Un patient de 60 ans, hémodialysé chronique, consulte pour rectorragies de faible abondance et anémie. Le toucher rectal trouve une volumineuse tumeur rectale molle à 3 cm de la marge anale, pédiculée, polylobée et extériorisable. Elle mesure 10 cm de grand axe. Les marqueurs tumoraux sont normaux.
La rectoscopie totale montre une lésion sessile volumineuse impliquant la paroi antérieure du rectum, distante de 4 cm du bord de l’anus et longue de 10 cm. La coloscopie ne montre pas d’autres lésions. Les biopsies révèlent sa nature villeuse sans signes de malignité. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) objective une volumineuse masse rectale irrégulière composée de projections papillaires avec un hypersignal interdigité correspondant à des sécrétions mucoïdes (figure).
La tumeur, ainsi qu’une large collerette muqueuse autour de sa base d’implantation, ont été réséquées par voie basse. L’examen anatomopathologique de la pièce d’exérèse n’a pas mis en évidence de foyers de dégénérescence maligne.
La tumeur villeuse rectale est rare et survient généralement chez des patients de plus de 60 ans. Habituellement asymptomatiques, leur découverte est fortuite sur un test Hémoccult ou lors d’une coloscopie de dépistage. Les manifestations cliniques possibles sont des rectorragies ou une modification du transit, éventuellement accompagnées d’une anémie ferriprive. Les adénomes villeux sécrètent beau­coup de mucus et peuvent occasionner des écoulements muco-sanglants.
L’endoscopie est l’examen de référence permettant de visualiser l’ensemble du côlon et du rectum et de réaliser dans le même temps des biopsies et/ou une exérèse pour examen anatomopathologique. La tumeur villeuse rectale se présente sous la forme d’une large masse intraluminale sessile de surface irrégulière. Elle est en effet constituée de projections papillaires reproduisant les villosités intestinales, donnant, à l’imagerie, un aspect bourgeonnant en doigts de gant (aspect d’hémisphère cérébral ou de chou-fleur), sans adénopathie périrectale ou pelvienne. Sur l’IRM, un hyper­signal T2 interdigité entre les projections papillaires est observé, correspondant très certainement au mucus sécrété.
Ces tumeurs ont la particularité d’avoir un risque élevé de transformation maligne, de l’ordre de 20 à 40 % selon leur taille, et de récidiver dans 10 à 30 % des cas après exérèse.
Une résection totale en un bloc avec des marges libres de tumeur est hautement nécessaire. Le choix de la technique tient compte des taux de mortalité et de morbidité de la chirurgie radicale et de la commodité des autres procédures chirurgicales.
Références
1. Lucas Raynaud. L’IRM des tumeurs villeuses rectales à l’ère de la microchirurgie endoscopique transanale (TEM). Médecine humaine et pathologie 2017.
2. Traitement par voie basse des lésions villeuses du rectum - Traitement chirurgical. Association française de formation médicale continue en hépato-gastro-entérologie. https://vu.fr/FukM

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