Tatiana, 51 ans, consulte pour une lésion ovalaire bien limitée située au niveau de l’épaule (photo) et dont la partie centrale semble hyperkératosique.
Cette formation est apparue il y a deux mois. Son frère, atteint de psoriasis, lui a conseillé un topique dermocorticoïde, lui expliquant qu’il devait s’agir de la même pathologie que la sienne. Malgré l’application de ce traitement, la lésion persiste.
Les affections fongiques sont fréquentes (20 % de la population générale). Certaines des lésions ont une apparence singulière, générant des confusions diagnostiques chez les médecins ou les patients. Des prescriptions inappropriées de dermocorticoïdes (voire de topiques immunosuppresseurs) sont donc parfois à l’origine de cette dermatose particulière qu’est la tinea incognita. Elle correspond à une affection fongique dermatophytique dont l’aspect clinique est modifié par des traitements préalables inadaptés.
Cliniquement, la tinea incognita peut s’observer sur tout site cutané. Cependant, le visage, les mains, la région inguinale et les jambes sont les zones le plus souvent concernées.
L’aspect clinique est variable : formation nodulaire rappelant la rosacée, lésions faisant évoquer un psoriasis ou un lupus. En évoluant, les lésions prennent une couleur brunâtre.
La prise en charge est souvent plus complexe que celle d’une infection fongique cutanée classique. En effet, les traitements initiaux inadaptés (voire l’immunosuppression cutanée qu’ils induisent) perturbent le développement de la mycose, en particulier par la prolifération des filaments mycéliens au niveau de la couche cornée et des follicules pileux. Les antifongiques de type imidazolé doivent être rigoureusement appliqués sur une durée prolongée (au moins 15 jours).
Pour en savoir plus
Starace M, Alessandrini A, Piraccini BM. Tinea Incognita following the Use of an Antipsoriatic Gel. Skin Appendage Disorders 2015;1:123-5.

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