Une dermatite factice mimant une dermatose bulleuse

Cette patiente de 54 ans, célibataire, de bas niveau socioéconomique, décrivait des lésions érosives et croûteuses récurrentes évoluant depuis dix ans. La biopsie cutanée d’une bulle avait montré un décollement intra-épidermique et la recherche d’anticorps, anti-DSG1 et 3, anti-BP180 et BP230, anti-envoplakine-périplakine et collagène VII, était négative. Sous corticothérapie orale et azathioprine, prescrites pendant trois ans par le médecin traitant, les récidives étaient fréquentes. Il existait des placards érosifs à contours nets, arrondis et linéaires, couverts de croûtes hémorragiques des membres (fig. 1 et 2) et du sein gauche (fig. 3). Le signe de Nikolsky était négatif. Devant l’incapacité de la patiente à expliquer la survenue des lésions, leur aspect bien limité, leur siège, sur des zones accessibles, la négativité du bilan immunologique et l’évaluation psychiatrique, qui avait notamment révélé un état dépressif et un besoin d’attirer l’attention, une dermatite factice mimant une dermatose bulleuse auto-immune a été suspectée. Sous pansements gras occlusifs, traitement antidépresseur, décroissance de la corticothérapie et arrêt de l’azathioprine, une cicatrisation totale a été obtenue, sans récidive (recul de dix-huit mois).