peuvent être touchés (le diagnostic est alors plus difficile).1,2 Elle débute le plus souvent entre 30 et 60 ans.
Si la cause exacte reste inconnue, il s’agit très probablement d’une maladie auto-immune, même si l’antigène responsable n’est pas identifié.3 Il est parfois associé à d’autres maladies de même mécanisme comme l’alopécie areata ou les MICI.4 Il existe de rares formes familiales, avec un groupe HLA légèrement prédominant, évoquant un possible facteur génétique.5 Le stress semble favorisant. Des réactions « lichénoïdes », similaires au lichen plan, sont induites par certains médicaments (utilisés dans l’HTA, l’insuffisance cardiaque, l’arthrite ; certains antiépileptiques). Le lichen plan est également une complication de l’hépatite C chronique.6 Deux cas de lichen plan pemphigoïde induits par la prise d’inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ont été rapportés.7
Il se caractérise par une éruption inflammatoire, récidivante, prurigineuse, faite de discrètes petites papules polygonales, de couleur rouge rosé à rouge sombre qui peuvent confluer en plaques rugueuses, squameuses, souvent accompagnées de lésions buccales et/ou génitales. Le diagnostic est habituellement clinique et confirmé par une biopsie cutanée. Le traitement repose sur des corticostéroïdes topiques ou en injections intralésionnelles. Les cas sévères peuvent justifier une photothérapie ou des corticostéroïdes per os, des rétinoïdes ou des immunosuppresseurs systémiques.8
L’essentiel à connaître :
Dermatose chronique prurigineuse de l’adulte d’âge moyen.
Le diagnostic est clinique. Chercher une atteinte muqueuse associée.
Faire une sérologie de l’hépatite virale C +++ si contexte évocateur (transfusion, toxicomanie).
Surveillance accrue des formes buccales atrophiques et/ou érosives : risque de cancérisation.
 
Références :

1. Westbrook R, Riley S. Esophageal lichen planus: case report and literature review.  Dysphagia 2008;23(3):331-4.

2. Williams TR, Haider-Shah H. Diffuse esophageal stricture secondary to esophageal lichen planus.  Abdominal Imaging 2005;30(3):355-7.

3. Sugerman PB, Savage NW, Walsh LJ, Et al. The pathogenesis of oral lichen planus. Crit Rev Oral Biol Med 2002;13(4):350-65.

4. Gruppo Italiano Studi Epidemiologici in Dermatologi. Epidemiological evidence of the association between lichen planus and two immune-related diseases: alopecia areata and ulcerative colitis.  Arch Dermatol 1991;127(5):688-91.

5. Le Cleach L, Chosidow O. Clinical practice. Lichen planus. N Engl J Med 2012;366(8):723-32.

6. Lodi G, Pellicano R, Carrozzo M. Hepatitis C virus infection and lichen planus: a systematic review with meta-analysis.  Oral Dis 2010;16(7):601-12.

7. Medix. Lichen plan et dermatoses lichénoïdes. Cours de dermatologie. 2020.

8. Das S. Lichen plan.  Le manuel MSD août 2021.

 

Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.

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