FVous voyez en consultation aux urgences gynécologiques, à 23 heures, une patiente de 23 ans, G3P0.

Elle présente dans ses antécédents : 3 interruptions volontaires de grossesse dont 2 traitées chirurgicalement.

Elle consulte pour des traces de sang marron inhabituelles et quelques douleurs pelviennes latéralisées à gauche partiellement soulagées par la prise de paracétamol, d’apparition progressive depuis 3 jours.

Cliniquement : TA = 130/70 mmHg, FC = 85 bpm, température = 37,7 °C.

L’abdomen, en plus d’un large tatouage ethnique en regard de l’hypochondre droit, est sensible en fosse iliaque gauche sans défense ni contracture.

On retrouve au spéculum des traces de sang marron d’origine endo-utérine. Le col est d’aspect sain.

La patiente ne se souvient pas de la date de ses dernières règles mais confirme avoir régulièrement des rapports non protégés avec différents partenaires.

En revanche elle connaît son groupe sanguin : A négatif.
Question 1 : Quels est/(sont)  le(s) diagnostic(s) que vous évoquez en priorité ?
On évoque, en priorité les diagnostics d’urgence ( = diagnostics GRAVES ), donc GEU , la salpingite et la torsion d’annexe.
La GEU en priorité
Rappel : TOUTE FEMME EN AGE DE PROCREER PRESENTANT DES METRORRAGIES ET/OU DES DOULEURS PELVIENNES A UNE GEU JUSQU'A PREUVE DU CONTRAIRE
La salpingite est un diagnostic grave et urgent également (risque de sepsis, sepssis sévère…)
Ici le tableau clinique associant douleur pelvienne d’apparition progressive, peu intense, latéralisées à des pertes marrons et une fébricule à 37,7°C est évocateur.
La torsion d’annexe est un diagnostic à évoquer en priorité car c’est une urgence. Mais ici le tableau n’est pas du tout évocateur ce qui rend le diagnostic très peu probable.
Rappel : torsion d’annexe=douleur pelvienne BRUTALE/ INTENSE/ NE CEDANT PAS A LA PRISE D’ANTALGIQUE +vomissements (liés à l’intensité de la douleur), pas de métrorragie.
Vous réalisez l’examen suivant :
Figure 1

 

Question 2 : Quelle(s) est/(sont) la/(les) proposition(s) exacte(s) ?
Savoir reconnaître une image d’échographie (examen de débrouillage en gynécologie) est indispensable.
Réponse 5 est  fausse, car on ne visualise pas les ovaires sur les clichés, on ne peut donc pas conclure.
Voici les autres clichés que vous avez réalisé
Figure 2

 


Figure 3

 

 

Question 3 : Interprétez les clichés (figure 1 à 3). Quelle(s) est/(sont) la/(les) proposition(s) exacte(s) ?
Ce qui anéchogène (noir) est liquidien, on visualise donc bien un épanchement de 2 cm dans l’espace en arrière de l’utérus (en avant du rectum) : le cul de sac de Douglas
La figure 3, mesure une masse arrondie d’environ 2 cm. Même s’il est difficile d’affirmer que l’image échogène à sa gauche correspond à l’utérus, la figure 1 nous affirme la présence d’une vacuité utérine ; cette image ne peut dont être qu’extra-utérine
Question 4 : L’échographie met en évidence une formation latéro-utérine :
L’image latéro-utérine correspond à un sac gestationnel, arrondi, anéchogène avec en son centre un halo hyperéchogène correspondant à la vésicule vitelline
L’échographie-Doppler met en évidence la présence d’une activité cardiaque.
Question 5 : Quel bilan demandez-vous en urgence ?
Le diagnostic de GEU est affirmé à l’échographie : présence d’une masse latéro-utérine avec un sac gestationnel présentant une activité cardiaque.
La présence d’une activité cardiaque contre-indique le traitement médicamenteux : il n’y a donc pas d’indication à un traitement pré-méthotrexate.
hCG toujours indispensable
Bilan préopératoire associé : NFS, plaquettes, bilan d’hémostase.
Aucun intérêt dans le cadre d’une GEU à recherche un syndrome inflammatoire (pas de CRP)
Question 6 : Qu’attendez-vous des résultats des hCG dans ce contexte ?
Le diagnostic est affirmé par l’échographie.
La présence d’une activité cardiaque contre indique un traitement médicamenteux quelque soit la clinique et le taux d’hCG
Le seul intérêt des hCG est donc pour la surveillance de la décroissance qui se fait en cas de traitement conservateur par salpingotomie.
Question 7 : Chez cette patiente, quel type de prise en charge thérapeutique envisagez-vous ?
La présence d’une activité cardiaque contre indique un traitement médicamenteux quelque soit la clinique et le taux d’hCG
Question 8 : Sur quels arguments choisissez-vous cette prise en charge ?
La présence d’une masse latéro-utérine de plus de 4cm peut être un argument pour un traitement chirurgical mais ce n’est pas le cas ici : la masse latéro-utérine mesure 17 à 19 mm (cf figure 3)
Vous décidez finalement de passer au bloc opératoire. Voici les images faites au bloc opératoire
figure 4 

