Le sport protège-t-il des infections ?

L’activité physique et sportive exerce une influence importante sur notre système immunitaire. Il faut distinguer plusieurs situations.
L’exercice aigu, d’autant plus s’il est intense/prolongé (marathon, par exemple), provoque une période d’immunosuppression post-exercice (au niveau de l’immunité muqueuse mais aussi adaptative) qui est d’autant plus durable qu’elle survient chez un sujet peu préparé physiquement. C’est le concept d’« open window theory », qu’étayent pour partie les observations épidémiologiques faisant état de risques accrus d’infections (notamment des voies aériennes supérieures) dans les heures ou jours qui suivent un effort intense et prolongé. Une conséquence pratique et directe est d’inciter les sportifs à limiter l’exposition aux agents pathogènes pendant et au décours de la pratique sportive (isolation des malades, non-partage des bidons ou bouteilles pendant et après les entraînements…). L’administration de glucides pendant l’effort est reconnue comme la seule manipulation nutritionnelle permettant de limiter l’immunosuppression post-exercice.
Une pratique sportive régulière et correctement dosée (3 à 5 séances hebdomadaires de 30 à 60 minutes à une intensité de 40 à 60 % de VO2max) exerce des effets immunostimulants et protecteurs par rapport aux infections. Menée pendant plusieurs mois, elle permettrait une réduction de moitié du nombre de jours avec une infection.
En ce qui concerne les régimes d’entraînement plus intensifs, les résultats expérimentaux sont mitigés. Les sportifs très entraînés ou surentraînés sont une population plus vulnérable aux agressions microbiennes. En effet, le retentissement différencié de l’entraînement physique sur la survenue des infections de la sphère ORL obéit à une « courbe en S » (figure). Des résultats récents tendraient aussi à montrer que la survenue moins fréquente d’infections chez les sportifs de niveau « élite » est probablement une des clés du succès les différenciant des sportifs très entraînés.
 

Figure. Incidence des infections oto-rhino-laryngées (ORL) selon le niveau d’entraînement physique.


D’après : Bermon S. La pratique du sport a-t-elle un impact sur l’état immunitaire ?  Rev Prat 2020;70(4);427-31.

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