Vous recevez un patient de 40 ans pour des lésions palmoplantaires.

On note à l’interrogatoire un épisode herpétique récent ; pas de prise médicamenteuse.
Quel diagnostic évoquez-vous en 1er ?
Il s’agit de l’érythème polymorphe. Explications ci-dessous.
L’érythème noueux est la cause la plus classique de panniculite (inflammation de la couche graisseuse sous-cutanée). Il est caractérisé par des nodules sous cutanés érythémateux, chauds, douloureux, atteignant de façon bilatérale les deux MI, en particulier au niveau pré-tibial. Les lésions cutanées évoluent favorablement en une à six semaines, passant du rouge vermillon au jaune.
Dans le syndrome de Stevens-Johnson, les lésions sont des macules purpuriques et non des cocardes, et l’origine médicamenteuse est très majoritaire.
L’érythème pigmenté fixe est une lésion dermatologique ayant l’aspect d’une tache brune ovalaire, bien limitée, unique mais parfois multiple. Cette lésion est une toxidermie pure. C’est la seule dermatose dont l’origine est toujours médicamenteuse : à chaque prise du même médicament, la tache devient érythémateuse, prurigineuse, infiltrée, parfois elle prend l’aspect d’une authentique bulle. À l’arrêt de la prise du médicament, la tache redevient brune et dure plusieurs années.
L’érythème polymorphe (EP) est une maladie cutanéomuqueuse rare, dont la prévalence est < 1 %. Il touche un peu plus les femmes que les hommes, à tout âge mais est plus fréquent entre 20 et 40 ans. La cause la plus fréquente est la récurrence herpétique (qui précède en général l’éruption de 3 à 10 jours), suivie par les infections respiratoires à Mycoplasma pneumoniae. Le diagnostic est clinique : il s’agit de lésions maculo-papuleuses (parfois de vésicules ou de bulles) ayant un aspect typique en cible ou en cocarde (lésion papuleuse annulaire à trois anneaux concentriques). L’éruption touche les extrémités (souvent les paumes et les plantes), de façon symétrique, le visage ou, plus rarement, la muqueuse orale. Un prurit est parfois associé. Le traitement repose sur les dermocorticoïdes (classe III ou IV).
Pour en savoir plus :
Ingen-Housz-Oro S, Welfringer-Morin A. Érythème polymorphe. In : Annales de Dermatologie et de Vénéréologie. Société française de dermatologie 2021;1(8):578-82.
Frances P, Jardot M, Silva C, et al. Érythème polymorphe impétiginisé.Rev Prat Med Gen 2020;34(1042);424.
 
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.

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