Deux patients hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ont consulté pour des lésions génitales inhabituelles.
Un patient de 28 ans, séropositif pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) à charge virale indétectable, avec 500 lymphocytes CD4/mm3, sous bithérapie antirétrovirale (Juluca), pratiquant le chemsex, consulte pour fièvre et céphalées. L’examen clinique objective des lésions cutanées à type de vésicules (
Un autre patient, 32 ans, séronégatif pour le VIH, consulte trois semaines après un rapport sexuel buccogénital à risque, pour une fièvre, une sensation de malaise et des lésions cutanées ulcéreuses diffuses apparues dans le même temps, avec, en particulier, deux ulcérations génitales (
Chez ces deux patients, le prélèvement local a confirmé la présence du virus Monkeypox.
Le virus de la variole du singe (Monkeypox), décrit en 1958 chez l’animal puis en 1970 chez l’homme, est resté longtemps localisé en Afrique centrale, avec des phases de disparition puis de réapparition.1 Mais depuis quelques mois, à la suite de voyages de personnes originaires du Nigéria aux États-Unis et en Grande-Bretagne, plusieurs cas sont apparus dans ces pays, avec une rapide propagation ailleurs dans le monde.2 De nombreux cas ont été recensés chez des patients HSH. Il s’agit d’une affection cutanée contagieuse, la transmission nécessite un contact cutané étroit entre les individus.
En France, en septembre 2022, environ 3 646 cas de cette maladie à déclaration obligatoire étaient répertoriés, sans aucun décès. Dans cette récente épidémie, les lésions apparaissent initialement au niveau de la sphère génitale, alors qu’en Afrique elles surviennent d’abord sur le visage puis diffusent en une seule poussée sur tout le corps.3 S’agit-il donc d’une nouvelle infection sexuellement transmissible ou d’une maladie à simple transmission cutanée ? L’analyse épidémiologique et clinique des prochains cas détectés à travers le monde permettra de préciser cette question.
La Haute Autorité de santé (HAS) s’est prononcée le 8 juillet 2022 en recommandant la vaccination en préexposition aux personnes les plus exposées au virus :4
– HSH et personnes trans ayant des partenaires sexuels multiples ;
– personnes en situation de prostitution ;
– professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux.
Le schéma vaccinal est constitué de deux doses espacées de vingt-huit jours (schéma réduit à une dose pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole).
En revanche, la HAS ne recommande pas, à ce stade, la vaccination en préexposition des professionnels de santé ; en effet, les mesures d’hygiène habituelles et de protection individuelle rendent le risque de contamination très faible.
1. Kabuga AI, El Zowalaty ME. A review of the monkeypox virus and a recent outbreak of skin rash disease in Nigeria. J Med Virol 2019;91(4):533-40.
2. Rao AK, Schulte J, Chen TH, et al. Monkeypox in a traveler returning from Nigeria-Dallas, Texas, July 2021. Morb Mortal Wkly Rep 2022;71(14):509-16.
3. Yinka-Ogunleye A, Aruna O, Dalhat M, et al. Outbreak of human monkeypox in Nigeria in 2017-18: a clinical and epidemiological report. Lancet Infect Dis 2019;19(8):872-9.
4. HAS. Communiqué de presse. Monkeypox : une vaccination préventive proposée aux personnes les plus à risque d’exposition. 8 juillet 2022.
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