Vous recevez une patiente de 36 ans, sans antécédents particuliers, pour une éruption sur le visage et les membres supérieurs apparue il y a 2 jours, et précédée par des signes généraux (fièvre, céphalées, myalgies, asthénie).
Quel diagnostic évoquez-vous en 1er ?
Il s’agit d’une variole du singe. Explications ci-dessous.
La gale est une infestation de la peau par un acarien (Sarcoptes scabiei). Elle entraîne des lésions prurigineuses intenses +++ avec des vésicules perlées, des sillons, et des nodules scabieux sur les espaces interdigitaux, les poignets et les organes génitaux. Il faut toujours l’évoquer devant un prurit familial à recrudescence nocturne.
Primo-infection causée par le virus varicelle-zona, la varicelle est caractérisée par une fièvre accompagnée d’une éruption maculopapuleuse devenant rapidement vésiculaire, généralisée et prurigineuse, puis croûteuse. Les muqueuses (conjonctives, oropharynx, muqueuses génitales) peuvent également être atteintes. Il est important de savoir que les lésions sont d’âges différents, ne touchant jamais les paumes des mains et plantes des pieds +++ (à la différence de la variole du singe).
Le zona est caractérisé par des lésions vésiculaires groupées qui suivent la distribution d’un dermatome, le plus souvent unilatéral, accompagnées de douleur. Les lésions sont, en général, précédées de 48 à 72 heures de douleur au site du dermatome atteint.
La variole du singe (ou monkeypox, mpox) est une zoonose due à un orthopoxvirus de la famille des Poxviridae. Ce virus a émergé chez l’homme il y a environ 60 ans, en Afrique centrale.
Le tableau clinique ressemble à celui de la variole. Après une incubation de 7 à 17 jours (8 jours en moyenne), des signes généraux (fièvre, céphalées, myalgies, asthénie) précédent l’éruption : un exanthème du visage et des membres supérieurs gagne, en une seule poussée, le tronc et les membres inférieurs.
Les lésions (macules) évoluent en papules au jour 2-3, en pustules au jour 4-5, puis en croûtes au jour 10-14. Ces dernières tombent vers le 22-24e jour. En nombre variable (jusqu’à plus de cent), elles sont toutes du même âge sur un même territoire. L’atteinte de la face et des extrémités est caractéristique. L’éruption peut s’accompagner de polyadénopathies, en particulier cervicales, fermes, parfois douloureuses, d’atteintes oculaires (kératoconjonctivite), buccales ou génitales. Des complications sont possibles : surinfection cutanée, atteintes pulmonaire, digestive, neurologique, en cause dans la mortalité, qui peut atteindre 10 % en Afrique.
Le traitement est principalement symptomatique (paracétamol, antihistaminiques si prurit) ; pas d’anti-inflammatoire. Penser aux co-infections, si rapport sexuel non protégé : Chlamydiae trachomatis, gonocoque et syphilis. C’est une maladie à déclaration obligatoire.
 
Pour en savoir plus :
Gaüzère BA, Aubry P. Variole du singe (monkeypox). 20 février 2023.
Site de la Coordination opérationnelle des risques épidémiques et biologiques.
 
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.

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