Ces deux marins consultaient pour des lésions cutanées douloureuses en regard de la main et du poignet (fig. 1 et 2) apparues le lendemain d’une sortie d’aguerrissement en extérieur (garrigue méditerranéenne, milieu humide) lors d’une journée ensoleillée. L’interrogatoire ne trouvait aucun antécédent similaire ni maladie systémique connue. L’examen clinique montrait des lésions érythémateuses et vésiculo-bulleuses à liquide clair sans signes généraux ni prurit ni adénopathie satellite ; le signe de Nikolsky ne montrait pas de décollement secondaire. Devant cet aspect de brûlure localisée, une phytophotodermatose était suspectée. L’évolution était favorable sous traitement topique, dermocorticoïde et émollient, associé à des soins locaux antiseptiques. Après la résorption complète des lésions, une discrète pigmentation séquellaire persistait.
La phytophotodermatose résulte du contact avec la peau d’une plante et du soleil (UVA). La phototoxicité est provoquée par des agents chimiques photosensibilisants (furocoumarines, psoralènes, isopsoralène), dont la diffusion sur la peau est favorisée par le milieu humide.1 Quatre familles de plantes contiennent des furocoumarines : les Apiacées (cerfeuil sauvage, céleri, persil…), Fabacées (psoralier), Moracées (figuier) et Rutacées (fraxinelle, rue des jardins, famille des Citrus).2
Cliniquement, la réaction est inflammatoire de type « coup de soleil », strictement localisée aux zones exposées. Les lésions érythémateuses, œdémateuses et vésiculo-bulleuses, plus douloureuses que prurigineuses, apparaissent 24 heures après le contact, l’exposition solaire est parfois modérée. Elles sont potentialisées par l’humidité de la peau (sudation, baignade). En cas de doute, on peut avoir recours aux photo-patchs tests cutanés (spécialisés pour les plantes).3
Le traitement est symptomatique : lavage abondant à l’eau savonneuse ; dermocorticoïdes et émollients en cas de lésions modérées ; antihistaminiques H1 à visée antiprurigineuse ou sédative ; antibiothérapie per os en cas de surinfection bactérienne.4 L’évolution est favorable, laissant parfois une pigmentation séquellaire. Il faut conseiller d’éviter tout contact ultérieur avec ces plantes photosensibilisantes.
1. Avenel-Audran M. Peau, plantes et jardinage. Rev Fr Allergol 2009;49:259-63.
2. Avenel-Audran M, Sarre ME. Phytophotodermatoses. Rev Fr Allergol 2016;56:230-2.
3. Peyron JL, Milpied B, Leauté-Labrèze C. Photosensibilisations exogènes chez l’enfant. Ann Dermatol Venereol 2007;134:4S50-4S52.
4. Chaddouki A, Catteau B, Buche S. Réaction phototoxique chez un enfant après manipulation de Ruta graveolens. Ann Dermatol Venereol 2012;139:B275-B276.
Une question, un commentaire ?