Grains de milium

Baptiste, 16 ans, consulte pour des tuméfactions blanches de petite taille (moins de 0,5 cm) localisées sur le pourtour des yeux et apparues quelques mois auparavant (figure).

Les grains de milium, microkystes épidermoïdes bénins, apparaissent sous la forme de petits nodules. Le plus souvent, l’exposition solaire favorise leur développement. Cependant, leur apparition peut être spontanée.

La physiopathologie regroupe deux types de cause :

  • primitive ; dans ce cas, les cellules mortes ne sont pas éliminées et s’accumulent au niveau de l’épiderme ;
  • secondaire ; par obturation du canal pilaire de follicules lanugineux, ou métaplasie des follicules. Cette obturation peut être liée à des brûlures, cicatrices ou à certaines pathologies dermatologiques bulleuses (porphyries, pemphigoïdes, épidermolyses bulleuses). 
 

Cliniquement, de petites élevures de couleur blanche de la taille d’une tête d’épingle (2 mm en moyenne) sont mises en évidence. Elles sont à fleur de peau et semblent souvent tendues à la surface de l’épiderme. Ces formations se rencontrent fréquemment chez les nourrissons, sous la forme d’un tapis de grains de très petite taille, disparaissant spontanément du fait d’une origine hormonale transitoire. Chez les adolescents et les adultes, les grains de milium sont classiquement observés au niveau des joues, des pommettes, des paupières ou du nez.

La prise en charge consiste en une abstention thérapeutique. Néanmoins, en cas de gêne  esthétique, une évacuation à l’aided’une aiguille biseautée ou d’un vaccinostyle peut être envisagée. 

Pour en savoir plus
Saurat JH, Lipsker D, Thomas L, et al. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Ed. Elsevier Masson 2017. 
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Léiomyosarcome cutané profond

Émile, 69 ans, diabétique, consulte pour une tuméfaction douloureuse et sanguinolente de grande taille au niveau de la partie supérieure de la cuisse (figure). Une exérèse est effectuée.

Le léiomyosarcome cutané (LMS), décrit pour la première fois en 1959 par Montgomery, est une entité rare : il représente 3 % des sarcomes des tissus mous. On l’observe le plus souvent chez les hommes âgés de plus de 50 ans. Des facteurs déclenchants tels que les traumatismes et la radiothérapie sont mis en avant par certains auteurs. Deux types ensont classiquement décrits : 

  • les LMS superficiels intradermiques développés à partir des muscles du mamelon, des muscles érecteurs des poils, du scrotum ou de la vulve ; 
  • les LMS sous-cutanés profonds issus des parois vasculaires. 
 

Sur le plan clinique, on objective, dans le LMS superficiel intradermique, une masse érythémateuse dont la taille est le plus souvent inférieure à 3 cm. Elle peut être ulcérée et douloureuse. Elle siège au niveau du visage, du cou et, moins fréquemment, du tronc. Concernant le LMC profond, on constate une formation arrondie dont la taille peut avoisiner les 15 cm, avec un revêtement érythémateux. Douloureux, il siège préférentiellement au niveau des membres inférieurs. 

Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale, qui doit être large. Malgré cette précaution, le taux de récidive est important : 42 % pour les LMS superficiels et 58 % pour les LMS profonds. Une diffusion métastatique est possible : dans 5 % des cas pour les LMS superficiels et entre 30 et 60 % pour les LMS profonds. 

Pour en savoir plus 
Wong GN, Webb A, Gyorki D, et al. Cutaneous leiomyosarcoma: dermal and subcutaneous. Australas J Dermatol 2020;61(3):243-9. 
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Ischémie médullaire

Un jeune homme de 17 ans, sans antécédent personnel ni familial, est admis au service des urgences pour un déficit moteur et sensitif des deux membres inférieurs, associé à une rétention aiguë d’urine.
Une IRM médullaire est réalisée en urgence, mettant en évidence une anomalie de signal centromédullaire étendue de T4 à T6 en hypersignal T2 – réalisant un aspect en « œil de hibou » –, avec une restriction en diffusion et sans prise de contraste après injection de gadolinium (fig. 1).
Le bilan étiologique est complété par une IRM cérébro-orbitaire, à la recherche d’anomalies évocatrices de sclérose en plaques ou de neuromyélite optique, revenue sans anomalie. L’examen ophtalmologique est également normal, ainsi que l’analyse du liquide cérébrospinal.
Une IRM de contrôle est réalisée à J20, montrant une évolution de la myélite vers une cavitation avec atrophie médullaire (fig. 2).  
L’installation brutale du déficit, l’absence d’anomalies associées et l’aspect radiologique sur les IRM initiale et de contrôle permettent d’évoquer une origine ischémique de cette myélite du territoire spinal antérieur.

