Vous recevez une patiente de 14 ans, sans antécédents particuliers, qui consulte pour une alopécie qui dure depuis un an.
Quel est votre diagnostic ?
La lésion élémentaire associe un érythème à des squames plus ou moins grasses et épaisses. Les lésions sont souvent prurigineuses et s’accompagnent parfois de sensations de brûlure.
Il s’agit d’une pelade. Voir explications ci-dessous.
Le lichen plan pilaire est caractérisé par une inflammation des follicules pileux, se traduisant par un épaississement de l’orifice pilaire et l’apparition de rougeurs violines. Cette inflammation provoque une chute du cheveu accompagnée de plaques alopéciques. Un érythème périfolliculaire et des bouchons de corne apparaissent en bordure de ces plaques, tandis qu’une peau blanche luisante et atrophique se forme au centre. En absence du traitement, il évolue vers une alopécie cicatricielle définitive.
Le kérion de Celse est une teigne inflammatoire et suppurative rare du cuir chevelu ; en cause : les champignons Trichophyton ou Microsporum. Touchant surtout les enfants en âge scolaire, il se caractérise par des lésions croûteuses douloureuses, recouvertes par des pustules folliculaires et entourées par des zones alopéciques érythémateuses. Il est peu ou pas contagieux. L’évolution est spontanément régressive en quelques mois. Une lymphadénopathie régionale peut être associée.
La pelade est une affection bénigne d’origine auto-immune qui touche les follicules pileux et les ongles. Cette pathologie perturbe considérablement la vie des patients en raison de son impact physique, de la nature imprévisible des épisodes et de l’étendue des lésions.
Elle se caractérise par une perte de cheveux non cicatricielle, affectant principalement les enfants et les jeunes adultes. Sur le plan épidémiologique, l’incidence est de 17 cas pour 100 000 personnes, avec une prévalence à vie estimée à 2 %. Classiquement, cinq stades sont définis :
S0 : absence de pelade
S1 : atteinte de moins de 25 % du cuir chevelu
S2 : atteinte de 25 à 49 % du cuir chevelu
S3 : atteinte de 75 à 99 % du cuir chevelu
S4 : alopécie complète ou pelade universelle
La physiopathologie de la pelade reste floue, mais une origine auto-immune est suspectée et confirmée dans 29 % des cas. Le stress, parfois mentionné, n’est pas responsable de cette dermatose.
Sur le plan clinique, la pelade se manifeste par plusieurs plaques ovalaires ou arrondies, de tailles variables, aux limites nettes. L’alopécie survient de manière brutale. Dans certains cas, les plaques peuvent devenir coalescentes. Les cheveux deviennent fragiles et se détachent facilement à la moindre traction, avec des orifices pileux dilatés. La plaque peladique est lisse, mais des cheveux courts avec une extrémité renflée en forme de point d’exclamation peuvent être présents. La pelade peut affecter les cheveux, la barbe, les cils et/ou les sourcils.
La prise en charge repose sur l’abstention thérapeutique, car cette pathologie se résout spontanément. Cependant, pour accélérer la repousse, il est possible d’appliquer du minoxidil ou des dermocorticoïdes topiques forts, d’avoir recours à la photothérapie ou encore d’administrer des bolus de corticoïdes.
 
Pour en savoir plus :
Assouly P. Pelade.  Rev Prat 2017;67(5):533-7.
Frances P, Cartier P, Grangetto S, et al. Pelade en plaques.  Rev Prat Med Gen 2019;33(1023);468.
 
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.

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