Lionel, 31 ans, adepte de tourisme sexuel et de rapports non protégés, consulte pour une éruption papuleuse de couleur chair sur le thorax et le tronc, apparue il y a 2 semaines (figure).
Le bilan des IST révèle une syphilis.

Discussion

Cette affection due à Treponema pallidum est en recru- descence en France depuis les années 2000. 80 % des sujets contaminés sont des hommes (homo- ou bisexuels) ; une co-infection par le VIH est fréquente (40 % des cas).
On distingue (car cela influence la thérapeutique) la syphilis précoce (qui regroupe les stades primaire, secondaire, latent précoce) de la latente tardive (évolution > 1 an), le stade tertiaire étant, aujourd’hui, exceptionnel.
Le chancre est l’élément constant de la phase primaire (hors transmissions non sexuelles). Il débute après 10 à 90 jours d’incubation par une papule évoluant en ulcère. Il est généralement solitaire (deux tiers des cas), indolore, propre, à base indurée, associé à une adénopathie non douloureuse. De siège variable sur le pénis, il peut passer inaperçu chez la femme (vagin, col utérin) ou quand il est situé dans la bouche.
Environ 6 semaines après, la dissémination septicémique de T. pallidum induit la phase secondaire, qui peut persister jusqu’à 6 mois. Les manifestations sont très variées, ce qui a valu à cette maladie le nom de « grande simulatrice ». On distingue 2 périodes d’éruptions. La première floraison, ou roséole, constituée de macules érythémateuses prédominant au niveau du tronc, est fugace (entre 7 et 10 jours). La deuxième, plus tardive (2e ou 4e mois), est caractérisée par des maculopapules roses ou rouge cuivré (syphilides) sur le tronc, le thorax, le visage (sillons nasogéniens). Au niveau génital et du périnée, les lésions sont souvent ulcérées et érosives. Rarement, une alopécie (le plus souvent occipitale) peut être observée.
Le diagnostic repose sur la sérologie : test tréponémique sur Ig totales (ELISA, EIA ou CMIA) ; si ce dernier est positif, un test non tréponémique quantitatif (VDRL) est réalisé pour confirmer le diagnostic.
En cas de syphilis primaire et secondaire, une seule injection IM de 2,4 millions d’unités (MUI) de benzathine benzylpénicilline (Extencilline) suffit. En raison du risque d’allergie immédiate (1 accident létal pour 100 000 injections), le patient est gardé sous surveillance pendant 30 minutes. La doxycycline est une alternative en cas d’allergie. L’efficacité du traitement est évaluée sur la décroissance du VDRL quantitatif, contrôlé à 3, 6, 12 et 24 mois.
Toute découverte de syphilis impose une recherche des autres IST (VIH, hépatite B, hépatite C, Chlamydia, Neisseria gonorrhoeae et Mycoplasma genitalium)
Pour en savoir plus
Caumes E. Syphilis : quoi de nouveau ? Rev Prat 2018;68:881-5.

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