Botriomycome, ou hémangiome capillaire lobulaire

Un patient d’une quarantaine d’années, sans antécédent ni traitement, consulte pour une tuméfaction rosée au niveau du pouce, mesurant 1 cm de diamètre (figure). Il n’a pas de douleur ni de signe d’infection. Le diagnostic est celui d’un botriomycome. Le traitement a consisté en une exérèse chirurgicale.

Le botriomycome, ou hémangiome capillaire lobulaire, est une lésion vasculaire bénigne fréquente, due à la prolifération rapide de vaisseaux sanguins.

L’examen clinique objective une tumeur bourgeonnante unique, molle, érythémateuse, friable, saignant au contact et mesurant de 0,5 à 2 cm. Il existe un sillon périphérique à la base qui la sépare de la peau saine. La lésion évolue en une à trois semaines.

Les facteurs favorisants sont un traumatisme et la grossesse.1 Il atteint préférentiellement l’adulte jeune et l’enfant. Les localisations principales sont les extrémités et la muqueuse buccale. 

La physiopathologie serait liée à la stimulation de la production endothéliale par les facteurs angiogéniques.

Le diagnostic de certitude se fait sur l’anatomopathologie, qui montre un bourgeon charnu avec de nombreux capillaires disposés en lobules, un épiderme aminci et un infiltrat inflammatoire.

Les diagnostics différentiels sont le mélanome achromique, le granulome périphérique à cellules géantes, le sarcome de Kaposi, le carcinome épidermoïde et l’angiosarcome.1  

Le traitement principal est l’exérèse chirurgicale. Cependant, le laser, la cryothérapie, l’électrocoagulation ou les bêtabloquants topiques ou systémiques peuvent aussi être utilisés.2 Après traitement, la surveillance est de mise devant le risque de récidive, notamment en cas d’exérèse incomplète et de lésions satellites.3  

Références 
1. Babacar T, Tine SD, Niang PDA, et al. Granulome pyogénique palatin chez une femme enceinte. Med Buccale Chir Buccale 2011;17:237-9.
2. Hennemann A, Blanc D, Aubin F, et al. Granulomes pyogéniques éruptifs sur angiome plan : 2 cas. Ann Dermatologique Vénéréol FMC 2021;1:214.
3. Sum L. Coup de pouce… Botrio­mycome. Rev Prat Med Gen 2013;27:148.
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Livedo nécrotique dû à un mésusage de la buprénorphine

Jocelyne, 43 ans, toxicomane depuis l’âge de 30 ans, consomme différentes drogues, qu’elle sniffe ou qu’elle utilise par voie intraveineuse. Depuis deux ans, elle s’injecte de la buprénorphine au niveau des mains. Elle s’inquiète de l’apparition de vaisseaux sur le dos des mains (figure).

En France, près de 180 000 personnes bénéficiaient d’un traitement de substitution aux opioïdes (TSO) en 2017, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Parmi ces différents traitements, la buprénorphine est celui qui est le plus prescrit. Cependant, certains toxicomanes dé­tournent ce traitement en s’injectant cette molécule, pourtant non adaptée pour cette modalité d’administra­tion. L’injection par voie intraveineuse de buprénorphine est à l’origine d’une saturation des récepteurs centraux aux opiacés, et peut causer, de ce fait, une dépression respiratoire.

Différentes manifestations cutanées peuvent par ailleurs être observées secondairement à ce mésusage ; elles sont majorées chez le patient qui s’injecte le générique de la buprénorphine du fait de la taille des particules de l’excipient. Parmi les différentes conséquences cutanées d’injections répétées de buprénorphine, il est possible d’observer des infections cutanées (le plus souvent à staphylocoques ou streptocoques), des thrombophlébites, des réactions allergiques au niveau du site d’injection, des troubles pigmentaires (hyperpigmentation le plus souvent), des faux anévrismes mycotiques.

Deux autres complications peuvent survenir en cas de més­usage de buprénorphine :

  • le syndrome des mains bouffies (flèche verte), conséquence d’un lymphœdème chronique favorisé par une destruction du réseau veinolymphatique, fréquemment observé chez les patients s’injectant différentes drogues de façon répétée ;
  • le livedo nécrotique (flèche bleue) qui est rare, dû aux conséquences vasculaires engendrées par la présence d’amidon de  maïs utilisé comme excipient de la buprénorphine.
 

