Vous recevez en consultation un nourrisson âgé de 9 mois, pour une éruption cutanée apparue depuis 4 jours, non prurigineuse, apyrétique. Il n’y a pas de conjonctivite, ni d’écoulement nasal.
Quel diagnostic évoquez-vous en 1er ?
Maladie très contagieuse, d’origine surtout staphylococcique, à l’origine d’épidémies dans les crèches ou les maternités (transmission par les mains du personnel soignant). Lié à la production de toxines exfoliatines A et B par le Staphylococcus aureus ciblant la desmogléine 1, il se caractérise par des bulles importantes et se localise en priorité au siège.
Primo-infection causée par le virus varicelle-zona, la varicelle est caractérisée par une fièvre accompagnée d’une éruption maculopapuleuse devenant rapidement vésiculaire, généralisée et prurigineuse, qui commencera à devenir croûteuse en 24 à 48 heures. Diverses muqueuses (conjonctives, oropharynx, muqueuses génitales) peuvent également être atteintes.
Encore appelée syndrome adéno-cutanéomuqueux, la maladie de Kawasaki est une vascularite aiguë multisystémique peu fréquente, atteignant en majorité les enfants < 5 ans. Fièvre ≥ 5 j +++, conjonctivite, atteinte buccopharyngée, exanthème maculopapuleux, atteinte des extrémités, adénopathies cervicales. Réflexe : l’échographie cardiaque transthoracique doit être systématique à la recherche d’anévrismes coronariens +++.
Il s’agit du mégalérythème épidémique. Explications ci-dessous.
Elle est due au streptocoque bêtahémolytique du groupe A sécréteur d’exotoxines pyrogènes. Elle touche l’enfant d’âge scolaire. Début brutal avec fièvre, frissons, associés à une dysphagie avec angine érythémateuse et adénopathies sous-maxillaires (durée de 24 h). Ensuite, on a un exanthème scarlatiniforme prédominant aux grands plis avec desquamation post-éruptive en doigts de gants, associé à un énanthème caractéristique avec glossite avec dépapillation en V lingual puis aspect framboisé à J6.
Le mégalérythème épidémique de l’enfant est la forme la plus fréquente et la plus reconnaissable des infections à parvovirus B19.1 La durée d’incubation est d’une dizaine de jours (5 à 14 jours), en règle générale sans aucun symptôme et correspondant à la première période virémique. Cependant, il peut exister un syndrome grippal inconstant et peu marqué (petite fièvre ou légers maux de tête, rhinite ou nausées) de moins de 3 jours. Cette période pré-éruptive correspond à la contagiosité maximale.2,3
Dans la forme typique classique de l’enfant, la maladie évolue en trois phases selon l’éruption :1,2,3
1 – Apparition d’un exanthème morbilliforme au visage, parfois confluent ou en « aile de papillon », avec des joues rouges et brillantes et un aspect souffleté avec pâleur autour de la bouche (pâleur circum orale), qui s’estompe en 3 à 5 jours.
2 – L’éruption s’étend au tronc et au reste du corps, elle prédomine aux racines des membres et aux fesses, en épargnant les paumes des mains et les plantes des pieds. Elle prend l’aspect d’un érythème annulaire ou géographique, en guirlande ou en dentelle (dépigmentation des plaques par le centre). Cette éruption évolue durant 1 à 3 semaines.
3 – L’érythème devient variable et fluctuant, et peut récidiver sur quelques jours pendant plusieurs mois, selon les émotions, à l’effort physique, lors d’expositions au soleil ou à la chaleur. Il finit par disparaître spontanément sans aucune séquelle.
Cette maladie apparaît en général dans un contexte épidémique. La fièvre est absente ou minime, et l’état général est bien conservé, mais il peut y avoir un prurit (des démangeaisons), des arthralgies (douleurs articulaires) dans 8 % des cas (le plus souvent des genoux et des coudes), un purpura « en gants et chaussettes » qui touche alors la paume des mains et la plante des pieds.1,3
En principe, les patients ne sont plus contagieux à partir du début de l’éruption, mais on considère l’enfant comme potentiellement contagieux jusqu’à 7 jours après.2
La prise en charge se fait en ambulatoire, et le traitement est symptomatique.4
Réflexe : En cas de suspicion de mégalérythème épidémique, le patient doit éviter tout contact avec la femme enceinte (risque d’anasarque fœto-placentaire et avortement précoce +++).
 
Références :
1. Survey JT, Reamy BV, Hodge J. Clinical presentations of parvovirus B19 infection.  Am Fam Physician 2007;75(3):373-6.
2. Germanaud D. Le parvovirus B19 : ou de l’importance du terrain dans l’expression clinique d’une infection fréquente.  Rev Prat 2007;57(10) :1049-55.
3. Broliden K, Tolfvenstam T, Norbeck O. Clinical aspects of parvovirus B19 infection.  J Intern Med 2006;260(4) :285-304.
4. Bahadoran P, Picard A, Mantoux F, et al. Dermatologie vénérologie. Vernazobres Grego éditions, Paris, 8e édition, 2016.
 
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.

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