Hépatites virales : vacciner et dépister !
Le rapport récent de l’Organisation mondiale de la santé montre l’importance épidémiologique des hépatites virales dans le monde. Dans le « top ten » des pathologies les plus mortelles, celles-ci ont malheureusement grimpé à la septième place. Les hépatites virales tuent quotidiennement, principalement du fait des atteintes hépatiques fulminantes au stade aigu (virus des hépatites A, B, D, E) ou chroniques (B, C, D, voire E) mais aussi du fait des manifestations extrahépatiques. L’hépatovirologie reste donc un sujet d’actualité. L’infection par le virus de l’hépatite B (VHB) est tristement en tête de cette mortalité alors que nous disposons depuis plus de 30 ans d’un vaccin efficace, le premier vaccin réduisant les risques de cancer et dont on espérait, lors de son invention en France à la fin des années 1970, qu’il permettrait l’éradication du VHB dans les 20 ans ! L’essentiel reste à faire en termes de développement de nouvelles molécules pour l’infection virale B, certes virosupprimée efficacement mais sans possibilité actuelle de guérison réelle comme pour le virus de l’hépatite Delta.L’incroyable histoire de l’hépatite C, de sa découverte en 1988 à son élimination par des combinaisons d’antiviraux oraux 30 ans plus tard, ne doit pas masquer les défis que nous impose la possible guérison : la cascade de soins du dépistage à l’accès aux traitements reste insuffisante. Il faut maintenir une pression pour obtenir un accès aux tests diagnostiques rapides (tests rapides d’orientation diagnostique [TROD] et machine de « Point of care » [POC]) permettant des accès simples aux traitements. Le virus de l’hépatite E émerge de façon importante à la fois par ses manifestations hépatiques (hépatite fulminante de la femme enceinte) ou extra-hépatiques (neuropathie invalidante, myasthénie ou néphro- pathie) au stade aigu mais aussi par le risque d’infection chronique principalement dans les situations d’immunosuppression où des cirrhoses de constitution rapide ou des aggravations aiguës d’hépatopathies préexistantes exposent à une morbimortalité significative, par exemple en hématologie, alors que des traitements antiviraux sont disponibles. La vaccination reste le meilleur traitement des hépatites, qu’elles soient liées aux virus de l’hépatite A, de l’hépatite B ou de l’hépatite Delta. L’essentiel reste donc à faire au-delà des polémiques sur les risques infirmés de neuropathies démyélinisantes ou d’autres pathologies dysimmunitaires associées aux adjuvants vaccinaux. La pénurie récemment observée des vaccins contre les hépatites B et A est le témoignage d’une médecine préventive qui reste aujourd’hui insuffisante pour la population française.Nous espérons que ce dossier sur les hépatites virales constituera un élément d’éveil notamment pour nos collègues généralistes afin de promouvoir les vaccinations contre les virus des hépatites et le dépistage des infections chroniques pour un accès à des traitements dont l’efficacité est aujourd’hui clairement montrée en termes de réduction du risque de cancer et d’amélioration de l’état de santé des sujets chroniquement infectés.
Stanislas Pol
Stanislas Pol