La prise en charge des patients avec un mésusage de TSO repose avant tout sur leur capacité à se sevrer. Il est important de créer un lien de confiance avec le patient, et de travailler en équipe (unités d’addictologie des centres hospitaliers ou centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie [CSAPA]). Les manifestations cutanées engendrées par ce mésusage demeurent quasiment irréversibles.

Pour en savoir plus
Bouquié R, Wainstein L, Pilet P, et al. Crushed and injected buprenorphine tablets: characteristics of princeps and generic solution. PLoS One 2014;9(12): ­e113991.
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Langue géographique

David, 31 ans, consulte pour des brûlures de la langue survenant lors des repas et devenant de plus en plus invalidantes. À l’examen, la langue a un aspect atypique (figure).

La langue géographique (ou glossite exfoliatrice marginée) est une maladie inflammatoire chronique bénigne induisant la présence de motifs sur la langue. Elle concerne 1 à 4 % des personnes dans le monde. Bien que l’origine de cette maladie ne soit pas pleinement connue, l’hérédité et certains facteurs de risque semblent augmenter son apparition : psoriasis, poussées hormonales, allergies, diabète, aliments épicés ou acides, carences en vitamines (fer, zinc, acide folique, ou vitamines B), stress.

Cliniquement, la glossite exfoliatrice marginée se caractérise par des zones érythémateuses et lisses sur le dessus ou les côtés de la langue avec une atrophie des papilles, limitées par une zone surélevée blanchâtre et serpigineuse. Les lésions changent de localisation et de forme d’un jour à l’autre, évoluant par poussées et pouvant régresser spontanément. La langue géographique est le plus souvent asymptomatique, même si environ 1 personne sur 10 peut ressentir une sensibilité lorsqu’elle mange des aliments épicés ou acides.

Il n’existe habituellement pas d’indication thérapeutique. Cependant, en cas de gêne ou de douleurs invalidantes, la prescription d’agents anesthésiques topiques ou de bains de bouche antihistaminiques et anesthésiques peut être utile. Il est également nécessaire d’éviter les aliments épicés ou acides et de choisir un dentifrice conçu pour les bouches sensibles. 

Pour en savoir plus
De Campos WG, Esteves CV, Fernan­des LG, et al. Treatment of symptomatic benign migratory glossitis: A systematic review. Clin Oral Investig 2018;22:2487-93.
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Lichen scléreux

Une femme de 63 ans consulte pour une sensation d’irritation anale et vulvaire avec prurit. À l’examen, on observe une plaque atrophique blanche de la région anovulvaire (fig. 1). 

Le lichen scléreux ou lichen scléro-atrophique ou Kraurosis vulvae est une maladie auto-immune génitale de la femme avec un pic d’incidence en période périménopausique. 

Il peut être asymptomatique. Dans le cas contraire, le prurit est le signe fonctionnel principal. À un stade avancé, la femme peut se plaindre de dysurie, dyspareunie et/ou hyperesthésie clitoridienne. 

L’atteinte anale correspond généralement à une extension de l’atteinte vulvaire avec un aspect en « sablier » caractéristique (fig. 2). L’aspect est celui de plaques papuleuses et/ou atrophiques, de couleur « blanc nacré » pouvant confluer en larges placards, associées, dans les formes sévères, à une sclérose épidermique avec modification de l’anatomie (encapuchonnement clitoridien, fusion et disparition des petites lèvres, sténose vulvaire). 

L’aspect clinique est généralement évocateur, mais l’analyse histologique permet le diagnostic formel. 

Les principaux diagnostics différentiels sont le lichen plan ainsi que les dermites érosives et lichénifiées non spécifiques, provoquées par les grattages et/ou frottements répétés de la peau.

Le traitement repose sur les dermocorticoïdes forts durant 6 à 8 semaines en attaque, puis forts ou moyens en entretien au long cours. Ils peuvent permettre d’obtenir une restitution ad integrum s’ils sont administrés précocement dans la maladie. La surveillance est conseillée en raison d’un sur-risque de dégénérescence en carcinome épidermoïde. 

Pour en savoir plus
Lewis FM, Tatnall FM, Velangi SS, et al. British Association of Dermatologists guidelines for the management of lichen sclerosus, 2018. Br J Dermatol 2018;178 :839-53.
Hasegawa M, Ishikawa O, Asano Y, et al. Diagnostic criteria, severity classification and guidelines of lichen sclerosus et atrophicus. J Dermatol 2018;45:891-7.
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