Les infarctus artériels médullaires sont rares et représentent environ 5 à 8 % des myélopathies aiguës, et moins de 1 % des accidents vasculaires cérébraux. L’ischémie dans le territoire de l’artère spinale antérieure est la plus fréquente et se manifeste par des infarctus dorsolombaires.

Les symptômes s’installent brutalement, souvent en moins d’une heure, avec une paraparésie ou une paraplégie, un niveau sensitif et un respect de la sensibilité profonde, associés à des douleurs rachidiennes et des troubles sphinctériens.1 

Le diagnostic d’ischémie médullaire reste difficile à poser avec une IRM à l’aspect souvent normal de la moelle épinière sur les séquences T1 et T2. Si le tableau clinique évoque la possibilité d’une ischémie, les séquences de diffusion doivent compléter le bilan IRM. Les résultats de l’IRM de diffusion demeurent cependant aléatoires en raison d’une qualité d’image souvent insuffisante. Le contrôle IRM réalisé après vingt-quatre à quarante-huit heures confirme le diagnostic en visualisant un signal hyperintense en T2 de topographie centromédullaire de part et d’autre de la ligne médiane, correspondant au territoire de l’artère spinale antérieure (image en « œil de serpent » ou en « œil de hibou »). Au-delà de quarante-huit heures, l’IRM peut visualiser un effet de masse, et une prise de contraste est souvent observée. À la phase séquellaire, il est classique de noter une atrophie médullaire avec de petites cavitations intramédullaires de part et d’autre de la ligne médiane.1

Le traitement repose essentiellement sur la prévention des complications thromboemboliques, la prise en charge de l’œdème spinal, la rééducation fonctionnelle, avec parfois le recours à la plasmaphérèse.2 

Références 
1.Weidauer S, Nichtweiß M, Hattingen E, et al. Spinal cord ischemia: aetiology, clinical syndromes and imaging features. Neuroradiology 2015;57:241–57. 
2. AbdelRazek MA, Mowla A, Farooq S, et al. Fibrocartilaginous embolism: a comprehensive review of an under-studied cause of spinal cord infarction and proposed diagnostic criteria. J Spinal Cord Med 2016;39(2):146-54.
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Prolapsus hémorroïdaire interne de grade IV

Un homme de 30 ans consulte pour un suintement anal tachant le linge depuis plusieurs mois. L’examen clinique révèle plusieurs tuméfactions, localisées au niveau de la marge anale, non douloureuses à la palpation (fig. 1).

Les hémorroïdes internes sont des structures anatomiques normales. Elles se répartissent en trois paquets distincts dans le canal anal, au-dessus de la ligne pectinée, tandis que les hémorroïdes externes sont situées sous la peau de la marge anale. Elles sont recouvertes d’un épithélium glandulaire transitionnel. Parfois, ces hémorroïdes internes ont tendance à s’extérioriser, notamment en cas de constipation avec efforts de poussée répétés. Au début, la réintégration dans le canal anal est spontanée (grade II de la classification de Goligher) ; la réintégration est ensuite digitale (grade III) ; à terme, le prolapsus est non réductible et extériorisé de façon permanente (grade IV).

Les principaux symptômes sont les suintements muqueux, nécessitant parfois le port de garnitures, et les saignements indolores. Le diagnostic clinique est aisé, l’aspect variant selon le nombre de paquets hémorroïdaires extériorisés. 

Le principal diagnostic différentiel est le prolapsus rectal, dont l’aspect est cependant différent (fig. 2).

La prise en charge est essentiellement chirurgicale, associée à la régularisation du transit. Chez ce patient, l’hémorroïdectomie complète selon la technique de Milligan et Morgan a été réalisée, avec des suites simples et une cicatrisation complète à la huitième semaine postopératoire. 

Pour en savoir plus
Jakubauskas M, Poskus T. Evaluation and Management of Hemorrhoids. Dis Colon Rectum 2020;63:420-4.
Van Tol RR, Kleijnen J, Watson AJM, et al. European Society of ColoProctology: guideline for haemorrhoidal disease. Colorectal Dis 2020;22:650-2.
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