 

 

 


figure 5
Question 9 : Question 9 : Quelle(s) est/(sont) la/(les) proposition(s) exacte(s) ?
Vous réalisez un traitement non conservateur.
Question 10 : Quel(s) est/(sont) le(s) temp(s) opératoire(s) ?
La coelioscopie comprend 3 temps :
1er temps = diagnostic : confirme la GEU / Son côté/ son caractère rompue ou non
2ème temps = pronostic : le pronostic sur la fertilité future de la patiente dépend essentiellement de l’aspect de l’annexe controlatérale. Celui-ci va donc vous aider à décider entre un traitement conservateur versus non conservateur.
3ème temps = thérapeutique :
soit conservateur = salpingotomie
soit non conservateur = salpingectomie
+ TOUJOURS :
- envoi de la pièce en anatomopathologie
- vérification de l’hémostase
- Lavage.
Question 11 : Concernant le dosage des hCG. Quel(s) est/(sont) le(s) traitement(s) associé(s) à votre prise en charge ?
En cas de traitement non conservateur il n’y a pas d’indication à surveiller la décroissance des hCG.
C’est la présence d’une grossesse intra-utérine qui affirme la guérison !!
Question 12 : Quel(s) est/(sont) les traitement(s) associé(s) à votre prise en charge ?
Contre-indication des microprogestatifs dans les GEU. Si contraception nécessaire : oestroprogestatif
Ne pas oublier la prévention de l’allo-immunisation materno-foetale par injection de gamma globuline chez les patientes de rhésus négatif.
La GEU n’est pas une IST, la patiente n’a pas d’autre point d’appel pour une IST associée, le dépistage des IST n’est donc pas obligatoire chez cette patiente.
En revanche, chez cette patiente jeune ayant des rapports sexuels non protégés avec des partenaires multiples, il est judicieux de lui proposer un dépistage des IST.
Question 13 : Quel est le risque de récidive de cette pathologie chez votre patiente ?
Question 14 : Elle souhaite un dépistage des infections sexuellement transmissibles. Que prescrivez-vous ?
La sérologie Chlamydia ne permet pas de dépister une infection à Chlamydia active (aiguë ou chronique ), elle affirme juste la notion de contage, elle n’a donc pas d’intérêt dans le dépistage.
Il faut prescrire une PCR Chlamydia sur 1er jet d’urine dans le cadre du dépistage des IST.
Le frottis n’est pas un examen de dépistage des IST. D’autre part il est un examen de dépistage du cancer du col de l’utérus recommandé à partir de 25 ans.
Les suites opératoires sont simples.
La patiente vous rappelle 8 mois plus tard, elle est enceinte. Elle ne présente ni douleur ni métrorragie.
Dosage des hCG = 5 000 UI/L
Question 15 : Que lui prescrivez-vous au vu de ses résultats ?
Chez toute patiente ayant un antécédent de GEU, il est indispensable de prescrire une échographie pelvienne précoce, car le risque de récidive est de l’ordre de 20%.
Pour rappel à l’iEcn retenez : vacuité utérine + hCG > 15 000 UI/L = GEU
Donc avec un taux de 5 000 UI/L, on prescrit directement une échographie, il n’y a pas d’intérêt à réaliser une cinétique des hCG en 1ère intention.
La grossesse intra utérine est confirmée et datée à environ 8 SA
Question 16 : Quelle(s) sérologie(s) obligatoire(s) lui prescrivez-vous lors de cette première consultation ?
Question 17 : Quel(s) autre(s) examen(s) lui prescrivez-vous ?

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