Quel est votre diagnostic ?
Il s’agit d’une Larva migrans cutanée.
Ce jeune homme de 19 ans consultait aux urgences 7 jours après son retour de Guadeloupe. Deux jours avant, il avait ressenti un prurit localisé à l’abdomen. L'examen physique mettait en évidence une éruption cutanée serpigineuse abdominale de 3 cm de longueur. À l’interrogatoire, il précisait avoir été en contact direct avec des sols sablonneux. Les examens biologiques étaient normaux, en particulier pas d’hyperéosinophilie et sérologie toxocarose négative en ELISA. Le diagnostic de larva migrans cutanée était retenu. Un traitement par ivermectine en dose unique était alors prescrit. L’évolution clinique était favorable avec la disparition de la lésion cutanée et du prurit.
La larva migrans cutanée est le plus souvent causée par la migration, dans l’épiderme, de larves d’ankylostome (Ancylostoma caninum et braziliense) transmises par contact avec des selles de chiens ou chats infectés.1 Les patients infectés diagnostiqués dans les pays développés sont majoritairement des voyageurs de retour de zones tropicales.2 Dans une étude prospective observationnelle de voyageurs français revenant de destinations tropicales, une larva migrans cutanée était diagnostiquée chez 8 (1,3 %) des 622 patients hospitalisés dans un service de maladie infectieuse.3 Le diagnostic est clinique supporté par une histoire de voyage et la possibilité d'une exposition.2 L’éruption cutanée apparaît principalement sur les pieds (39 % des cas), les fesses (18 % des cas) et l’abdomen (16 % des cas).4 L’éosinophilie, présente ou non, n’est pas spécifique. L’A. caninum peut être détecté par ELISA sans qu’il y ait de données sur la sensibilité et la spécificité du test.2 Le traitement de choix est l’ivermectine. Une dose unique (200 µg/kg de poids) permet un taux de guérison compris entre 77 % et 100 % selon les études. Dans l’hypothèse d’un échec du traitement initial, une deuxième dose permet la guérison.2,5
 
Références :
1. Ma DL, Vano-Galvan S. Images in clinical medicine. Creeping eruption--cutaneous larva migrans. N Engl J Med 2016;374:e16.
2 ; Heukelbach J, Feldmeier H. Epidemiological and clinical characteristics of hookworm-related cutaneous larva migrans. Lancet Infect Dis 2008;8:302-9.
3. Ansart S, Perez L, Vergely O, Danis M, Bricaire F, Caumes E ; Illnesses in travelers returning from the tropics: a prospective study of 622 patients. J Travel Med 2005;12:312-8.
4 ; Blackwell V, Vega-Lopez F. Cutaneous larva migrans: clinical features and management of 44 cases presenting in the returning traveller. Br J Dermatol 2001;145:434-7.
5 ; Van den Enden E, Stevens A, Van Gompel A. Treatment of cutaneous larva migrans. N Engl J Med 1998;339:1246-7.

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