Une femme âgée de 20 ans, sans antécédents particuliers, consulte pour des lésions siégeant au niveau des deux jambes, apparues il y a un mois.
Quel diagnostic évoquez-vous en 1er ?
L'érythème induré de Bazin est une vascularite nodulaire survenant habituellement chez des femmes jeunes, sous forme de nodules cyanotiques de la face postérieure du tiers inférieur des jambes, qui se résorbent en gardant une induration ou, plus rarement, s’ulcèrent en laissant une cicatrice hyperpigmentée. Il s’agit d’une affection chronique évoluant par poussées surtout hivernales, considérée comme une réaction d’hypersensibilité de type IV à de multiples antigènes, essentiellement au Mycobacterium tuberculosis (il s’agit donc dans ce cas d’une forme réactionnelle rare de tuberculose cutanée). Sa prise en charge n’est pas codifiée. En présence d’éléments orientant vers une étiologie tuberculeuse, un traitement antibacillaire s’impose notamment dans des pays endémiques.
Telle que la périartérite noueuse. Les nodules siègent sur les trajets artériels des membres. Ils sont d’âges différents et ont tendance à l’ulcération et à la nécrose. D’autres signes dermatologiques tels qu’un purpura, un livedo, une gangrène ou des ulcérations coexistent.
Explications ci-dessous.
Ces nodules se voient essentiellement au cours de la maladie athéromateuse, lors de l’utilisation des anticoagulants ou d’une mobilisation iatrogène des plaques. Ils s’associent à un livedo, un purpura ou une gangrène distale d’un orteil.
Les nodules sont alignés sur un trajet veineux et la palpation d’un cordon induré entre deux nodules est très évocatrice.
C’est une éruption dermo-hypodermique aiguë, atteignant le plus souvent la femme jeune, avec une prédominance saisonnière (automne, hiver). Il s’agit de nouures siégeant de façon symétrique sur les faces antéro-internes des jambes, et respectant les cuisses et le dos de pied. Ces nodosités palpables en relief, arrondies ou ovalaires, ayant une taille moyenne de 2 cm, sont mal limitées, fermes, voire dures, peu mobiles par rapport aux plans profonds, inflammatoires. Elles évoluent par poussées successives, réalisant un aspect polymorphe avec des lésions d’âges différents, chaque nouure passant par les couleurs de la biligénie avant de disparaître. Elle ne laisse aucune trace (ni cicatrice, ni atrophie...) en 10 à 20 jours. La durée totale de l’éruption varie de 3 à 10 semaines.
Peuvent y être associés : une fièvre d’intensité variable, des arthralgies, des adénopathies périphériques, et parfois une atteinte oculaire (iritis, uvéite, conjonctivite, épisclérite).
Les étiologies étant multiples, l’enquête est indispensable, guidée par l’épidémiologie des affections dans le pays d’exercice, l’origine du patient et les symptômes associés.
En France, les causes à rechercher en priorité sont :
L’infection à streptocoque bêta hémolytique du groupe A : à évoquer en cas de survenue d’une angine 15-21 jours auparavant, avec positivité du prélèvement bactériologique et élévation à 15 jours d’intervalle des antistreptolysines et antistreptodornases.
La sarcoïdose, et notamment un syndrome de Löfgren associant un érythème noueux, des adénopathies hilaires, éventuellement une inflammation périarticulaire des chevilles, et qui s’accompagne de la négativation de l’intradermoréaction (IDR) à la tuberculine.
La tuberculose, classiquement sous la forme d’une primo-infection, mais aussi évolutive, surtout chez les migrants.
Les entéropathies chroniques : à évoquer devant des signes digestifs (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique).
Pour en savoir plus :
Cordoliani F. Érythème noueux. AKOS 2008;3(4), 1-3.
Filali-Ansary N, Tazi-Mezalek Z, Mohattane A. Conduite à tenir devant un érythème noueux. Médecine du Maghreb 1999;76.
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.