Le tabagisme en France : une épidémie pédiatrique
Nous sommes au XXIe siècle et vivons dans un monde où la démarche scientifique permet une amélioration de notre état de santé comme jamais l’humanité n’en a vécue : progrès médicaux, sécurité sanitaire, prévention des accidents de toutes sortes (route, vie courante…). Même si des épisodes infectieux ou d’une autre nature viendront encore défier les avancées, la réponse sera scientifique, l’histoire actuelle nous le démontre ! Pourtant, un produit de grande consommation ébranle nos certitudes cartésiennes. Connu de tous, accessible largement, vendu légalement par des représentants de l’État, il tue un consommateur sur deux en toute simplicité (75 000 personnes par an en France, 8 millions dans le monde) et sans que personne ne s’en émeuve ! Ce produit, vous l’aurez compris, c’est le tabac.
Si depuis de récentes années la prévalence du tabagisme baisse de façon significative en France, il faut rester prudent sur la consommation des plus jeunes.
En effet, la prévalence nationale adulte a significativement baissé de 29,4 % en 2015 à 25,4 % en 2018, d’après Santé publique France, mais avec une consommation entre 18 et 24 ans s’établissant à 33,2 % chez les hommes et 28,8 % chez les femmes. Ces prévalences étaient respectivement à plus de 40 % et 30 % en 2015. On peut se féliciter d’une telle évolution, mais elle ne doit pas occulter la réalité de l’entrée dans le tabagisme des plus jeunes. Comme vient de le montrer l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans une publication récente, l’usage quotidien du tabac chez les lycéens à 16 ans s’établit à 12 % (12 % chez les garçons, 11 % chez les filles). Ce qui place les jeunes Français au 6e rang européen des plus gros consommateurs (sur 35 pays), au même niveau que l’Ukraine, la Géorgie, loin derrière la Bulgarie (22 %) mais aussi très loin devant l’Islande (2 %). En 2015, nous étions à 16 %, mais cette baisse observée est faussement rassurante car non significative, aussi bien chez les garçons que chez les filles. De plus, l’expérimentation du tabac demeure à un niveau élevé : 45 % des jeunes ont essayé la cigarette dans le mois écoulé (10e place européenne). Ces chiffres sont inquiétants car ils constituent l’antichambre du tabagisme quotidien des jeunes adultes. Ne pas les voir baisser significativement est l’assurance de prévalences encore élevées chez les adultes de demain.
L’industrie du tabac connaît depuis longtemps l’importance d’investir sur les jeunes pour la poursuite de son activité : il lui faut remplacer les consommateurs qui meurent ; c’est pourquoi elle adapte en permanence son marketing à cette population et aux contraintes réglementaires. L’interdiction de la publicité, de la vente aux mineurs, le paquet neutre ou l’augmentation des prix sont autant d’armes efficaces pour prévenir la consommation des plus jeunes. Mais les cigarettiers contournent, s’accommodent de ces contraintes. Ils ont compris l’intérêt et la puissance de la communication digitale pour continuer à vendre. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de publicité directe, mais d’influenceurs qui valorisent le produit pour entretenir une image positive du tabac et créer les situations qui donnent envie de fumer, ni d’une marque en particulier, mais de placement de produits pour modifier la perception du tabac et de sa pratique par le public. Désormais, les réseaux sociaux sont l’eldorado de l’industrie du tabac ; peu contrôlés, il y est plus facile de brouiller les pistes, notamment pour les adolescents qui sont toujours en recherche d’identification, d’appartenance à un groupe et de rites de passage à l’âge adulte. L’industrie l’a bien compris et leur tend ce miroir, ô combien mortifère !
Si depuis de récentes années la prévalence du tabagisme baisse de façon significative en France, il faut rester prudent sur la consommation des plus jeunes.
En effet, la prévalence nationale adulte a significativement baissé de 29,4 % en 2015 à 25,4 % en 2018, d’après Santé publique France, mais avec une consommation entre 18 et 24 ans s’établissant à 33,2 % chez les hommes et 28,8 % chez les femmes. Ces prévalences étaient respectivement à plus de 40 % et 30 % en 2015. On peut se féliciter d’une telle évolution, mais elle ne doit pas occulter la réalité de l’entrée dans le tabagisme des plus jeunes. Comme vient de le montrer l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dans une publication récente, l’usage quotidien du tabac chez les lycéens à 16 ans s’établit à 12 % (12 % chez les garçons, 11 % chez les filles). Ce qui place les jeunes Français au 6e rang européen des plus gros consommateurs (sur 35 pays), au même niveau que l’Ukraine, la Géorgie, loin derrière la Bulgarie (22 %) mais aussi très loin devant l’Islande (2 %). En 2015, nous étions à 16 %, mais cette baisse observée est faussement rassurante car non significative, aussi bien chez les garçons que chez les filles. De plus, l’expérimentation du tabac demeure à un niveau élevé : 45 % des jeunes ont essayé la cigarette dans le mois écoulé (10e place européenne). Ces chiffres sont inquiétants car ils constituent l’antichambre du tabagisme quotidien des jeunes adultes. Ne pas les voir baisser significativement est l’assurance de prévalences encore élevées chez les adultes de demain.
L’industrie du tabac connaît depuis longtemps l’importance d’investir sur les jeunes pour la poursuite de son activité : il lui faut remplacer les consommateurs qui meurent ; c’est pourquoi elle adapte en permanence son marketing à cette population et aux contraintes réglementaires. L’interdiction de la publicité, de la vente aux mineurs, le paquet neutre ou l’augmentation des prix sont autant d’armes efficaces pour prévenir la consommation des plus jeunes. Mais les cigarettiers contournent, s’accommodent de ces contraintes. Ils ont compris l’intérêt et la puissance de la communication digitale pour continuer à vendre. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de publicité directe, mais d’influenceurs qui valorisent le produit pour entretenir une image positive du tabac et créer les situations qui donnent envie de fumer, ni d’une marque en particulier, mais de placement de produits pour modifier la perception du tabac et de sa pratique par le public. Désormais, les réseaux sociaux sont l’eldorado de l’industrie du tabac ; peu contrôlés, il y est plus facile de brouiller les pistes, notamment pour les adolescents qui sont toujours en recherche d’identification, d’appartenance à un groupe et de rites de passage à l’âge adulte. L’industrie l’a bien compris et leur tend ce miroir, ô combien mortifère !