Compléments alimentaires et sport : est-ce bien nécessaire ?

La prise de compléments alimentaires est fréquente chez les sportifs de haut niveau, en raison des bénéfices qui leur sont alloués. Mais y a-t-il des preuves scientifiques ?
 
La plupart des effets allégués sur les performances physiques ou mentales restent très discutés et souvent sans aucune validation scientifique. En revanche, les abus de leur consommation amènent à se poser de nombreuses questions sur leurs effets sur la santé.
 
Les compléments alimentaires sont classés comme denrées alimentaires, mais se présentent sous des formes non alimentaires. Leur but est de compléter le régime alimentaire normal (constituant ainsi une source concentrée de nutriments spécifiques) ou d’avoir un effet physiologique. Selon cette définition, les compléments alimentaires peuvent être indiqués soit pour couvrir des besoins nutritionnels non couverts par l’apport alimentaire classique, soit pour améliorer des performances, ce qui correspond à la notion d’« effets physiologiques » de leur définition. On constate cependant que la grande majorité des compléments alimentaires pour sportifs allèguent uniquement des effets favorables sur les performances.
 
Il existe des compléments alimentaires destinés à couvrir des besoins nutritionnels non couverts par l’alimentation (gels concentrés en glucides, protéines riches en acides aminés essentiels, fer, calcium, vitamines antioxydantes, etc.) ; ces compléments ne présentent pas d’effets indésirables majeurs même si leur indication n’est pas toujours justifiée. D’autres types de compléments allèguent une amélioration des performances physiques, sans aucune démonstration scientifique (acides aminés à chaîne ramifiée, carnitine, HMB [bêta-hydroxy-bêta­méthylbutyrate], choline, etc.), mais sans effets indésirables importants : ces compléments sont à éviter. Une troisième catégorie regroupe des compléments alimentaires qui améliorent les performances sportives, mais qui contiennent pour la majorité d’entre eux des substances dopantes (sibutramine, méthylhexanamine, androstènedione, etc.) ; ils sont associés à des effets indésirables sévères. Ces compléments alimentaires qui fleurissent sur des sites internet sont absolument à proscrire chez les sportifs, quel que soit leur niveau de pratique.
 
La consommation de compléments alimentaires pour sportifs devrait reposer sur des attentes scientifiquement établies, ne concerner que des produits disponibles sur le marché officiel (et non sur internet), et fabriqués en accord avec la norme référente française qui guide les industriels pour de bonnes pratiques professionnelles de fabrication des compléments, visant l’absence de substances dopantes (NF V 94-001).
 
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a créé un dispositif dit de « nutrivigilance » qui permet aux professionnels de santé de déclarer des signes cliniques susceptibles d’être imputables à des compléments alimentaires.
 
Bigard X. Nutrition du sportif. Rev Prat 2020;70:561-5.
 
Alexandra Karsenty, La Revue du Praticien

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