De garde, vous êtes appelé en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) dans votre hôpital où vient d'être admis un patient conduit sur place par le service d'aide médicale d'urgence (Samu). Il s’agit d’un jeune homme de 20 ans, Monsieur D. Il aurait été victime, entre autres, d’un tir de Flash-Ball lors d’une rixe. Le projectile l’a atteint au niveau de la pommette et de l’orbite droites. Il présente une plaie de la région jugale haute, un œdème des paupières supérieure et inférieure. Vous ne visualisez pas le globe oculaire spontanément. Il est hémodynamiquement stable.
Question 1 - Avant qu’il ne soit sédaté et intubé pour l’exploration abdominale d’une plaie par arme blanche, vous recherchez : 
Tout traumatisme orbitaire doit faire rechercher une baisse de l’acuité visuelle (même si on n’est pas ophtalmo !).
Plaie de la région jugale = risque de paralysie faciale périphérique.
On peut quasiment TOUJOURS ouvrir l’œil, l’œdème palpébral n’est pas un frein à l’examen du globe.
Traumatisme orbitaire = à risque de fracture des parois de l’orbite et donc d’incarcération d’un muscle oculomoteur.
Le patient étant stable hémodynamiquement, il est indispensable de rechercher une paralysie faciale périphérique ou un traumatisme du globe, car ils mettent en jeu le pronostic fonctionnel du patient.
Le patient se plaint d’une vision floue. Il n’a pas de paralysie faciale. Vous suspectez une fracture du massif facial et demandez un scanner. 
Question 2 - Décrivez cette image
Figure 1. (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Coupe axiale.
Nous ne sommes pas en séquence osseuse mais on aperçoit une fracture au niveau fronto-zygomatique (flèche bleue).
Le cristallin semble être dans le vitré (flèche rouge).
Zones spontanément denses de part et d’autre du nerf optique (flèches vertes).
Figure 1. Traumatisme orbitaire (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Le radiologue vous fournit cette image. Votre externe vous demande ce que l’on peut en conclure.
Figure 2. (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Question 3 - En voyant cette image (figure 2) vous pouvez affirmer :
Les fractures du zygoma n’ont pas de retentissement sur l’articulé dentaire.
La fracture passe par le canal infraorbitaire, le nerf a donc probablement été abimé (par le fragment osseux mais également par le choc direct du projectile) (cercle bleu).
Oui, il y a une fracture du trépied zygomatique : suture fronto-zygomatique, suture maxillo-zygomatique et rebord infra-orbitaire (éclairs rouges).
Une reconstruction 3D ne suffit pas pour le diagnostic de fracture de la paroi interne de l’orbite.
Il y a une fracture de la paroi antérieure du sinus maxillaire, il y a donc du sang dans le sinus maxillaire (flèche verte).

 

Figure 2. Fracture du zygoma droit (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)

 

À l’examen clinique, vous trouvez qu’il a du mal à élever le globe oculaire. Il vous explique qu’au-delà, le mouvement lui fait très mal. L’externe vous montre alors cette coupe de scanner.

 

Figure 3. (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)

 

Il s’agit d’un diagnostic exclusivement CLINIQUE, l’aspect au scanner n’est en aucun cas suffisant pour éliminer le diagnostic (muscle = rond bleu).
(éclair rouge).
(éclair vert).
À opérer dès que possible, sinon risque de séquelle fonctionnelle.
Pas de bulle d’air visualisée en intracrânien sur cette coupe.
Figure 3. Hématome intra-orbitaire droit (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Le patient est finalement opéré de son abdomen, de son œil et de son massif facial. A J1 post-opératoire, il se plaint d’une douleur et d’une baisse d’acuité visuelle. Il vous dit avoir éternué.
Question 5 - Votre (vos) hypothèse(s) diagnostique(s) est (sont) la (les) suivante(s) : 
Toute intervention dans l’orbite est à risque d’hématome orbitaire avec compression du nerf optique.
Baisse d’acuité visuelle, non douloureuse.
Contexte de fracture de la paroi interne et du plancher, mettant en communication l’orbite et les sinus. L’éternuement est à risque de passage d’air dans l’orbite.
Il peut exister des kératites en postopératoire à la suite d'une mauvaise occlusion oculaire peropératoire ou de la présence d’antiseptique dans l’œil. En général, il s'agit d'une douleur sans baisse d'acuité visuelle.
Vous demandez un nouveau scanner dont l’image suivante est extraite.
Figure 4. (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Question 6 - Concernant la figure 4, les affirmations suivantes sont correctes :
(points rouges).
(rond bleu).
En lien avec le traumatisme initial et l’intervention chirurgical (flèche verte).
Il peut y avoir un peu d’air intra-orbitaire en post opératoire, mais pas autant.
Figure 4. Pneumorbitie (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
Le patient a finalement pu sortir pour son domicile. Vous le voyez en consultation postopératoire à 15 jours, il a un œdème jugal supérieur et palpébral inférieur droit. À la palpation, vous retrouvez un aspect fluctuant. Il est douloureux. Il vous présente le scanner que son médecin traitant lui a prescrit. 
Figure 5. (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)
 Évocateur d’abcès (zone bleue – rehaussement périphérique en rouge).
 
Figure 5. Abcès postopératoire (Sophie Lanciaux Lemoine, La Revue du Praticien)

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